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Le premier ministre du Québec, François Legault, a dit «qu'on se sent un peu coupables, (lui) le premier» pour la tragédie qui a fait deux morts et neuf blessés à Amqui plus tôt cette semaine.
«On se sent un peu coupables, moi le premier», a dit le premier ministre du Québec, François Legault, concernant la tragédie qui a fait deux morts et neuf blessés à Amqui plus tôt cette semaine.
Il s'est rendu sur les lieux du drame, boulevard Saint-Benoit, jeudi midi, en compagnie des chefs des partis d'opposition et une large foule est venue à leur rencontre.
La petite communauté de 6200 habitants vit un deuil douloureux: tout le monde ici connaît quelqu'un qui est touché de près ou de loin.
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M. Legault a marché le long du boulevard et s'est arrêté pour parler aux citoyens présents. Plusieurs personnes étaient émues aux larmes. Des citoyens ont enlacé leur député local, le péquiste Pascal Bérubé, très connu dans la région.
Tous les élus ont déposé une gerbe de fleurs blanches devant un banc public sur lequel plusieurs peluches et bouquets avaient été placés.
«Qu'est-ce qu'on peut faire de plus? On doit en faire plus pour la santé mentale», a déclaré M. Legault en mêlée de presse, jeudi matin.
Steeve Gagnon a foncé avec sa camionnette sur 11 piétons, dont deux bambins en bas âge, qui sont aujourd'hui hors de danger. La police soutient que c'est un geste délibéré. Il a été inculpé mardi de deux chefs d'accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort de deux piétons, mais aucune évaluation psychiatrique n'a été demandée jusqu'à maintenant par la défense.
Gérald Charest, âgé de 65 ans, et Jean Lafrenière, âgé de 73 ans, ont perdu la vie après avoir été heurtés par la camionnette.
M. Legault a discuté avec le frère de Gérald Charest, Sylvain. L'homme était à court de mots pour décrire sa peine, mais convenait qu'il fallait intervenir en santé mentale.
«Si on peut en sauver ainsi... Ça n'a pas de bon sens», a-t-il dit au chef du gouvernement.
«Ça fait du bien de voir du monde de même. Tu te dis au moins, il n’est pas tout seul», a exprimé le beau-frère d’une victime, Julien Gagnon.
Pour plusieurs, c'était important de rencontrer les élus.
«Je ne pouvais pas m’empêcher de venir ici, ce matin. Ça fait du bien de rencontrer les députés et de leur en avoir parlé», a soutenu Rodrigue Michaud, un proche des victimes qui a fait la route de Saint-Félicien pour être présent au rassemblement.
Voyez le reportage de Laurence Royer sur ce sujet dans la vidéo:
Cependant, au cours de leur bain de foule, le libéral Marc Tanguay, le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois et le péquiste Paul St-Pierre-Plamondon ont entendu des citoyens qui exprimaient leur désarroi et se questionnaient sur la détresse et les problèmes de santé mentale.
«Il n'y a pas de ressources (en santé mentale)», a lancé une des citoyennes présentes à M. St-Pierre Plamondon.
«On me dit que l'anxiété est au maximum chez les jeunes de l'école secondaire», a affirmé la préfète de la MRC La Matapédia, Chantale Lavoie.
M. Legault a promis que de l'aide serait déployée dans la ville et non seulement à Rimouski, qui se situe à plus d'une heure de route.
«Actuellement, il y a des professionnels qui sont disponibles ici. Puis on va s'assurer que dans les prochaines semaines, ces services de proximité continuent d'être offerts - la mairesse m'a fait bien promettre.»
Concernant la couverture de soins hospitaliers qui est limitée dans cette région relativement isolée et loin même d'un aéroport, M. Legault s'est limité à dire qu'il fallait aller vers plus de «décentralisation des services de proximité».
Il a invité les citoyens à faire leur deuil, mais à également tenter de retrouver une vie normale.
«Il ne faut pas que la folie triomphe sur l'espoir, il faut être capable de retrouver la joie de vivre», a-t-il affirmé.
«Notre job, les élus, c'est de s'assurer que les citoyens n'aient plus peur de venir marcher dans la rue», a affirmé la préfète de la MRC de La Matapédia, Chantale Lavoie.
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La mairesse d'Amqui, Sylvie Blanchette, a elle-même voulu donner l'exemple à ses concitoyens en allant prendre une marche seule mardi soir, à peine 24 heures après la tragédie.
Des employées d'une clinique optométrique devant laquelle s'est déroulée la tragédie sont sorties pour discuter avec le premier ministre. Elles lui ont confié qu'elles s'enlaçaient souvent pour se réconforter.
«Collez-vous, c'est ce qu'il y a de mieux à faire», a-t-il lancé.
Jeudi, le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHU), où six blessés graves avaient été transférés, a fait savoir que deux patients étaient toujours dans un état critique, deux patients dans un état stable, tandis que les deux autres avaient obtenu leur congé de l'hôpital mardi.
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Enfin, il y a eu trois blessés mineurs, dont des gens qui ont eu un choc nerveux.
Une veillée aux chandelles était prévue devant l'église Saint-Benoit-Joseph-Labre d’Amqui jeudi, à 19h00.
Vendredi soir, Kindé Cosme Arouko, le curé responsable des 22 paroisses de la vallée de la Matapédia, célébrera une messe avec l'archevêque de Rimouski, Denis Grondin, pour honorer les victimes du carnage d’Amqui.
Le père Arouko a dit avoir choisi les textes et les prières de la messe de vendredi, afin de tenter de donner un sens à ce qui est considéré insensé et pour réconforter.
Rappelons que Gagnon a comparu mardi dernier pour être accusé de deux chefs d'accusation de conduite dangereuse causant la mort. Le procureur au dossier avait fait savoir que d'autres chefs d’accusation devraient être portés au terme de l'enquête.
Pas moins d'une centaine de policiers et d'enquêteurs ont été déployés pour faire avancer l'enquête.
Gagnon est gardé en détention et doit revenir en cour le 5 avril.