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«Le moins que l’on puisse inférer, c’est que la description des actes allégués porte à équivoque.»
Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, qui était visé par des allégations de gestes à caractère sexuel, a été blanchi par le Vatican ce mardi.
Dans un court communiqué, on indique que l’enquête à l’endroit que l’archevêque de Québec n’a pas permis «d’identifier des gestes qui relèvent de l’inconduite ou de l’abus de la part du cardinal Gérald C. Lacroix.» On ne recommande donc aucune sanction.
Voyez le compte-rendu de Mathieu Boivin dans la vidéo liée à l'article.
C’est André Denis, un juge retraité de la Cour supérieure du Québec, qui avait été mandaté par le pape pour faire la lumière sur une accusation portée dans le cadre d’un recours collectif contre l’archidiocèse de Québec.
Le ex-juge Denis a déclaré mardi en conférence de presse à Québec qu’au terme d’une étude approfondie, il ne peut «relier Mgr Lacroix à la dénonciation de la demanderesse», une femme qui était âgée de 17 ans au moment des faits allégués, des attouchements qui se seraient produits en 1987 et 1988.
«Les éléments recueillis rendent peu plausibles la dénonciation», dit l’ex-juge Denis, qui retient pas d’éléments pour tenir procès canonique, ce qu’il a relaté au pape François. M. Denis dit par contre qu’il n’a jamais pu rencontrer la victime alléguée, malgré plusieurs demandes. «Ce n’est pas faute d’avoir essayé», note-t-il.
«Ma seule réserve et que je n’ai pas pu rencontrer la demanderesse», ajoute-t-il. «Je suis privé d’un élément de preuve important.»
L’ex-juge Denis affirme que les lieux que Mgr Lacroix a fréquentés en tant que stagiaire en 1987 et 1988 ne le mettent pas en lien avec cette jeune femme de 17 ans à l’époque. Il affirme aussi avoir eu la complète collaboration de l’archidiocèse et de l’Institut séculier Pie-X, dont faisait partie Mgr Lacroix à l’époque, et n’a rien trouvé dans les archives, ni en 1987-1988, ni depuis et jusqu’à ce jour.
Mgr Lacroix a toujours nié les allégations qui pesaient contre lui. En janvier dernier, il s'était défendu dans une vidéo. «Jamais, à ma connaissance, je n’ai posé de gestes inappropriés envers qui que ce soit, qu’il s’agisse de personnes mineures ou adultes», avait-il avancé.
«Jamais je n’aurais pu vivre avec un tel secret ni occuper les fonctions que j’occupe avec un tel poids sur la conscience, jamais je n’aurais pu faire cela à l’Église, qui est toute ma vie», aurait Mgr Lacroix à M. Denis dans le cadre d’une rencontre liée à son enquête.
De son côté, le cardinal Lacroix prévoit réagir «prochainement», selon le diocèse de Québec.
Ce rapport du juge Denis n'est pas «valide» et «ne veut rien dire», a réagi en entrevue téléphonique Me Alain Arsenault, l'avocat de la plaignante responsable de l'action collective.
«Notre cliente ne voulait pas participer au système privé de justice du Vatican. Elle veut le système de justice public, crédible de la Cour supérieure», a-t-il expliqué.
Me Arsenault souligne également que le rapport du juge Denis ne «change absolument rien» à l'action collective qui est en cours actuellement. «Ça n'a aucune incidence.»
Le nom de Mgr Lacroix s'était retrouvé dans des documents judiciaires déposés le 26 janvier dans le cadre d'une action collective intentée contre l'archidiocèse de Québec par de présumées victimes d'agressions sexuelles.
Mgr Lacroix est l'une des personnalités catholiques les plus influentes du Canada. Lorsqu'il a été nommé archevêque de Québec en 2011, il devenait d'office «primat de l'Église catholique du Canada». Le pape François l'a désigné cardinal en janvier 2014.
Avec des informations de Mathieu Paquette et de Caroline Plante pour La Presse canadienne