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Maintenant, le premier ministre veut ajuster le programme de compensation financière pour les sinistrés.
François Legault a lancé le processus pour ajuster le programme de compensation financière pour les victimes d’inondations, jeudi lors de sa visite à Louiseville, soit près d’une semaine après le passage des pluies diluviennes de la tempête Debby.
«Quand on a un sinistre à la suite d’une inondation, ça peut être compensé», a expliqué le premier ministre en Mauricie, accompagné notamment du maire de Louiseville, Yvon Deshaires, et du député caquiste de la circonscription, Simon Allaire. «Si c’est un refoulement d’égouts, comme c’est assurable, ce n’est pas compensé.»
Mais pour M. Legault, dans «une situation exceptionnelle, on réagit de façon exceptionnelle». Il a demandé à son ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, de revisiter le programme de compensation financière en cas de sinistre. «Pourquoi il y a eu un refoulement d’égout? C’est parce qu’il y a eu une inondation», a-t-il justifié.
C’était là le message principal que voulait passer M. Legault jeudi, mais le premier ministre a été pressé de questions sur le fait qu’il lui a fallu près d’une semaine avant de se rendre sur le terrain. Il s’est défendu en disant qu’il avait une masse de problèmes prioritaires à régler dans plusieurs régions de la province.
«Quand il y a des centaines d’endroits en situation d’urgence, est-ce que je vais dans Lanaudière? Est-ce que je viens en Mauricie? Est-ce que je vais à Québec? Est-ce que je vais en Montérégie?» a-t-il demandé. Il dit qu'avec le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, il a «suivi ça d’heure en heure». «Entre guillemets, ça pétait de partout.»
Le premier ministre a présenté les choses ainsi: «La priorité, c’était de rendre tout le monde en sécurité physiquement, donc qu’il y ait de l’électricité et plus de maisons isolées», a-t-il souligné en rappelant qu’au plus fort de la tempête, 550 000 foyers ont manqué de courant.
L’électricité est «rétablie dans la grande majorité des cas», la plupart «des routes sont réparées». Maintenant, la priorité de M. Legault, «c’est l’argent», a-t-il répété en relatant qu’environ 1500 sinistres ont été enregistrés. Pour le premier ministre, ce n’est pas assez pour demander l’aide de l’armée canadienne, à laquelle le Québec a droit. Il a ainsi refusé la demande du maire Deshaies à Louiseville, municipalité qu’il a prise en exemple pour expliquer sa position.
«Des municipalités plus petites comme Louiseville ont effectivement besoin d’aide», a convenu le premier ministre. «Ils ont peut-être besoin d’une dizaine, d’une douzaine de personnes. On est capable, avec la Sécurité publique et l’aide d’autres municipalités, d’aller trouver ces personnes.»
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Environ 250 résidants de Louiseville ont été touchés par les inondations, a indiqué le porte-parole de la municipalité, Guillaume St-Pierre, dans une entrevue mercredi avec La Presse Canadienne.
Les rivières environnantes ont débordé dans les champs qui n'ont pu absorber toute l'eau, a-t-il expliqué.
Résultat: l'eau s'est engouffrée dans les sous-sols des résidences. Même l'aréna municipal a été inondé, tandis que la conduite d'eau potable a été rompue en raison d'un éboulis. Elle a été réparée depuis et l'alimentation en eau est revenue à la normale.
Des équipes d'employés municipaux de la Ville de Trois-Rivières sont venues prêter main-forte à Louiseville pour le ramassage des débris empilés dans les rues par les résidants.
Mardi, le gouvernement avait indiqué que 14 municipalités étaient toujours en état d’urgence
Les précipitations causées par la tempête tropicale Debby ont atteint 200 mm en 24 heures par endroits. Les régions de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie ont été touchées, bref une grande partie du sud du Québec.
Selon le ministre Bonnardel, le week-end dernier, 86 municipalités ont été touchées au total par les intempéries, mais mercredi, il en restait encore 34.
Il restait également 38 résidences inondées sur les 2300 qui ont été frappées. Il y a eu 464 personnes évacuées. En outre, près de 170 routes ont été endommagées. L'autoroute 13 à Montréal devrait être rouverte jeudi matin.
Une mise en garde a été diffusée concernant d'éventuels glissements de terrain qui pourraient survenir plus souvent dans des sols argileux.
Une fissure, un renflement dans une pente, un éboulement et un écoulement inhabituel d’eau dans un talus sont des anomalies qui peuvent précéder un glissement de terrain.
L'Union des municipalités du Québec (UMQ) a réclamé davantage de soutien financier pour les municipalités pour mettre en oeuvre des mesures d'adaptation climatique
Il faudrait 2 milliards $ supplémentaires par année pour l’ensemble des municipalités, a soutenu la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Seulement pour Montréal, la mairesse réclame la moitié de cette somme. Elle a par ailleurs présenté des excuses pour son absence durant la tempête Debby.
Le gouvernement a déjà réservé plus de 5,6 milliards $ pour que les municipalités améliorent leurs infrastructures et combattent l'érosion des berges.
Pourtant, selon Québec solidare (QS), tout est à refaire en la matière. «Je comprends les gens qui se sont demandé où était le premier ministre dans les derniers jours et pourquoi le Québec n'est pas prêt à faire face aux conséquences des changements climatiques», a commenté Alejandra Zaga Mendez, responsable solidaire en matière d'Environnement.
«Beaucoup de familles ont été prises au dépourvu la fin de semaine dernière et ont de nombreuses questions sans réponse parce nous ne sommes pas prêts à faire face à des événements comme Debby», a écrit Mme Mendez dans un communiqué. «Il est grand temps de mettre suffisamment d’argent en adaptation aux changements climatiques. Nous devons revoir tous nos programmes dans la lunette des changements climatiques, car ce n’est pas la dernière fois qu’on se fera prendre par surprise!»