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Politique

Le rapport du Comité de relance et de réflexion du PLQ se situe dans la continuité

Le Parti libéral du Québec (PLQ) s’est donné une boussole politique qui l’envoie sensiblement dans la même direction que celle qu’il a historiquement suivie.

Quebec Liberal Party officials present their Revival Committee Report at a press conference in Montreal on Thursday, Oct. 12, 2023. From left to right: committee co-chairs André Pratte and Madwa-Nika Cadet, party president Raphaël Primeau-Ferraro and interim leader Marc Tanguay. THE CANADIAN PRESS/Pierre Saint-Arnaud
Quebec Liberal Party officials present their Revival Committee Report at a press conference in Montreal on Thursday, Oct. 12, 2023. From left to right: committee co-chairs André Pratte and Madwa-Nika Cadet, party president Raphaël Primeau-Ferraro and interim leader Marc Tanguay. THE CANADIAN PRESS/Pierre Saint-Arnaud
Caroline Plante / La Presse canadienne

Le Parti libéral du Québec (PLQ) s’est donné une boussole politique qui l’envoie sensiblement dans la même direction que celle qu’il a historiquement suivie.

Le parti a présenté, jeudi, le document de réflexion issu des consultations du Comité de consultation sur la relance de la formation politique, un document de 80 pages qui a toutes les allures d’une plateforme électorale, bien que ses auteurs s’en défendent.

«Le mandat n’était pas de développer une plateforme électorale, mais bien d’offrir une boussole, une boussole au futur chef, à la prochaine cheffe, et de nous permettre à nous, comme formation politique, de se définir sur le long terme, de savoir qui nous sommes», a martelé la députée Madwa-Nika Cadet, co-présidente du Comité.

Le rapport, intitulé «S’affirmer, rassembler, prospérer», réaffirme la position «fédéraliste-nationaliste» du Parti libéral et propose une série de pistes à suivre sous ces trois grandes thématiques.

Le thème «s’affirmer» suggère par exemple l’adoption d’une Constitution québécoise, une énième proposition de réforme du mode de scrutin et du Sénat, qui deviendrait une Chambre des provinces. Madwa-Nika Cadet a ajouté, à ce sujet, que «s’affirmer, c’est faire preuve d’un fédéralisme fort, un fédéralisme asymétrique revendicateur».

Faire rêver avec une réforme du Sénat?

C’est d’ailleurs sur cette question que l’autre co-président du Comité, l’ex-sénateur André Pratte, s’est le plus emporté, lorsqu’invité à s’avancer sur ce que le Parti libéral avait à offrir qui pourrait faire rêver les Québécois et susciter l’enthousiasme de l’électorat. «Sur la Constitution du Québec, on dit franchissons une nouvelle étape. Sur la réforme du Sénat, on dit franchissons une nouvelle étape. Ce sont des objectifs qui sont ambitieux et je pense que ça, ça peut faire rêver les Québécois.»

Voyant que l’idée de faire rêver les Québécois avec une réforme du Sénat soulevait un certain scepticisme, il a ajouté d’autres éléments. «Moi, ça me fait rêver de voir que le Québec va s’affirmer sur la scène canadienne et internationale. Je pense que c’est ce que les Québécois veulent aujourd’hui. Ils ne veulent pas d’un Québec qui est tourné vers le passé. Ils veulent d’un Québec qui regarde en avant, qui est ouvert sur le monde et qui est prospère, mais qui redistribue la richesse et qui se dirige vers le développement durable. Je pense que ça, ça fait rêver les gens.»

Interculturalisme

«Rassembler», selon le Comité, passerait par l’adoption d’une loi sur l’interculturalisme, une approche qui vise l’intégration des minorités à la société majoritaire d’accueil. «Évidemment on le distingue du multiculturalisme, a tenu à préciser, Mme Cadet. On s’assure que ce soit un modèle d’intégration d’abord québécois qui nous permet, d’une part, d’avoir une assise sur comment on décide de gérer notre diversité et notre pluralité et qui également assure certains droits.»

Le document propose également dans cette thématique un renforcement du français en éducation et au travail. Quant aux seuils d’immigration, il repousse la question en la remettant entre les mains d’un futur comité chargé d’évaluer la capacité d’accueil et d’intégration du Québec.

