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Justice

Le tueur d'une Montréalaise «la traquait» malgré une ordonnance, selon un témoin

Les policiers ont déclaré que Dahia Khellaf avait signalé des traces de la présence de son mari : son véhicule était déneigé tous les matins, elle le voyait dans les ruelles près de chez elle et il passait devant son travail.

La police enquête sur les lieux où une femme et deux enfants ont été retrouvés morts dans une résidence, le mercredi 11 décembre 2019 à Montréal.
La police enquête sur les lieux où une femme et deux enfants ont été retrouvés morts dans une résidence, le mercredi 11 décembre 2019 à Montréal.
Sidhartha Banerjee
Sidhartha Banerjee / La Presse canadienne

Une ancienne collègue de travail d'une Montréalaise, tuée avec ses enfants par son ex-conjoint en décembre 2019, a déclaré mercredi que celui-ci la suivait malgré une ordonnance du tribunal interdisant tout contact. 

«Il la traquait», a témoigné Najla Ben Ammar dans le cadre de l'enquête de la coroner Andrée Kronström portant sur les meurtres en décembre 2019 de Dahia Khellaf, 42 ans, et de ses fils, Adam, 4 ans, et Aksil, 2 ans.

La police affirme que les trois victimes ont été étranglées par Nabil Yssaad, 46 ans, qui s'est ensuite suicidé en sautant d'une fenêtre d'hôpital un jour avant que les corps ne soient retrouvés dans la maison de l'ancien couple dans l'est de Montréal.

Les policiers ont déclaré que Mme Khellaf avait signalé des traces de la présence de M. Yssaad: son véhicule était déneigé tous les matins, elle le voyait dans les ruelles près de chez elle et il passait devant l'agence bancaire vitrée où elle travaillait pour voir si elle était présente.

Mme Ben Ammar a déclaré que le couple s'était séparé dans les mois précédant les meurtres et que la garde des enfants était un enjeu entre les ex-conjoints. Mme Khellaf voulait la garde complète des garçons tandis que M. Yssaad voulait la garde conjointe. La témoin a rapporté que M. Yssaad était convaincu que Mme Khellaf voyait quelqu'un d'autre.

Mme Ben Ammar a déclaré que le dernier jour où Mme Khellaf a été vue vivante, elle lui avait confié que «la guerre avait commencé» entre elle et son mari au sujet de leurs enfants, qu'il craignait de ne jamais revoir alors que le divorce se profilait.

«Elle était toujours inquiète parce que c'était quelqu'un qui n'était pas stable», a déclaré Mme Ben Ammar, ajoutant que Mme Khellaf était nerveuse le dernier jour où elle a été vue vivante. 

Ce jour-là, Mme Khellaf est passée devant son bureau et a fait un mouvement d'étranglement, mettant sa main sur sa gorge. Mme Ben Ammar lui avait promis qu'elle lui parlerait ce soir-là par téléphone.

L'appel n'a jamais eu lieu et Mme Khellaf ne s'est pas présentée au travail le lendemain. Mme Ben Ammar l'a appelée à plusieurs reprises et a ensuite appris les décès dans les médias.

Demande d'aide

L'enquête a appris mercredi que Mme Khellaf avait demandé de l'aide pour ses problèmes conjugaux via le programme d'aide de son employeur, mais avait refusé de répondre aux questions d'un travailleur social et souhaitait parler avec un psychologue.

En août 2018, Mme Khellaf avait déposé une plainte à la police contre M. Yssaad après deux incidents présumés de violence domestique ce mois-là, ce qui avait conduit à des accusations contre lui d'agression et d'agression armée.

Deux assistantes sociales du tribunal qui avaient rencontré la victime ont indiqué qu'elle souhaitait que son mari soit évalué et traité pour ses problèmes de santé mentale et qu'elle ne voulait pas témoigner lors d'un éventuel procès.

Un procureur a déclaré mardi, lors de l'enquête du coroner, que parce que Mme Khellaf ne voulait pas témoigner, la seule option de la Couronne était d'obtenir un engagement de ne pas troubler l'ordre public exigeant que M. Yssaad reste loin de sa femme.

Cinq jours après la signature de ce document et l'abandon des accusations, la police a déclaré que Mme Khellaf et ses fils avaient été étranglés à mort au domicile familial.

Le lendemain, le 10 décembre, M. Yssaad a volé le véhicule de sa femme et s'est rendu à Joliette, au Québec, où il s'est suicidé.

La police s'est rendue au domicile familial plus tard dans la journée pour tenter de confirmer l'identité de M. Yssaad, mais elle n'a reçu aucune réponse. Les policiers n'ont retrouvé les corps des trois victimes que le lendemain matin.

Sidhartha Banerjee
Sidhartha Banerjee / La Presse canadienne