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Le changement climatique pourrait pousser certaines espèces de cétacés, dont le béluga, vers le nord, prévient une nouvelle étude.
Le changement climatique pourrait pousser certaines espèces de cétacés, dont le béluga, vers le nord, prévient une nouvelle étude.
Le béluga, le narval et la baleine boréale pourraient effectuer un voyage de plusieurs centaines de kilomètres d’ici la fin du siècle pour retrouver non seulement la température de l’eau à laquelle ils sont habitués, mais aussi les proies dont ils se nourrissent, précisent les chercheurs.
«Ces animaux sont vraiment habitués à des eaux plutôt froides, même en été, et donc là on s’attend à des températures bien plus élevées», a dit la chercheuse Philippine Chambault, de l’Institut des ressources naturelles du Groenland.
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«Les modèles montrent que finalement, très probablement, ces espèces vont devoir migrer vers le nord pour échapper à ces températures de l’eau qui vont devenir défavorables, puisque beaucoup trop chaudes pour elles, aussi bien pour la distribution de leurs proies, qui sont aussi associées à des eaux froides, mais également à de potentiels dérangements au niveau de leur physiologie, et donc leur manière de gérer cette température plus élevée.»
Les chercheurs ont intégré les données de suivi par satellite de 227 cétacés sur une période de 28 ans à deux scénarios climatiques ― le premier qui voit la société faire ce qui est nécessaire pour limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius d’ici 2100, et le second sans de telles mesures de protection de la planète.
Dans les deux cas, l’étude publiée par le journal ScienceAdvances prédit une perte considérable d’habitat pour les trois espèces en été, à l’exception des narvals qui nagent à l’est du Groenland.
Une fois toutes les données analysées, les chercheurs en viennent à la conclusion que les trois espèces pourraient se déplacer, en hiver, d’environ 122 kilomètres vers le nord, et de pratiquement le double, soit 243 kilomètres, en été d’ici la fin du siècle.
Même en disposant d’une trentaine d’années de données, les chercheurs ne sont pas encore capables de démontrer que ce déplacement vers le nord est déjà entamé. Mais d’autres données, qui sont en attente de publication, révéleraient que les narvals ont commencé à retarder la date de début de leur migration annuelle en raison du réchauffement de l’eau.
On ne peut pas conclure, sur la base de cette recherche, que les bélugas québécois risquent eux aussi de se déplacer vers le nord en réponse à un réchauffement de leur environnement. On sait toutefois que les conditions océanographiques dans l’Est, avec l’influence de l’océan Atlantique, ont tendance à se réchauffer plus rapidement.
«On peut s’attendre à des réactions similaires, comme à des réactions différentes», a dit Mme Chambault, qui admet qu’il y a une «possibilité» de voir cet animal emblématique du Québec éventuellement partir pour des eaux plus froides.
Les bélugas, les narvals et les baleines boréales trônent au sommet de la chaîne alimentaire, et ils agissent donc comme des indicateurs de la santé des océans et de la biodiversité marine. S’ils ressentent un jour le besoin de changer de voisinage, on pourra soupçonner que quelque chose cloche.
D’ailleurs, des études réalisées au cours des dernières années ont constaté des changements dans les échelons inférieurs de la chaîne alimentaire.
«Des proies et des animaux commencent à se déplacer puisque, justement, les conditions environnementales qui sont favorables initialement à leur développement, à leur reproduction et à leur alimentation sont en train de se modifier», a conclu Mme Chambault.
«On voit que ces animaux commencent à se déplacer également, donc ce n’est pas quelque chose qu’on observe uniquement avec les mammifères marins, mais effectivement, ça commence à toucher toute la chaîne alimentaire.»