C’est toutefois la section «prospérer» qui est la plus élaborée. On y aborde en premier lieu l’idée de redistribution de la richesse en invoquant l’adoption d’une «Loi sur la protection contre l’inflation et l’accessibilité au logement».

«Revenu minimum d’activité»

Les libéraux reviennent aussi avec l’idée d’un «revenu minimum d’activité», c’est-à-dire une forme d’«impôt négatif» par lequel une personne ayant un revenu inférieur à un seuil prédéterminé recevrait une somme de l’État pour compenser. Comme son nom l’indique, cependant, un tel soutien serait conditionnel, a averti M. Pratte. «C’est une façon de redistribuer la richesse. On pense qu’au Québec, dans une société progressiste comme la nôtre, il n’est pas normal que les gens n’aient pas un minimum pour vivre.»

«Mais en même temps, la société s’attend à ce que les gens qui sont pris dans cette situation-là soient en activité, soit en formation, soit au travail, soit au travail avec un OSBL. Ça fait partie du contrat social», a-t-il précisé.

Ce thème comprend également une sous-section sur l’environnement où l’on retrouve notamment l’ajout du droit à un environnement sain à la Charte des droits et libertés et la remise du dossier des changements climatiques entre les mains du premier ministre. Il propose également des mesures pour soutenir le développement des régions.

Réponses aux critiques: plus tard

Le rapport comprend également des critiques sévères recueillies auprès des militants sur la manière dont s’est comporté le PLQ dans les dernières années jusqu’au résultat catastrophique de la dernière élection générale. Il en prend bonne note, mais ne comporte pas de propositions formelles pour redresser la situation.

Rappelant que ce n’était pas là le mandat du comité, Madwa-Nika Cadet a tout de même indiqué que le message avait été entendu et ne resterait pas lettre morte. «Il y aura d’autres étapes qui vont permettre de prendre acte de ce que nous mettons à l’intérieur de ce document face aux commentaires qui ont été émis par nos membres», a-t-elle promis.

L'ex-premier ministre Jean Charest applaudit le rapport de relance du PLQ

L'ex-premier ministre libéral Jean Charest applaudit le rapport sur la relance du Parti libéral du Québec (PLQ), «une étape extrêmement importante», selon lui.

Il réaffirme la position «fédéraliste-nationaliste» du Parti libéral et propose une série de pistes à suivre sous ces trois grandes thématiques.

De passage à Havre-Saint-Pierre où il participait à l'inauguration du complexe hydroélectrique de La Romaine, M. Charest s'est dit «très impressionné» par le rapport.

«C'est un travail de fond et de substance, (...) fait avec une perspective de durée. (...) Une nouvelle constitution du Québec, (...) l'interculturalisme, la question d'une politique industrielle, je suis très impressionné», a-t-il dit.

Il salue d'ailleurs la volonté du parti «de mettre tous les Québécois sous un même toit».

«Il y aura plusieurs étapes, (le rapport) est une étape (...) extrêmement importante.

«Moi, je crois beaucoup au Parti libéral du Québec et sur l'échiquier politique, le PLQ a une place très importante. Pour la démocratie, c'est très sain», a-t-il ajouté lors d'une brève mêlée de presse.

Son fils, Antoine Dionne-Charest, ferait-il un bon chef du PLQ? «Il est déjà pas mal chef à la maison, je peux vous dire ça. Il a plus de talent que son père», s'est-il limité à dire, le sourire en coin.

M. Charest a été premier ministre libéral de 2003 à 2012. Son successeur, Philippe Couillard, a tant qu'à lui gouverné le Québec de 2014 à 2018.

Les libéraux ont été battus par la Coalition avenir Québec de François Legault en 2018. Depuis, ils sont en déroute et en quête d'une identité.

Appelé à réagir au rapport du PLQ jeudi, M. Legault a dit préférer ne pas commenter. Or, il n'a pu s'empêcher de lancer: «Ils sont de grands garçons, ils sont capables avec André (Pratte) de se démerder.»

Caroline Plante / La Presse canadienne