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Le patron de Bombardier reproche un manque de vision et une improvisation de la part du Canada pour soutenir l'industrie aéronautique au pays.
Le patron de Bombardier reproche un manque de vision et une improvisation de la part du Canada pour soutenir l'industrie aéronautique au pays.
Éric Martel a vanté le modèle américain, mercredi, lors d'une conférence organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Selon lui, le Canada devrait s'inspirer de son voisin du Sud en matière d'approvisionnement d'avions militaires.
«Je dois donner beaucoup de crédit aux Américains sur leur modèle. Le gouvernement américain via le Pentagone travaille de très proche avec les fabricants d'avions, incluant nous», a déclaré le président et chef de la direction de l'entreprise québécoise, dans son discours.
Il a souligné que les États-Unis injectent de l'argent afin d'appuyer la recherche et le développement.
«Les Américains travaillent bien avec leur industrie. C'est harmonisé avec une vue à long terme sur comment on fait les choses via la défense et d'autres moyens», a par la suite affirmé M. Martel, alors qu'il répondait aux questions du président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.
«Chez nous, on improvise un peu», a poursuivi le PDG de Bombardier. Sans entrer dans les détails, il a évoqué du même souffle la décision d'Ottawa, l'automne dernier, d'acheter des avions de surveillance de Boeing des États-Unis sans appel d'offres, mettant de côté l'entreprise québécoise.
«On ne comprend toujours pas pourquoi. Il y a des choses comme ça qu'on aurait intérêt à avoir un plan à plus long terme et comprendre où on s'en va tout le monde ensemble, et créer un certain alignement de toute l'industrie», a affirmé M. Martel.
L'ancien géant du rail et de l'aviation commerciale a pris un virage dans les dernières années pour se spécialiser dans les avions d'affaires. Bombardier cherche aussi à prendre de l'expansion dans le créneau de la défense. La société souhaite que ce secteur, combiné avec celui des avions d'occasion et les services d'après-vente, représente environ 50 % de son chiffre d'affaires en 2030.
Un autre exemple illustrant l'attitude différente du Canada par rapport à d'autres pays, comme les États-Unis et la France, est le choix des avions dans lesquels les hauts dirigeants politiques voyagent, estime M. Martel, alors questionné à ce sujet.
L'avion transportant le président Joe Biden est un Boeing, une compagnie américaine, tandis que l'appareil principal du premier ministre Justin Trudeau pour les longues distances est un Airbus, un constructeur français.
«Ça pourrait très bien être un Global 6500, qui d'ailleurs peut voler beaucoup plus loin. Et il ne resterait pas en panne en Inde», a lancé M. Martel en boutade, déclenchant les rires et les applaudissements dans une salle de l'hôtel Le Reine Elizabeth, au centre-ville de Montréal. Il faisait référence au moment où M. Trudeau était resté coincé en Inde après le sommet du G20 en raison d’un problème mécanique sur l’avion gouvernemental, en septembre dernier.
Le président de Bombardier s'est dit tout de même heureux et favorable à l'égard de la création d'une zone d'innovation en aérospatiale dans le Grand Montréal, annoncée en mai par le gouvernement du Québec.
Cette nouvelle zone comprend Boeing. M. Martel n'a pas fait de commentaire sur la présence de son rival américain. Mais différents médias ont rapporté, à la suite de l'annonce, une déclaration de Bombardier dans laquelle le fabricant se disait surpris de voir l'appui des gouvernements provincial et fédéral à «une multinationale étrangère qui bénéficie déjà d’importants contrats de son pays d’origine, en plus d’avoir très récemment mis à risque l’industrie aéronautique au Québec».
M. Martel ne s'est pas adressé aux journalistes à la suite de la conférence de mercredi. L'événement survenait plus d'un mois après le dévoilement d'un nouveau logo de Bombardier visant à mieux refléter ses activités.
M. Martel a notamment présenté l'évolution de la situation financière, les réalisations et les objectifs du fabricant pour les prochaines années.
«Bombardier a passé à travers une période de restructuration. On est presque rendu à la fin de cette période-là. (...) La vue est prometteuse, que ce soit sur notre performance financière, nos objectifs de développer de nouveaux produits, de continuer d'innover», a-t-il résumé.
Bombardier a enregistré en 2023 des revenus totalisant 8 milliards $ US. L'entreprise souhaite atteindre les 9 milliards $ US en 2025.