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Un médecin de famille, qui a travaillé des deux côtés, a partagé son histoire avec CTV News Montreal.
Le Québec compte plus de médecins privés que n'importe quelle autre province du pays. Pourquoi sont-ils si nombreux à choisir de pratiquer en dehors du système public?
Un médecin de famille qui a travaillé des deux côtés a partagé son histoire avec CTV News Montreal.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Le Dr Martin Potter dirige la Clinique médicale Sante Plus à Vaudreuil.
Les patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même pour voir un médecin de famille, mais ils doivent payer des frais: un rendez-vous de 15 minutes coûte 150$.
Le Dr Potter explique que nombre de ses patients font le calcul et estiment que le jeu en vaut la chandelle.
«Au lieu d'aller aux urgences où ils devront attendre 10 heures et manquer une journée de travail, ils se décident à payer», a-t-il dit.
Le Dr Potter a soutenu qu'il n'avait jamais pensé faire le saut du public au privé jusqu'à il y a quelques années.
Après avoir passé près de 20 ans à travailler dans le système public, tant à Montréal qu'en Gaspésie, il a déclaré qu'il y avait eu un changement notable en 2015, lorsque le ministre de la Santé de l'époque, Gaétan Barrette, a remanié le système de soins de santé.
Selon lui, au lieu de rendre les choses plus efficaces, les médecins ont été soumis à une microgestion. La situation ne s'est pas améliorée lorsque la CAQ a pris le pouvoir et que Christian Dube a procédé à ses propres réformes en matière de santé.
«Pour assumer une charge de travail adéquate, il faut faire de longues journées. Les rendez-vous doivent être de courte durée, et ce n'est pas de la bonne médecine.»
«Au bout d'un certain temps, j'ai réalisé que ce n'était peut-être pas le meilleur modèle pour moi. Et je voulais reprendre un peu le contrôle de la façon dont je pratique la médecine», a-t-il ajouté.
Il a donc décidé de créer une clinique privée. Il fait désormais partie des 500 médecins de famille qui ont pris la même décision.
Le Dr Jean-Joseph Condé, médecin de famille à Val-d'Or, membre de l'Association médicale canadienne, a déclaré que cette décision se résume généralement aux conditions de travail.
«Au Québec, il semble que le gouvernement cherche à imposer davantage de restrictions à la pratique, ce qui, à notre avis, ne fonctionne pas, car c'est au Québec que l'on trouve le plus grand nombre de médecins travaillant dans le système privé», a-t-il expliqué.
Ce qui est encore plus alarmant pour l'avenir de la médecine publique dans la province, c'est qu'un grand nombre de nouveaux résidents ne s'intéressent pas du tout à la médecine familiale.
En effet, 93% des postes de résidents en médecine familiale actuellement vacants dans le pays se trouvent au Québec.
«Je ne pense pas que les médecins se tournent vers le système privé pour l'argent», a indiqué le Dr Condé. «Ils y vont plutôt pour travailler dans un meilleur environnement.»
Le Dr Potter a mentionné que c'est ce qui l'a motivé et que, même si certains critiquent sa décision de quitter le système public, il n'a aucun regret. «Il y aura toujours une faction de médecins de famille qui croient exclusivement aux soins de santé publics, et c'est très bien. J'étais l'un d'entre eux il y a quelques années», a-t-il dit.