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«Il est temps que ça change.»
Le ministre Lionel Carmant a demandé la démission de la directrice nationale de la protection de la jeunesse (DPJ), Catherine Lemay, quelques jours après les révélations d’un scandale sexuel qui a frappé le centre de réadaptation Cité-des-Prairies et de la mise sous tutelle de la DPJ de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
M. Carmant a affirmé sur les ondes de RDI lundi matin que Mme Lemay allait quitter ses fonctions et qu'il avait reçu sa lettre de démission. Lors de son entrevue avec Radio-Canada, le ministre a fait savoir que c'est en raison de «différences d'opinions sur les mesures à prendre dans certaines situations» qu'il a demandé à Mme Lemay de démissionner.
Il a soutenu qu'il souhaitait avoir «quelqu'un qui est plus aligné» avec sa vision pour la suite des choses, dans un contexte où de «grands changements de culture» s'imposent dans les centres jeunesse. M. Camant prévoit de la remplacer dès cette semaine et devrait annoncer l'identité de sa remplaçante mercredi.
Selon l'expert en relations publiques et en gestion de crise, Victor Henriquez, cette démission était «inévitable» et le ministre Carmant n'avait pas «d'autres choix». «On a besoin d'une directrice nationale qui est en contrôle de la situation», a-t-il expliqué au bulletin Noovo Info 12. «Ce changement-là doit servir à quelque chose. [...] J'ai bien hâte de voir quel profil on va nommer à ce poste.»
«L'important pour le ministre est de tourner la page et de nommer quelqu'un qui va répondre aux besoins importants qu'il y a dans le système», a précisé M. Henriquez, en indiquant qu'une réforme de la DPJ est «essentielle» avec l'implication de tous les intervenants. «Il est temps que ça change.»
La semaine dernière, le gouvernement de François Legault avait souligné avoir «pris les mesures nécessaires» après avoir pris connaissance des échanges sexuels entre au moins neuf éducatrices et cinq résidants mineurs au centre de réadaptation Cité-des-Prairies lors des deux dernières années.
M. Carmant avait par ailleurs confirmé qu’une enquête externe et qu’une enquête policière du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) étaient en cours.
Québec solidaire (QS) a déjà réclamé le départ de Catherine Lemay. La frustration de QS a trouvé écho auprès de l'opposition officielle. Le Parti libéral du Québec (PLQ) a accusé le gouvernement Legault d'avoir «perdu le contrôle». De son côté, le porte-parole péquiste en matière de protection de la jeunesse, Joël Arseneau, souligne le nombre de personnes impliquées et s'interroge sur le fait qu'un tel système apparemment structuré ait pu exister dans un centre de réadaptation.
Assunta Gallo, directrice de la protection de la jeunesse (DPJ) au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a déclenché une enquête administrative en septembre. Un premier signalement avait été reçu en août dernier pour des allégations de relations inappropriées entre des éducatrices et des jeunes du centre de réadaptation situé à Rivière-des-Prairies. D’autres constats ont été faits par la suite.
Pour le moment, les personnes impliquées dans le scandale ont été suspendues ou congédiées, a affirmé la porte-parole Geneviève Paradis. Les autorités n’ont pas précisé le nombre de suspensions ou de congédiements ni les raisons derrière ces décisions, mais précisent que deux gestionnaires ont été suspendus puisque leurs équipes sont directement touchées.
La conclusion de l'enquête du CIUSSS du Centre-Sud est attendue plus tard cet automne.
Selon la directrice Assunta Gallo, les éducatrices concernées ont agi en position d’autorité. Ils n’excluent pas qu’il puisse y en avoir plus. C’est pourquoi Mme Gallo demande à de potentielles victimes présumées supplémentaires ou à du personnel de contacter les autorités s’ils ont de l’information à relayer.
L’enquête du CIUSSS révèle qu’une des éducatrices impliquées dans le dossier est tombée enceinte d’un des mineurs impliqués. Elle a accouché d’un enfant. Une autre éducatrice porterait l’enfant d’un des jeunes.
Un reportage de La Presse publié plus tôt au mois d'octobre a révélé des manquements graves de la part de la DPJ dans les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec, parmi lesquels les droits de plusieurs enfants ont été brimés.
M. Carmant avait confirmé à la suite du reportage que la DPJ resterait sous tutelle «le temps que ça prendra».
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Avec des informations de Véronique Dubé et d'Émilie Clavel pour Noovo Info ainsi que de La Presse canadienne
Avec la collaboration de Guillaume Théroux et d'Audrey Bonaque pour Noovo Info