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«Même s'il y avait un peu moins de gens que la moyenne (...) on considérait que c'est important d'avoir une représentation tout de même»
La députée d'Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia, la bloquiste Kristina Michaud, a suscité vendredi une levée de boucliers dans l'Est-du-Québec après qu'Élections Canada a présenté sa proposition de redécoupage électoral qui rayerait sa circonscription de la carte et ferait perdre du même coup à sa région un de ses quatre sièges à la Chambre des communes.
Dans une lettre ouverte signée par plus d'une trentaine d'élus actuels et anciens de tous les ordres de gouvernements, Mme Michaud reproche à la Commission de la délimitation des circonscriptions électorales fédérales de n'avoir vraisemblablement pris en compte que «l'argument démographique», qu'elle reconnaît être «logique».
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Cependant, la circonscription serait «scindée en deux» et le nouveau tracé séparerait «des villages et des municipalités qui ont beaucoup en commun et ont toujours travaillé ensemble», est-il écrit, ajoutant que la circonscription actuelle a «son identité propre et toutes ses complexités».
En annonçant sa proposition il y a deux semaines, la commission qui est notamment composée de professeurs de sciences politiques et présidée par le juge à la retraite Jacques Chamberland expliquait que le redécoupage de la carte électorale vise à ce que tous les citoyens aient à peu près le même poids politique.
Dans un communiqué de presse, le commissaire et professeur de l'Université de Montréal André Blais soutenait qu'il serait «inéquitable et contraire au principe même de la démocratie qu'il en soit autrement» et son collègue à la retraite de l'Université Laval Louis Massicotte ajoutait que la révision va «bien au-delà d'un simple exercice mathématique» et prend en compte d'autres facteurs.
La Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales commande notamment de garder à l'esprit «la communauté d'intérêts ou la spécificité d'une circonscription électorale d'une province ou son évolution historique» et «le souci de faire en sorte que la superficie des circonscriptions dans les régions peu peuplées, rurales ou septentrionales de la province ne soit pas trop vaste».
La loi prévoit que l'écart entre la population d'une circonscription et la population moyenne des circonscriptions _ appelé quotient électoral _ ne doit pas excéder 25% en plus ou en moins sauf dans des circonstances «extraordinaires».
La circonscription d'Avignon-La-Mitis-Matane-Matapédia a bénéficié de cette exception lors du dernier redécoupage il y a 10 ans. Elle avait alors un écart de 26 % par rapport à la moyenne, mais ce décalage s'est creusé pour se situer aujourd'hui à 35,5 %.
«La Commission avait pris en considération ces spécificités-là et le fait que le territoire était extrêmement vaste. Alors, même s'il y avait un peu moins de gens que la moyenne (...) on considérait que c'est important d'avoir une représentation tout de même», a déclaré la députée en entrevue avec La Presse Canadienne.
Selon elle, la montée aux barricades actuelle repose pour beaucoup sur l'idée qu'il faut avoir accès à son député «sans avoir des heures de route à faire».
Il est «juste» et «démocratique» d'avoir accès à un député «facilement, peu importe si on est sur un territoire qui est très très vaste ou non», a lancé Mme Michaud en réponse à une question sur l'enjeu démocratique.
Les élus réclament en fait la même exception qu'il y a dix ans. «Ce qu'on demande ce n'est pas nécessairement un poids politique plus grand, c'est un poids politique qui est égal à ce qu'on a en ce moment», a-t-elle dit.
La carte électorale actuelle compte 78 circonscriptions électorales au Québec. En vertu de la proposition, les limites de 17 circonscriptions seraient laissées intactes et celles de 60 autres seraient modifiées «de façon plus ou moins marquée, essentiellement pour rapprocher le chiffre de population de ces circonscriptions du quotient électoral de 108 998».
La commission propose également la création d'une nouvelle circonscription au nord de Montréal, dans les Laurentides. Elle porterait le nom «Les Pays-d'en-Haut».
Une vingtaine de consultations publiques seront menées en septembre et en octobre, en personne et virtuellement, afin que les citoyens puissent exprimer leurs commentaires sur le redécoupage des circonscriptions et les nouveaux noms proposés.