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«Les aînés sont désabusés, sont mécontents».
Les aînés devraient recevoir le chèque de 250 $ que le gouvernement libéral de Justin Trudeau compte envoyer ce printemps, insistent le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois.
«C'est une vraie gifle! Pourquoi les libéraux excluent-ils les gens les plus vulnérables?» a lancé, lundi, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, lors de la période des questions à la Chambre des communes.
En point de presse, M. Singh a expliqué que son parti avait annoncé être favorable à cette mesure et au congé de TPS du 14 décembre au 15 février sur la foi d'informations inexactes des libéraux. «On nous a dit que quiconque qui gagne moins de 150 000 $ le recevrait (le chèque). Nous présumions que ça inclurait les aînés, les personnes handicapées et les étudiants», a-t-il dit.
M. Singh propose désormais que le Parlement vote séparément sur les deux mesures. Le congé de TPS pourrait être adopté «immédiatement cette semaine», et les chèques lorsque la situation sera «réglée». Il n'est pas clair que les libéraux acceptent cette proposition.
Appelé à clarifier si le NPD, qui détient la balance du pouvoir, fera de l'inclusion des aînés une condition sine qua non de son appui, le chef adjoint Alexandre Boulerice a simplement répondu que le parti «va pousser» puisque «la mesure actuelle ne fait aucun sens».
Au Bloc, le chef Yves-François Blanchet a prévenu que pour espérer obtenir son appui, le gouvernement devra nécessairement s'assurer que «les gens qui ont travaillé toute leur vie» ne soient pas exclus. Son entourage a précisé qu'avec un tel changement, la formation politique serait «a priori» favorable.
En Chambre, il s'est lui aussi indigné que le gouvernement «abandonne ceux qui ont vraiment besoin d'aide», sans compter que même les «millionnaires» profiteront du congé de TPS.
À cela, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a répondu que le gouvernement partage ces préoccupations et qu'il a «appuyé plus les aînés partout au Canada qu’aucun autre gouvernement fédéral».
«Cette année, les aînés canadiens recevront 48 milliards $ d'appui du côté du fédéral. Et c'est juste. Parce qu’ils le méritent», a-t-elle poursuivi, notant au passage que les aînés qui ont gagné des revenus de travail de moins de 150 000 $ en 2023 seront admissibles, comme leurs concitoyens.
M. Blanchet a proposé que le gouvernement joue sur le seuil de ceux qui ont accès au chèque pour en donner à «ceux qui en ont vraiment besoin», dont les retraités, au même coût global.
Le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Jean-Yves Duclos, a envoyé qu'«aucun» gouvernement fédéral n'en a fait autant pour les aînés que le sien.
«C’est une des raisons pour lesquelles le taux de pauvreté des aînés a chuté de 20% depuis 2015, a-t-il dit. Si nous avions écouté les conservateurs, malheureusement souvent appuyés par les bloquistes, nous n’aurions pas ramené l’âge d’admissibilité aux pensions de vieillesse à 65 ans, ce qui veut dire qu’en ce moment il y aurait (...) en fait 100 000 aînés (...) qui ne vivraient pas dans la pauvreté, mais dans la misère.»
Le chef conservateur Pierre Poilievre – que les libéraux ont traité de «grincheux» puisqu'il laisse entendre qu'il ne veut rien savoir du rabais de TPS et du chèque de 250 $ – a dénoncé «un tour de passe-passe» où les citoyens économiseront avec le rabais de taxe «10 sous sur un sac de chips».
Il a reproché au Bloc de n'avoir «rien» obtenu pour les aînés et a qualifié M. Blanchet de «grand parleur, petit faiseur».
La ministre Freeland ne s'est pas fait prier pour lui rendre la monnaie de sa pièce. «Aujourd'hui, on pose vraiment la question: qui est le grand parleur et qui est le grand faiseur?» a-t-elle envoyé.
Les aînés québécois, eux, ont «l'impression que le gouvernement fédéral les a laissés tomber (...) encore une fois», a affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne la présidente du réseau FADOQ, Gisèle Tassé-Goodman.
«Les aînés sont désabusés, sont mécontents», a-t-elle insisté, notant qu'ils «ont payé leurs taxes (et) leurs impôts toute leur vie, ils continuent à contribuer à la société de plusieurs façons (...) en tant que bénévole, en tant que proche aidant ou encore comme grand-parent»
Elle a prévenu que ses «près de 600 000 membres» pourraient «absolument» transformer cette frustration en vote le temps venu.
- Avec des informations d'Émilie Bergeron