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La Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'apprête à célébrer ses 150 ans, mais non sans se questionner sur son orientation future.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'apprête à célébrer ses 150 ans, mais non sans se questionner sur son avenir.
Le débat sur certains aspects du mandat de la police fédérale a pris de l'ampleur à la suite d'un certain nombre de crises très médiatisées, notamment les blocages de certains postes frontaliers et du centre-ville d'Ottawa en 2022.
La GRC a également fait l'objet d'appels au changement ces dernières années en raison du harcèlement et de l'intimidation dont ses membres ont été victimes, de la colère du public face aux brutalités policières et au racisme, et des lacunes dans sa réponse à la fusillade de masse de 2020 en Nouvelle-Écosse.
Aujourd'hui, certains experts se demandent si la police montée ne devrait pas se retirer des petites communautés du Canada pour se concentrer pleinement sur les grands dossiers fédéraux tels que la cybercriminalité, la fraude et le trafic d'êtres humains.
Certains, comme Michael Boudreau, professeur de criminologie à l'Université St. Thomas, estiment qu'il est temps que la GRC se retire de la police contractuelle et se consacre aux enquêtes nationales.
«Si elle ne fait pas un changement fondamental, elle ne vivra peut-être pas pour un autre 150 ans», prévient-il.
Les origines de la GRC remontent au 23 mai 1873, avec l'approbation de la loi portant sur la création de la Police à cheval du Nord-Ouest.
Elle a absorbé la Police fédérale du Dominion en 1920 et offre aujourd'hui des services de police sous contrat dans toutes les provinces et territoires, à l'exception du Québec et de l'Ontario.
Avec quelque 19 000 policiers et 11 000 membres civils, la GRC travaille dans plus de 700 détachements et fournit des services de police dans plus de 600 communautés autochtones.
Le corps policier offre également des services spécialisés allant de l'analyse médico-légale des preuves aux informations sur les casiers judiciaires.
Selon M. Boudreau, la GRC est trop dispersée à travers le pays. Il estime que les provinces devraient suivre l'exemple de l'Ontario et du Québec et créer leurs propres corps de police provinciaux, ou encore étendre leurs services municipaux aux régions avoisinantes.
«Ça va prendre du temps, mais plus on commence tôt, mieux c'est», dit-il.
D'autres affirment plutôt que la solution n'est pas de réduire la portée de la mission de la GRC, mais de trouver des moyens de mieux faire les choses.
«Nous ne sommes certainement plus dans la même situation dans laquelle nous étions en 1873, ou 1973, ou même 2003», rappelle le président de la Fédération de la police nationale, Brian Sauvé, qui représente des milliers de membres réguliers et réservistes de la GRC.
«Il y a toujours eu beaucoup de changements. C'est une constante au sein de ce corps policier. Et il y a beaucoup d'autres changements qui se pointent à l'horizon.»
M. Sauvé n'est d'ailleurs pas d'avis que la GRC fait un mauvais travail en première ligne et qu'elle devrait uniquement se concentrer sur les enjeux nationaux.
Il note que la direction du corps policier a finalement accepté de reconnaître l'importance pour les agents de s'enraciner dans les communautés où ils patrouillent.
À son avis, il faut plutôt miser sur le recrutement et la rétention du personnel à la GRC pour éviter le surmenage et l'épuisement des employés dans les détachements.
M. Sauvé voit également des avantages à donner aux communautés un plus grand mot à dire dans la détermination des niveaux de ressources policières dont elles ont besoin, plutôt que de laisser la direction centrale faire tous les choix.
«Donc il faut vraiment que l'information voyage du bas vers le haut de la pyramide, et pas l'inverse», selon lui.
La commission d'enquête sur la tuerie en Nouvelle-Écosse a recommandé au gouvernement fédéral d'adopter une loi dans les six mois visant à créer un cadre législatif pour soutenir et améliorer la sécurité et le bien-être des communautés dans chaque province et territoire.
Ce cadre national devra être fondé sur des principes directeurs essentiels à la prestation de services publics qui comprennent une approche axée sur la prévention en matière de sécurité.