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Les demandes en services d'interprétation pour les sourds ont ainsi augmenté chez les entreprises privées et publiques de l'Estrie au sein desquelles travaillent des personnes malentendantes.
Les interprètes en langue de signes ont suscité beaucoup d'intérêt chez les Québécois avec leur présence au sein des points de presse du gouvernement depuis les deux dernières années.
Les demandes en services d'interprétation pour les sourds ont ainsi augmenté chez les entreprises privées et publiques de l'Estrie au sein desquelles travaillent des personnes malentendantes.
Le Service d'interprétation pour Personnes sourdes de l'Estrie (SIPSE) est un organisme à but non lucratif offrant des services d’interprétation, tant auprès de la population vivant avec une surdité qu'auprès de la population entendante, et ce, afin de permettre une meilleure communication. Pour ce faire, l'organisme dispose d’une banque d’interprètes qui permet l’accès aux services des organismes privés, publics, parapublics ainsi que communautaires.
«Comme tout le monde, il a fallu se réinventer un peu. On a donc développé notre expertise pour Zoom ou Teams par exemple pour permettre à des personnes sourdes d'avoir accès à un interprète, même si elle n'est pas sur place. Il est donc possible pour celle-ci d'avoir, sur son téléphone ou son ordinateur, un interprète qui va être présent, de façon virtuelle», assure Catherine Chayer, directrice générale du SIPSE.
Les interprètes peuvent donc intégrer des rencontres d'équipes virtuelles d'entreprises et ainsi traduire en langue de signes les échanges entre employés pour la personne sourde.
Leurs services peuvent être ponctuels, à court ou à long terme. «Par exemple, si un patron veut rencontrer son employé pour une évaluation, ça sera plus ponctuel. Par contre, il va arriver plus souvent qu'on va avoir des demandes de formations pour des entreprises, où l'employeur souhaite donner une formation une fois par semaine à ses employés. Dans ce temps-là, on va avoir un même interprète qui sera assigné à toutes les semaines pour cette entreprise-là», explique Mme Chayer.
Le port du masque représente sans doute un enjeu pour la communauté sourde. En effet, les personnes malentendantes se fient principalement aux mouvements des lèvres lorsqu'ils discutent avec quelqu'un. Il existe cependant des masques « à fenêtre » pour permettre de voir le mouvement des lèvres, mais leur popularité n'a pas pris une si grande ampleur.
Ce ne sont pas toutes les personnes sourdes qui ont le même niveau de langue des signes. Or, dans la majorité des cas, peu importe le niveau de complexité, les signeurs finissent par se comprendre.
«Deux personnes qui signent, même si elles n'ont pas le même niveau, vont toujours finir par mieux se comprendre qu'un francophone avec un Italien, par exemple, grâce aux signes et à l'épellation.»
Les personnes sourdes ont pour la plupart appris la langue des signes avant la langue française à l'écrit. Comme l'apprentissage de la lecture vient généralement après celui de l'écriture, il devient difficile pour les sourds de transcrire une syntaxe par écrit comme celle en français. Quelqu'un qui entend dira: «Je regarde la télé», alors qu'une personne sourde, en communiquant, dira plutôt: «La télé je regarde» ou «Télé regarde je».
Les communications par courriel ou par texto avec une personne sourde vont donc se résumer à des verbes à l'infinitif, et surtout, ne passeront pas par quatre chemins. «Les sourds ont une réputation chez les entendants d'être trop directs, et ce, autant dans le langage que dans la verbalisation des émotions. Ce n'est jamais malintentionné. C'est certain qu'au début ça surprend, mais c'est vraiment leur façon de communiquer», indique Mme Chayer.
Les entreprises qui embauchent des personnes sourdes sont souvent très satisfaites du travail de celles-ci. «Il semblerait qu'elles font un meilleur travail et qu'il y a moins de pertes de temps», mentionne la directrice générale.
Au moment de sa fondation en 1987, le SIPSE était le premier service d'interprétation de ce type au Québec. Depuis, il a établi plusieurs partenariats avec des organisations publiques, telles que la Société d'assurance automobile du Québec, le Palais de justice de Sherbrooke et le CIUSSS.