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La coopération du gouvernement indien avec le processus juridique canadien «est la bonne prochaine étape», dit-on.
Le gouvernement britannique affirme que l'Inde devrait coopérer à l'enquête du Canada, qui accuse le gouvernement indien d'avoir été impliqué dans un nombre croissant de crimes violents au pays. Mais un analyste prévient que les intérêts stratégiques des alliés du Canada pourraient limiter la manière dont ils réagiront à ces allégations explosives.
Parallèlement, les députés à Ottawa vont probablement examiner la meilleure façon pour le Canada de répondre à ces allégations explosives, puisque les quatre principaux partis politiques aux Communes ont demandé une enquête d'urgence.
Ottawa a expulsé lundi six diplomates indiens après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a annoncé détenir des preuves crédibles que des «agents du gouvernement indien» avaient joué un rôle dans l'extorsion, la coercition et le meurtre de citoyens canadiens en sol canadien.
L'Inde a refusé de suspendre l'immunité diplomatique de ses six diplomates le temps qu'ils répondent aux questions de la GRC liées à l'enquête.
Les autorités canadiennes affirment que des «agents du gouvernement indien» ont recueilli des informations qui auraient permis ensuite à des organisations criminelles de cibler des séparatistes sikhs, qui prônent la création d'un État indépendant de l'Inde, le Khalistan.
Sushant Singh, professeur à l'université Yale spécialisé dans la politique étrangère de l'Inde, affirme que la question du Khalistan est particulièrement sensible pour l'actuel premier ministre indien, Narendra Modi, bien que ce mouvement indépendantiste ait largement atteint son apogée dans les années 1980.
Et ce, malgré la fureur de M. Modi face à l'organisation de référendums en faveur de la séparation par des groupes au Canada, et malgré les inquiétudes du premier ministre Justin Trudeau concernant des manifestations en Inde d'agriculteurs, dont de nombreux sikhs, en 2020.
«Il n'y a vraiment aucune menace», estime le professeur Singh à propos des actions des citoyens et des responsables canadiens concernant la question du Khalistan. «Nous n'avons pratiquement vu aucun impact en Inde.»
Il souligne que les responsables canadiens ont déclaré avoir tenté de faire part de leurs inquiétudes concernant l'escalade de la violence liée à l'Inde aux plus hauts niveaux à New Delhi, sans grand succès.
«La partie indienne ne s'est pas suffisamment souciée de répondre réellement aux preuves qui lui ont été présentées, a-t-il déclaré. Si l'on s'en tient à la version canadienne, il est clair qu'il ne leur reste pas d'autre choix que de hausser le ton.»
M. Singh n'est pas sûr de l'ampleur du soutien que les autres pays apporteront au Canada dans ce dossier, car de nombreux alliés d'Ottawa voient New Delhi comme leur meilleur espoir d'influence dans la région indopacifique, surtout alors qu'ils sont de plus en plus en désaccord avec la Chine.
À Londres, le ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré qu'il était en contact avec Ottawa au sujet des «développements graves» de lundi et il a soutenu que «la bonne prochaine étape» pour l'Inde serait de coopérer avec le processus judiciaire au Canada.
À Washington, un porte-parole du département d'État a affirmé mardi lors d'une conférence de presse que les États-Unis demandaient depuis longtemps à l'Inde de coopérer avec les autorités canadiennes, mais il s'est abstenu de commenter le contenu des nouvelles allégations.
La Nouvelle-Zélande, un autre membre des «Five Eyes», a seulement déclaré que les allégations du Canada étaient préoccupantes et qu'elle attendrait le processus judiciaire, dans une déclaration qui ne mentionnait même pas l'Inde.
Le professeur Singh rappelle que le président américain, Joe Biden, a adopté une approche stratégique pour gérer un acte d'accusation à New York qui allègue qu'un employé du gouvernement indien avait dirigé une tentative d'assassinat aux États-Unis. Washington a d'ailleurs accueilli cette semaine un comité d'enquêteurs indiens pour discuter de cette affaire.
«Beaucoup de gens pensent que l'administration américaine actuelle, en essayant d'examiner la situation stratégique plus large — vis-à-vis de la Chine et de l'Indo-Pacifique —, a négligé des aspects transactionnels importants et des lignes rouges à ne pas franchir», estime le professeur de Yale. «Je pense que sa réponse à l'égard du Canada devrait être considérée à la lumière de cette posture.»
M. Singh souligne que l'affaire à New York fait écho aux affirmations du Canada selon lesquelles des agents indiens s'appuient sur des gangs criminels pour commettre des actes.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré en septembre 2023 aux Communes que les services de renseignement canadiens enquêtaient sur des informations «crédibles» concernant un lien potentiel entre le gouvernement indien et le meurtre en juin 2023 de Hardeep Singh Nijjar, un indépendantiste sikh, à Surrey, en Colombie-Britannique.
M. Trudeau a déclaré mercredi à la commission d'enquête fédérale sur l'ingérence étrangère que la position officielle du Canada avait toujours été de respecter la souveraineté territoriale de l'Inde.
Dans son témoignage, il a déclaré que le premier ministre Modi avait exprimé des inquiétudes concernant les sentiments pro-Khalistan au Canada, lorsque M. Trudeau l'a confronté au sujet du meurtre de M. Nijjar à Surrey.
M. Trudeau a proposé de travailler avec l'Inde dans les cas de terrorisme, mais il a souligné que les Canadiens avaient également droit à la liberté d'expression.
Des députés ont signé mardi une lettre qui demande que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale des Communes tienne au moins une réunion pour discuter des «mesures qui pourraient être prises par le gouvernement pour protéger les Canadiens».
Les députés citent une règle parlementaire qui exigerait qu'une réunion soit tenue dans les cinq jours suivant la réception de la lettre par le greffier, et le comité doit émettre un avis deux jours avant la réunion.
La Chambre des communes ne siège pas cette semaine, mais les députés peuvent assister virtuellement aux réunions du comité et convoquer des témoins.