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Si aucune donnée n'a encore été publiée pour 2021, Statistique Canada disait constater une croissance des ventes dans les ventes de livre au détail, car la lecture est restée une activité populaire en période de confinement.
Les libraires et les auteurs ont des sentiments ambivalents envers la COVID-19. S'il est vrai que la pandémie a nui aux commerces, elle a aussi contraint les auteurs et les entreprises à faire preuve de créativité pour rejoindre les lecteurs.
L'auteur montréalais Christopher DiRaddo en est un exemple.
Son deuxième livre a été publié l'an dernier au cours de la pandémie. M. DiRaddo a été déçu lorsqu'il a appris qu'il ne pouvait pas procéder à un lancement public festif.
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Faisant mauvaise fortune, bon cœur, l'écrivain a choisi de faire preuve de créativité. Son partenaire et lui ont créé des sacs-cadeaux comprenant un exemplaire du bouquin «The Family Way». Il s'est promené dans toute la région montréalaise pour les livrer en personne à ses lecteurs.
Contrairement aux courtes séances de signature dans une librairie, les visites personnalisées ont donné à l'auteur l'occasion d'établir des liens plus profonds avec ses lecteurs et ses vieux amis. «De façon étrange, c'est presque comme si on avait réinventé ce que doit être un lancement de livre», lance-t-il.
Certains auteurs disent que les leçons de mise en marché apprises pendant la pandémie et un intérêt accru pour la lecture sont des signes encourageants pour l'avenir de la littérature.
Plusieurs écrivains et éditeurs interviewés par La Presse canadienne reconnaissent que la pandémie a grandement nui aux librairies qui ont dû composer avec les fermetures, des capacités limitées et des annulations de séances de signature.
Chris Hall, un libraire de Winnipeg, décrit 2020 comme une année «catastrophique» pour les petits commerces comme le sien, mais il voit déjà les signes d'une bonne relance.
M. Hall, qui est également le président du conseil d'administration de la Canadian Independent Booksellers Association (Association canadienne des libraires indépendants), dit constater un intérêt accru des Canadiens pour les commerces locaux. Il a aussi noté que plusieurs personnes ont retrouvé le goût à la lecture lorsque les autres activités ont été annulées.
«Après quelques mois, il n'y a pas tant de choses à voir sur Netflix», lance-t-il.
Statistique Canada a indiqué en février que la vente de livres avait chuté de 7,7 % de 2018 à 2020 au pays. «Ce recul des ventes peut être attribuable à la fermeture des librairies à l'échelle nationale au cours des premiers mois de la pandémie, aux limites de capacité d'accueil dans les librairies une fois qu'elles ont été autorisées à rouvrir leurs portes ainsi qu'à la réticence des consommateurs à se rendre dans des lieux publics», avait expliqué l'agence.
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Si aucune donnée n'a encore été publiée pour 2021, Statistique Canada disait constater une croissance des ventes dans les ventes de livre au détail, car la lecture est restée une activité populaire en période de confinement.
Toujours confronté à de l'instabilité, le milieu de l'édition «est aux prises avec des défis, car les difficultés liées à la chaîne d'approvisionnement ont une incidence sur les usines de papier, la capacité d'impression, la disponibilité des services d'expédition, les réseaux de transport et les coûts», soulignait Statistique Canada.
L'organisme sans but lucratif BookNet Canada, les ventes au détail ont crû de 1,6% en 2021, par rapport à l'année précédente, mais elles sont encore inférieures à celles d'avant 2019. Il estime que la croissance atteindra 3 % cette année.
Signe d'une possible relance: le retour des festivals littéraires en personne. Exemple: le Festival Metropolis bleu dont la programmation en salle se termine dimanche à Montréal. On retrouve à l'horaire des lancements, des entretiens et des activités numériques.
Sruti Islam, une libraire et créatrice du site internet de littérature Weird Era en collaboration avec la Librairie Saint-Henri, a participé vendredi à une discussion animée par M. DiRaddo sur l'évolution de la promotion du livre.
Selon elle, la pandémie a nui à la chaîne d'approvisionnement. En conséquence, des commandes de livres ont été livrées avec un certain retard. Toutefois, la pandémie lui a permis d'animer des événements en ligne bien suivis par des internautes. Elle a aussi lancé un balado sur la littéraire qui en est à sa deuxième saison.
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Mme Islam dit avoir observé un intérêt accru pour les sujets politiques et sociaux. Cela a entraîné «une plus grande interaction avec notre clientèle de quartier voulant lire des textes politiques et souhaitant plus que jamais appuyer le commerce local».
M. Hall croit que les librairies ont finalement bénéficié de la pandémie en améliorant leurs ventes par internet et en étant plus présentes sur les réseaux sociaux.
La population gardera-t-elle un intérêt accru pour la lecture maintenant que les mesures de confinement sont une chose du passé?
M. Hall dit qu'il ne peut que l'espérer. Il demeure optimiste de voir les gens retourner dans leurs habitudes de lecture, de retrouver leur îlot de tranquillité devant un rythme de vie plus effréné. Le libraire espère aussi que les commerces indépendants pourront combiner leur habileté numérique à l'attrait d'un espace physique pour les lecteurs.
«Amazon n'a pas de place pour se rencontrer», souligne-t-il.