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Le premier ministre Justin Trudeau doit lancer «un message clair» aux chefs d'entreprises à charte fédérale installées au Québec: la langue de travail de leur personnel doit être le français, particulièrement à Montréal
Le premier ministre Justin Trudeau doit lancer «un message clair» aux chefs d'entreprises à charte fédérale installées au Québec: la langue de travail de leur personnel doit être le français, particulièrement à Montréal.
La commande passée au premier ministre canadien mercredi émane du premier ministre du Québec, François Legault, et survient deux jours avant la rencontre prévue entre les deux hommes à Montréal, vendredi matin.
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Avec en fond de scène le déclin du français à Montréal, le sujet de la langue de travail sera à l'ordre du jour de la rencontre, tout comme la gestion des demandeurs d'asile du chemin Roxham et l'éternelle pomme de discorde entre Ottawa et les provinces sur la contribution du gouvernement fédéral dans le calcul des transferts en santé, notamment.
En point de presse, en marge de la dernière séance du conseil des ministres de l'année 2022, M. Legault s'est livré à une attaque contre le projet de loi C-13, présentement à l'étude à la Chambre des communes, et qui vise à moderniser la loi fédérale sur les langues officielles. M. Legault craint l'impact de cette loi sur la langue de travail au Québec.
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Sur le plan des pratiques linguistiques, la loi C-13 permettrait aux entreprises à charte fédérale présentes au Québec, notamment les banques et les entreprises de transport comme Air Canada, de choisir d'appliquer soit la loi canadienne sur les langues officielles, soit la Charte québécoise de la langue française ou loi 101 récemment revue et bonifiée par la loi 96. Ce sera laissé au choix de chacune, ce qui déplaît au premier ministre Legault, soucieux de contrer le déclin du français au Québec, particulièrement à Montréal.
À ce jour, 28 de ces entreprises, sur un total d'environ 400, n'ont pas encore choisi leur camp. Elles disent attendre que C-13 soit adopté.
M. Legault a calculé que quelque 370 entreprises de charte fédérale ont choisi de s'inscrire à l'Office de la langue française (OQLF) pour entreprendre une démarche de francisation, conformément à la loi 101. Il a salué leur initiative, mais veut que M. Trudeau fasse pression sur les autres, pour leur «envoyer un message clair» en faveur du respect de la loi 101 et de son esprit.
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Le Québec fait du français sa seule langue de travail. L'esprit de la loi 96, adoptée en mai, consiste à affirmer que le français doit devenir la langue «normale et habituelle» du travail au Québec, tout en protégeant le droit de quiconque d'y travailler en français.
Le grand patron d'Air Canada, Michael Rousseau, un unilingue anglophone, a déjà déclaré qu'il préférait C-13 à la loi 101, ce que n'a pas manqué de rappeler M. Legault, offusqué.
«Je ne vois pas pourquoi une compagnie comme Air Canada n'aurait pas les mêmes exigences qu'une compagnie comme Bombardier», soit de fonctionner en français à Montréal, a-t-il dit.
Un autre sujet de discussion entre MM. Trudeau et Legault vendredi sera le sort réservé aux demandeurs d'asile qui tentent d'entrer illégalement au Canada en passant par le chemin Roxham au Québec.
Il s'agit là d'un problème «vraiment urgent», a dit M. Legault, rappelant que quelque 36 000 personnes avaient emprunté cette route depuis le début de l'année.
Ottawa et les autres provinces devraient aussi faire leur part et assumer leurs responsabilités dans ce dossier, pas seulement le Québec, forcé de prodiguer des services à ces personnes tant que leur statut n'est pas défini par Ottawa, a commenté M. Legault, contrarié de constater que l'analyse des dossiers des demandeurs s'étirait dans le temps de façon indue.