Début du contenu principal.
En mêlée de presse au Parlement jeudi matin, le député péquiste Pascal Bérubé a expliqué que la situation actuelle est intenable.
Une motion du Parti québécois (PQ) appelant à fermer le chemin Roxham a mis le gouvernement caquiste dans l'embarras, jeudi, forçant la ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, à corriger le tir.
La ministre avait dit en matinée que la fermeture du chemin ne réglerait rien, puisque l'immigration irrégulière passerait ailleurs, mais juste après, le chef caquiste a réitéré sa demande au fédéral de fermer cette voie de passage entre les États-Unis et le Canada.
À lire | St-Pierre Plamondon précise ses propos sur l'immigration et la «montée des extrêmes»
Alors après la période de questions, Mme Fréchette est revenue devant les journalistes pour soutenir qu'il fallait fermer ce chemin situé en Estrie.
«Roxham, il faut que ça ferme, je l'ai dit la semaine dernière, basta!» a-t-elle déclaré à la sortie de la période de questions.
«Je pense qu'il y a une urgence de s'assurer de bloquer le chemin Roxham», a insisté M. Legault en conférence de presse en après-midi. «Ça, c'est la responsabilité du gouvernement fédéral.»
Puis il a ajouté, concernant la sortie de sa ministre: «On a corrigé pour être très clair.»
À l'origine de ce cafouillage, une motion du PQ qui demandait la fermeture de Roxham, avec l'intervention de la Sûreté du Québec s'il le faut, et qui a été rejetée par la CAQ en Chambre.
Pascal Bérubé dit que le PQ déposera une motion en chambre demandant la fermeture complète du chemin Roxham. Selon lui le Québec ne doit pas être seule province à accueillir demandeurs d’asile. « Que l’Ontario, les donneurs de leçons du multiculturalisme, fasse sa part » #polqc pic.twitter.com/2KCqXUFjsr
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) February 2, 2023
Pourtant, François Legault avait déjà sommé le fédéral en mai dernier de fermer cette voie de passage irrégulière parce que cela devenait «intenable».
La motion du PQ réclamait notamment qu'on s'attaque au réseau de passeurs, qui profite de ces entrées clandestines, et qu'on demande au fédéral le remboursement de tous les frais engagés par le Québec pour accueillir les arrivants. Le parti indépendantiste exigeait aussi un échéancier.
En matinée, le député péquiste Pascal Bérubé évoquait même l'intervention de la SQ, si le fédéral n'agissait pas.
En mêlée de presse jeudi matin avant la période de questions, M. Legault a simplement clos le débat en indiquant que c'est Ottawa qui est responsable des frontières et que le fédéral devait renégocier l'entente des pays tiers sûrs avec les États-Unis.
En Chambre, le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Mathieu Lévesque, a refusé le consentement pour qu'on débatte de la motion.
M. Bérubé a expliqué que la situation actuelle est intenable, en rappelant que 39 000 personnes étaient entrées par voie irrégulière au Québec l'an dernier.
«Quand a-t-on eu ce débat au Québec, où on a décidé que c'était acceptable?» a-t-il demandé en mêlée de presse.
«Il y a un réseau de passeurs, c'est inhumain pour les personnes qui passent, on nous impose une grande quantité de personnes qui arrivent dans de mauvaises conditions. La capacité d'accueil du Québec est largement atteinte.»
Rappelons que les personnes qui empruntent Roxham demandent ensuite l'asile au Canada, mais dans l'intervalle du traitement de leur demande, le gouvernement du Québec doit prendre en charge les demandeurs.
Un article de La Presse révélait jeudi qu'il en coûte pas moins de 20 millions $ supplémentaires par mois en prestations d'aide sociale versées aux demandeurs d'asile.
En vertu de l'Entente sur les tiers pays sûrs, entrée en vigueur en 2004, le Canada et les États-Unis se reconnaissent mutuellement comme des «lieux sûrs» où chercher refuge et protection. Cela signifie en pratique que le Canada peut refouler un réfugié potentiel qui arrive aux points d'entrée terrestres le long de la frontière canado-américaine, parce que ce réfugié doit poursuivre sa demande d'asile aux États-Unis, là où il est d'abord arrivé.
C'est cette entente qui avait poussé les demandeurs d'asile à emprunter le chemin Roxham, en Montérégie, parce que ce passage n'est pas un «point d'entrée officiel»; le Canada doit donc traiter leur demande d'asile.