Début du contenu principal.
. «Il y a derrière lui tout ce discours qui conduit quelqu'un à passer à l'acte», a déclaré Andrei Passos.
Un juge de la Cour suprême du Brésil estime que l'explosion devant le tribunal de Brasilia mercredi est la conséquence d'attaques fréquentes de l'extrême droite et de discours haineux visant les institutions du pays.
«Ça s'est développé sous le couvert d'une utilisation criminelle de la liberté d'expression. Pour offenser, menacer, contraindre», a déclaré le juge Alexandre de Moraes lors d'un événement au Conseil national du ministère public.
La police fédérale enquête sur les explosions de mercredi, considérées comme du terrorisme et comme une attaque violente contre l'État de droit démocratique, a déclaré son directeur, Andrei Passos, lors d'une conférence de presse plus tard jeudi.
M. Passos a indiqué qu'un homme avait tenté d'entrer dans l'édifice de la Cour suprême et que la police ne considérait pas l'explosion comme l'œuvre d'un loup solitaire. «Il y a derrière lui tout ce discours qui conduit quelqu'un à passer à l'acte», a déclaré M. Passos. «Ces actions ne sont pas des actions isolées.»
Des images de caméra de surveillance à la Cour suprême, obtenues par la chaîne de télévision Globo, montrent le suspect s'approchant d'une statue à l'extérieur de l'édifice. Alors qu'un garde s'approche de lui, l'homme lance un explosif et recule de quelques pas, puis lance un deuxième engin et une explosion s'ensuit. Finalement, le suspect allume un troisième engin près de lui, provoquant sa mort.
M. Passeos a indiqué que l'homme était originaire de l'État de Santa Catarina, dans le sud du Brésil, où il s'était présenté au conseil municipal, et qu'il était à Brasilia depuis plusieurs mois.
Celina Leão, vice-gouverneure du district fédéral de Brasilia, a déclaré mercredi soir que l'homme avait d'abord déclenché des explosifs dans une voiture sur un stationnement du Congrès, ce qui n'avait pas fait de blessés. Il s'est ensuite rendu à la place des Trois-Pouvoirs, où se trouvent la Cour suprême, le Congrès et le palais présidentiel.
Les médias locaux ont identifié l'homme comme étant un membre du Parti libéral brésilien de l'ancien président Jair Bolsonaro, qui a souvent critiqué la Cour suprême dans le passé. M. Bolsonaro avait spécifiquement concentré sa colère sur le juge Alexandre de Moraes.
Les partisans de Bolsonaro considèrent ce juge comme leur principal ennemi. Il a mené une enquête de cinq ans sur les fausses nouvelles et les menaces contre les juges de la Cour suprême, ce qui a conduit à l’interdiction de certains alliés et partisans d’extrême droite sur les réseaux sociaux et même à des emprisonnements. Il a également présidé le plus haut tribunal électoral du pays lorsqu’il a déclaré Jair Bolsonaro inéligible jusqu’en 2030, estimant qu’il avait abusé de son pouvoir et jeté des doutes infondés sur la validité du résultat des élections de 2022.
M. Bolsonaro a condamné l’attaque de mercredi sur les réseaux sociaux. «Il est grand temps que le Brésil cultive à nouveau un environnement propice à la confrontation pacifique d’idées différentes et à ce que la force des arguments vaille plus que l’argument de la force», a-t-il écrit.
Certains accusent le juge de Moraes d’avoir outrepassé ses pouvoirs au nom de la protection de la démocratie brésilienne contre la double menace de la violence politique et de la désinformation. D’autres considèrent que ses tactiques frondeuses sont justifiées par des circonstances exceptionnelles au Brésil.
Des mois après la défaite de M. Bolsonaro aux élections de 2022, ses partisans ont pris d’assaut les principaux bâtiments gouvernementaux de Brasilia, cherchant à évincer du pouvoir son successeur de gauche, Luiz Inácio Lula da Silva. Cette attaque a été largement perçue comme un écho de l’insurrection du Capitole américain deux ans plus tôt à Washington.
La Cour suprême a depuis condamné des centaines de personnes impliquées dans le soulèvement pour des crimes, tels qu’association de malfaiteurs et tentative de coup d’État.
Le juge de Moraes a déclaré jeudi que les explosions devant la Cour suprême semblaient être l’attaque la plus grave contre l’institution depuis lors. «Il n’y a aucune possibilité de pacification avec l’amnistie pour les criminels», a-t-il soutenu.
Plus tôt cette année, le juge a ordonné l’interdiction dans tout le pays du réseau social X, après un long différend avec son propriétaire milliardaire, Elon Musk, au sujet de la liberté d’expression, des comptes d’extrême droite et de la désinformation. Elon Musk avait dénigré le juge de Moraes, le qualifiant d’autoritaire et de censeur, même si ses décisions, notamment la suspension de X, avaient été confirmées à plusieurs reprises par ses pairs. La plateforme a été rétablie en octobre.