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«Ils sont hautement inconfortables avec le fait qu'ils vont devoir avoir un vote de confiance (incluant) les mots de leur chef.»
Le débat en Chambre sur une motion conservatrice visant à faire tomber le gouvernement a été repoussé de plusieurs heures, jeudi, puisque les néo-démocrates, appuyés par les libéraux, ont préféré que les élus discutent de l'adoption d'un rapport sur l'approche du Canada en matière de droits sexuels et reproductifs.
La séance de jeudi des travaux aux Communes a été désignée comme une journée d'opposition des conservateurs, ce qui leur aurait normalement permis de lancer, dès l'avant-midi, un débat parlementaire sur une motion invitant les élus à déclarer qu'ils ont «perdu confiance dans le premier ministre et le gouvernement».
Le libellé cite des critiques qu'a formulées le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, à l'égard des libéraux depuis qu'il s'est retiré de l'entente de soutien et de confiance qu'avait son parti avec les libéraux de Justin Trudeau.
La motion, qui doit être votée au cours des prochains jours, sera vraisemblablement battue et la survie du gouvernement est donc assurée.
M. Singh a signalé mardi que son caucus s'opposera au texte, justifiant cette décision en expliquant que, selon lui, donner un appui aux conservateurs reviendrait à cautionner d'éventuelles coupes dans des programmes «dont les gens ont besoin».
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Avant que le débat sur la motion conservatrice ne puisse commencer, jeudi, la porte-parole en matière d'affaires étrangères du Nouveau Parti démocratique (NPD), Heather McPherson, a déposé une motion pour faire adopter un rapport de comité daté de juin 2023 portant sur les droits reproductifs et sexuels.
Un débat de plusieurs heures s'en est suivi et, en début d'après-midi, le NPD a fini par demander le vote sur la question, lequel a été repoussé à quelques heures plus tard. Le rapport, qui recommande notamment qu'Ottawa maintienne des investissements de 700 millions $ par année jusqu'en 2030 en matière de droits sexuels des femmes à travers le monde, a été adopté bien que les conservateurs s'y soient opposés.
Entre-temps, le chef de l'opposition officielle, Pierre Poilievre, a finalement pu déposer sa motion de censure envers le gouvernement Trudeau. En se levant pour ouvrir le débat sur la proposition conservatrice, il a affirmé que sa démarche s'inscrivait dans «un esprit non partisan». Quelques rires se sont alors fait entendre dans la salle.
Selon M. Poilievre, si le vote de M. Singh contre la proposition conservatrice se concrétise, cela signifiera «qu'il ne prend pas la responsabilité de son propre bilan» et qu'il «ne veut pas que les électeurs puissent juger (ce dernier) et ses plans». «Parce qu'il craint (que les électeurs) vont rendre un verdict qui ne lui est pas favorable», a dit le chef conservateur.
Plus tôt, son député Kyle Seeback avait vertement critiqué les néo-démocrates, leur reprochant d'user de tactiques pour tenter d'«empêcher» un vote de confiance.
Le député conservateur a rappelé que le libellé mis de l'avant par son parti reprend aussi les mots du chef néo-démocrate lorsqu'il a affirmé que le gouvernement «interviendra toujours pour réduire le pouvoir des syndicats et des travailleurs».
«Ils sont hautement inconfortables avec le fait qu'ils vont devoir avoir un vote de confiance (incluant) les mots de leur chef», a-t-il dit.
«Ils essaient d'éviter cela en présentant une motion procédurale qui n'est normalement pas déposée au cours d'une journée d'opposition», a ajouté M. Seeback.
La néo-démocrate Laurel Collins s'est aussitôt levée pour soutenir que les règles de la Chambre ne permettent pas à un élu de supposer des intentions d'autres députés.
M. Seeback a tenté de faire cesser le débat sur le rapport de 2023 pour revenir au cours normal des choses, déposant donc une motion en ce sens. Celle-ci a toutefois été battue puisque les libéraux et néo-démocrates ont voté contre.
Les bloquistes, qui ont voté en faveur de cette tentative de revenir à l'ordre du jour initialement prévu, ont aussi mis en doute les intentions du NPD. Leur député Martin Champoux estime que les troupes de M. Singh ont «comme un peu tiré le tapis sous les pieds du Parti conservateur dans leur journée d'opposition». «Alors nous, on a voté pour revenir à l'ordre du jour parce qu'on n’embarque pas dans ce genre de tactiques-là», a-t-il poursuivi.
De son côté, le libéral Mark Gerretsen croit que ce qui s'est produit en Chambre a été l'occasion pour les conservateurs de «goûter à leur propre médecine».
«Le NPD n'a aujourd'hui fait rien de plus au leader de l'opposition (officielle) et aux conservateurs que ce qu'ils font depuis des mois», a-t-il lancé.
Le leader parlementaire du NPD, Peter Julian, a cherché à assurer en mêlée de presse que sa formation politique «ne joue pas des jeux procéduraux». «C'est un débat qu'on voulait avoir depuis des semaines. Les conservateurs ont bloqué cette possibilité d'un débat», a-t-il plaidé.
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