Début du contenu principal.
Des fonctionnaires qui traitent les dossiers des ex-militaires malades ou blessés au ministère des Anciens Combattants préviennent que des vies pourraient être en jeu.
Des fonctionnaires qui traitent les dossiers des ex-militaires malades ou blessés au ministère des Anciens Combattants préviennent que des vies pourraient être en jeu alors que le gouvernement va de l'avant avec des plans visant à modifier la façon dont les services de réadaptation physique et mentale sont fournis aux vétérans.
Ces avertissements ont été livrés lundi lors d'un témoignage émouvant devant le Comité permanent des anciens combattants des Communes. Trois gestionnaires de cas ont déclaré qu'elles-mêmes et leurs clients n'étaient pas prêts pour les changements apportés par le gouvernement.
«Le vétéran malade est celui que nous allons perdre et qui passera entre les mailles du filet, a déclaré Angela Aultman, en retenant ses larmes. C'est là que des vies sont en jeu. Et c'est ce qui m'empêche de dormir la nuit.»
L'enjeu tourne autour d'un contrat de 570 millions $ récemment attribué à une organisation externe pour fournir des services de soutien physique et mental aux vétérans les plus à risque du Canada. Le contrat a été octroyé en juin 2021 à «Partenaires des services de réadaptation aux vétérans canadiens» (PSRVC), un partenariat entre deux entreprises, WCG International et Lifemark Health Group.
Le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, et les représentants du ministère ont plaidé que ce contrat était essentiel à l'amélioration des services pour les anciens militaires aux prises avec des blessures et des maladies liées à leur passage dans les Forces armées.
Cette «amélioration» comprend l'allègement du fardeau des gestionnaires de cas au ministère, dont la plupart continuent de faire face à une charge de travail excessive malgré les promesses répétées du gouvernement libéral, depuis 2015, de régler ce problème.
Même si le contrat avec PSRVC doit entrer en vigueur mardi, les gestionnaires de cas ont déclaré aux membres du comité que ni eux ni leurs clients n'avaient été correctement formés ou préparés pour la transition.
«Depuis juin, nous avons posé des questions sur la mise en œuvre du nouveau contrat, pour nous faire dire que cette information viendrait», a déclaré Amanda Logan, qui est également présidente de la section locale du Syndicat des employés des anciens combattants, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
«Nous n'avons pas été correctement formés sur ce nouveau contrat de réhabilitation. C'est très difficile de savoir quoi partager avec nos anciens combattants pour les préparer à ces changements, alors qu'on ne les connaît pas nous-mêmes.»
Les trois gestionnaires de cas témoignaient en tant que membres du syndicat, qui a déjà réclamé la démission du ministre MacAulay.
Le caporal-chef à la retraite Kelly Carter, l'un des 15 000 anciens combattants en contact actuellement avec un gestionnaire de cas pour se remettre de ses blessures et faciliter la transition vers la vie après l'armée, a témoigné lundi qu'il ne savait pas non plus ce que le contrat en sous-traitance allait signifier pour lui.
«Nous n'avons pas du tout été consultés sur ce changement, a déclaré M. Carter. Je suis très préoccupé par le fait que ça n'a pas été discuté, déployé ou mis en œuvre correctement. Et ça peut s'avérer un échec total.»
Le ministère a assuré qu'il avait consulté les gestionnaires de cas avant et après l'attribution du contrat à PSRVC, et que cette sous-traitance les libérerait de certaines tâches administratives afin qu'ils puissent passer plus de temps à travailler directement avec les anciens combattants.
Les responsables ont également assuré que ce changement ne conduirait pas à une réduction du nombre de gestionnaires de cas au ministère.
Anciens Combattants emploie actuellement environ 475 gestionnaires de cas. Ce nombre comprend toutefois une cinquantaine d'employés temporaires, qui doivent aider à réduire l'arrérage global, et une centaine de fonctionnaires en congé de maladie ou qui ne travaillent pas.
Les trois gestionnaires de cas qui ont témoigné lundi n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer le grand nombre d'anciens combattants qui leur sont assignés. Elles ont expliqué qu'elles devaient gérer 40 dossiers ou plus, malgré les promesses répétées des libéraux de réduire la charge de travail moyenne à 25 dossiers.
«Cela a des conséquences sur notre santé et notre bien-être, a soutenu Mme Logan. Vraiment, ça nous empêche de dormir la nuit: on se demande si on n'a pas oublié quelque chose, et quel genre d'impact cela pourrait avoir sur nos anciens combattants et leurs familles.»
Les gestionnaires de cas craignent aussi que le nouveau contrat en sous-traitance ne mène à une éventuelle réduction du rôle et du nombre de gestionnaires au ministère, tout en ajoutant une autre couche de bureaucratie avec laquelle les vétérans malades et blessés devront faire face.
«La privatisation de ces services ne servira qu'à isoler davantage nos anciens combattants de leur gouvernement, de leur communauté et des employés de la fonction publique qui ont à cœur leurs meilleurs intérêts», a déclaré la gestionnaire de cas Whitney McSheffery.
«J'ai le sentiment que le ministère utilise ce contrat pour se distancer davantage des anciens combattants et de leurs familles.»