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Avec la forte demande, la direction du transporteur aérien juge qu’elle a le gros bout du bâton pour déterminer ses prix.
Air Canada ne voit pas le moment où une modération des prix du carburant l'amènerait à réduire le prix de ses billets d'avion. Avec la forte demande, la direction du transporteur aérien juge qu'elle a le gros bout du bâton pour déterminer ses prix.
«Il n'y a pas de pression pour le moment (de baisser les prix), répond le chef des finances, Amos Kazzaz, lors d'une conférence téléphonique, vendredi, visant à discuter des résultats du premier trimestre. La demande est forte. La capacité est limitée tandis que les avionneurs ont de la difficulté à livrer de nouveaux appareils dans le marché.»
La société a constaté une modération, mais le prix moyen du carburant demeure tout de même 30 % plus élevé au premier trimestre qu'à la même période l'an dernier, précise M. Kazzaz, qui prend sa retraite à la fin du mois de juin.
Le prix du carburant est plus bas que la prévision annuelle de la société pour 2023, mais le chef des finances croit qu'il s'agit d'un phénomène «transitoire». «Ça demeure volatil avec tous les enjeux liés à l'offre et à la raffinerie.»
Outre le pétrole, M. Amos constate une «stabilisation» de certains coûts, notamment pour la nourriture servie en vol, la manutention au sol, l'entretien et la technologie.
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Les transporteurs aériens canadiens ont connu des difficultés opérationnelles l'été dernier et durant la saison des Fêtes. Le premier trimestre a également été difficile en Amérique du Nord à cause d'événements météorologiques comme les tempêtes de neige et le brouillard.
La situation s'est stabilisée, souligne le chef des opérations Craig Landry. «En regardant le mois d'avril et mai, il y a eu des améliorations significatives. Nos opérations sont relativement en ligne avec celle d'avant la pandémie. (?) Nous sommes très confiants pour la saison estivale.»
Ce commentaire survient tandis que l'industrie aérienne canadienne a connu plus de retards en mars, ce qui soulève des interrogations pour la saison estivale. Le taux d'arrivées ponctuelles d'Air Canada était de 57,3 % en mars, contre 69,6 % en mars 2019, soit avant que la pandémie de COVID-19 ne paralyse l'industrie du transport aérien.
Les plus récentes données contrastent également avec la fourchette de 77 % à 79 % affichée par les trois des plus grands transporteurs américains, bien que leurs activités se déroulent généralement dans des conditions météorologiques plus douces.
Questionné par un analyste, le vice-président responsable de la planification du réseau, Mark Galardo, a reconnu qu'Air Canada avait allongé la durée prévue de ses vols pour se donner une marge de man?uvre afin d'améliorer les données sur la ponctualité. «Nos étions en queue de peloton pour la ponctualité avant la pandémie. Nous avons décidé d'augmenter notre rang vers le milieu du classement.»
Ce changement représenterait une différence d'une à deux minutes pour les vols les plus courts à une vingtaine de minutes pour les vols les plus longs, précise Air Canada dans un courriel après la conférence téléphonique. Soulignons qu'il s'agit de l'horaire et non pas de la durée réelle du vol. «Ce changement nous rapproche de la norme appliquée par la plupart de nos concurrents et donne plus de certitude à nos clients sur leur heure d'arrivée.»
Air Canada a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes des analystes tandis que la reprise postpandémique du voyage aérien demeure résiliente, malgré l'incertitude économique et la hausse des taux d'intérêt.
Le président et chef de la direction, Michael Rousseau, se dit «extrêmement satisfait « de voir les revenus à 4,9 milliards $ atteindre un seuil record pour un premier trimestre. «Quand on regarde les réservations pour le reste de l'année, nous croyons que la demande se maintiendra.»
L'analyste Kevin Chiang, de Marchés mondiaux CIBC, note que les engagements pour les billets vendus représentaient 5,33 milliards $, comparativement à 4,10 milliards $ en décembre. «C'est un record qui procure une bonne visibilité pour le reste de l'année 2023.»
La société a enregistré une perte d'exploitation de 17 millions $ par rapport à une perte de 550 millions $ à la même période l'an dernier.
Air Canada enregistre un bénéfice net de 4 millions $, mais en excluant des éléments comptables, elle enregistre une perte nette ajustée de 188 millions $, contre une perte de 747 millions $. La perte nette ajustée diluée par action est de 53 cents.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte par action de 74 cents et des revenus de 4,4 milliards $, selon la firme de données financières Refinitiv.
À la lumière de ces résultats, la question demeure quant à savoir si la résilience de la reprise aérienne défiera les prognostiques économiques, croit l'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux. «Nous croyons que la demande et les prix vont s'affaiblir après l'été. Nous sommes toutefois conscients de la possibilité d'un changement structurel qui ferait en sorte que la demande résiste en dépit d'un affaiblissement de l'économie.»
L'action d'Air Canada monte de 19 cents, ou 0,9 %, à 21,20 $ à la Bourse de Toronto, en après-midi.