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Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, se tourne vers le Canada pour aider son pays dans sa transition vers l'énergie propre, notamment en abandonnant les combustibles fossiles provenant de pays comme la Russie.
Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a demandé au Canada de resserrer ses liens lors d'une visite à Ottawa qui, selon les experts, s'inscrit dans un contexte d'affinité géopolitique importante entre les deux pays.
M. Kishida était à Ottawa jeudi pour sa première visite en tant que dirigeant du Japon, dans le cadre d'une tournée de certains pays du G7. Le pays cherche, entre autres, à se sevrer des combustibles fossiles provenant de pays comme la Russie.
Le Japon assure la présidence du G7 cette année et devra organiser des réunions avec les dirigeants de certains des pays les plus riches au monde. Le groupe comprend la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et les États-Unis, ainsi que l'Union européenne.
Tokyo prévoit profiter de cette occasion pour se coordonner avec d'autres États sur certains enjeux de gestion économique, notamment afin de sanctionner la Russie pour son invasion de l'Ukraine.
La visite s'inscrit dans un contexte d'alignement géopolitique entre le Japon et le Canada, qui ont tous deux récemment désigné la Chine comme une menace pour la stabilité dans la région.
«Il y a un alignement presque parfait entre le désir du Japon de diversifier ses sources d'importation (...) et le désir du Canada de diversifier ses marchés d'exportation, qui restent extrêmement dépendants d'un seul marché directement au sud», a analysé Ian Burney, qui a été ambassadeur du Canada à Tokyo de 2015 à 2021.
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L'arrivée de M. Kishida marque la première visite d'un chef de gouvernement asiatique au Canada depuis qu'Ottawa a lancé sa stratégie indopacifique en novembre dernier, qui appelait à des liens plus étroits avec des pays pouvant contrebalancer l'influence de Pékin.
Une nouvelle stratégie de défense japonaise dévoilée le mois dernier prévoyait de travailler avec des alliés pour parer aux menaces de la Corée du Nord et de la Chine, en plus de légaliser les frappes militaires japonaises contre des bases ennemies. Tokyo vise également à augmenter ses dépenses militaires de 26 % pour l'année 2023.
Yves Tiberghien, un politologue de l'Université de la Colombie-Britannique, a estimé que le Canada avait obtenu `l'avantage du premier arrivé' en signant un accord commercial avec le Japon, ce que les États-Unis n'ont toujours pas fait.
Un accord commercial régional lancé en 2018 avait aussi aidé les deux pays à élargir leurs marchés commerciaux. Dans le cadre de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), le Canada a augmenté ses exportations de porc et d'huile vers le Japon, en plus d'importer davantage de machines et de pièces automobiles nipponnes.
«Le commerce est en plein essor entre nos deux pays. Nous partageons une vision de paix et de prospérité des deux côtés du Pacifique», a souligné jeudi le premier ministre canadien, Justin Trudeau, lors d'un déjeuner organisé pour Fumio Kishida et des dirigeants d'entreprises.
M. Kishida a déclaré aux invités que le gaz naturel liquéfié jouerait un «rôle crucial» dans la transition énergétique du Japon, et que le futur terminal canadien d'exportation de GNL était l'une des multiples façons dont Ottawa pouvait contribuer à ce changement.
«Par rapport à la science, la technologie, l'innovation la transformation numérique et les entreprises à forte croissance, je suis enthousiaste à l'idée de renforcer davantage la coopération entre l'industrie, le gouvernement et le monde universitaire des deux pays», a déclaré le dirigeant en japonais, par le biais d'un interprète anglophone.
«L'énergie nucléaire jouera également un rôle clé, et nous sommes impatients de travailler ensemble pour rendre la chaîne d'approvisionnement nucléaire plus résiliente».
Pourtant, les deux dirigeants ne se sont pas engagés dans d'autres projets de GNL, comme une proposition d'agrandissement de la phase 2 du terminal à Kitimat, en Colombie-Britannique.
Ian Burney a expliqué que la concurrence mondiale rendait essentiel pour le Canada de respecter l'échéancier de 2025 pour exporter du GNL. Il a ajouté que les premières grandes exportations d'énergie du Canada vers le Japon avaient commencé en 2019 grâce à une installation d'exportation de propane, qui avait rapidement constitué une part importante de l'approvisionnement japonais.
Le gouvernement canadien dirigera une délégation commerciale au Japon cet automne, a affirmé M. Trudeau, et des entreprises japonaises intéressées par l'exploitation minière et les composants de batteries de véhicules électriques prévoient une visite au Canada ce printemps.
«Peu de choses comptent plus au Japon que les relations personnelles, a souligné M. Burney. Elles ouvrent souvent la porte à d'autres opportunités».
La convergence actuelle découle entre autres d'un relatif apaisement de l'hostilité entre le Japon et la Corée du Sud par rapport aux dernières décennies.
«Le Canada pourrait avoir une relation intéressante et spéciale avec les deux en même temps, et peut-être jouer un rôle externe en atténuant toute tension entre eux», a suggéré M. Tiberghien.
Il a ajouté que les deux pays asiatiques accordaient une importance particulière aux anniversaires, et que 2023 donnerait à Ottawa un prétexte pour organiser des événements commémorant 95 ans de relations diplomatiques avec le Japon et 60 ans avec la Corée du Sud.