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«Ce que je vous annonce aujourd'hui, c'est du positif.»
À quelques jours de la rentrée scolaire, il reste toujours 5704 postes d'enseignants à pourvoir, a annoncé vendredi le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville.
C'est environ 2800 de moins qu'à pareille date l'an dernier, s'est-il réjoui lors d'une conférence de presse à Montréal pour faire le point sur les postes vacants dans les écoles.
La pénurie de main-d'œuvre en éducation demeure cependant un enjeu de taille, alors que le réseau devra accueillir cette année jusqu'à 20 000 élèves de plus que l'an dernier, selon M. Drainville.
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Des 5704 postes d'enseignants à pourvoir, 1406 sont des postes réguliers à temps plein et 4298 sont des postes à contrat, dont 1144 à temps plein et 3154 à temps partiel, a-t-il précisé.
Les données sur les postes à pourvoir seront publiées hebdomadairement jusqu'à la fin de septembre et mensuellement ensuite pour le reste de l'année scolaire.
«L'objectif est de donner à nos élèves la plus belle rentrée scolaire possible en s'assurant que nos enfants aient un enseignant dans leur classe à la rentrée», a indiqué Bernard Drainville en conférence de presse.
D'ailleurs, il n'est plus possible aux établissements de changer son personnel après le 8 août, une fois le processus d'affectation est terminé. «Cette nouvelle mesure empêche un effet domino», a indiqué le communiqué du gouvernement. Du côté des syndicats, on soutient que ce n'est pas un «levier d'action en soi pour contrer la pénurie».
«Ça demande à tout le monde de revoir leurs façons de faire, j'en suis conscient. Cela dit, je suis convaincu que ces changements contribueront à améliorer la situation dans les prochaines années», a soutenu le ministre Drainville. «Il reste encore quelques semaines avant la prochaine rentrée et je suis convaincu qu'en travaillant ensemble, on pourra trouver les solutions nécessaires.»
Il estime que cette situation serait due en partie en raison de l'immigration. «C'est sûr que c'est un gros impact sur notre réseau scolaire» et «que ça nous met de la pression», alors « il faut que M. Trudeau nous aide un peu» et que le gouvernement fédéral «reprenne le contrôle du processus d'immigration», a dit M. Drainville, en précisant que la province a atteint sa limite.
Dans les derniers jours, des syndicats ont fait valoir que malgré la signature de nouvelles conventions collectives, le réseau de l'éducation est toujours aux prises avec une pénurie de personnel «à tous les niveaux».
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«C'est très alarmant», a réagi l'enseignant et auteur du livre Mais pourquoi l'école, Simon Bucci. «Mais, c'est tant mieux qu'il y a moins de postes à pourvoir que l'an passé.»
Selon M. Bucci, les enseignants sont d'autant plus nécessaires pour les premières années scolaires, soit à la maternelle, à la première et à la deuxième année, pour le développement de l'enfant. «On ne peut pas réinventer les profs», a-t-il dit.
La présidente de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) a fait remarquer que le tableau de bord n'inclue pas, pour le moment, les données concernant le personnel de soutien scolaire.
«Ils ont un rôle majeur à jouer dans les écoles et ce sont eux qui soutiennent beaucoup ce qui se passe dans la classe», a indiqué Mélanie Hubert, en faisant référence «aux gens des services de garde, aux psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes et ainsi de suite».
Le portrait présenté par Bernard Drainville vendredi est donc incomplet, selon la FAE.
«On espère avoir des données plus concrètes et plus globales dans les prochains jours pour avoir une meilleure idée de ce qui se passera à la rentrée», a ajouté Mélanie Hubert.
En réaction à la conférence de presse du ministre Drainville, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du réseau scolaire affirment ne pas être «étonnées» du portrait actuel de la pénurie de main d'oeuvre.
«La pénurie de personnel ne se résorbera pas en claquant des doigts; elle est multifactorielle et va bien au-delà d’un portrait momentané constitué d’une colonne de chiffres», ont mentionné par communiqué Éric Gingras, président de la CSQ, Richard Bergevin, président de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) et Jacques Landry, président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec. «Il y a une impulsion nouvelle dans notre réseau et c’est le moment de travailler à une vision commune, un projet d’avenir. [...] Ce n’est pas en morcelant les enjeux et en réagissant au cas par cas en mode relations publiques qu’on y arrivera.»
Québec solidaire a déploré également l'inaction du gouvernement de la CAQ face à cette crise dans le milieu de l'éducation.
«Sur quelle planète vit M. Drainville pour se péter les bretelles avec 5700 postes à combler à quelques jours de la rentrée? Le ministre a retenu l’information jusqu’à la dernière minute», a lâché la responsable solidaire en matière d’éducation, Ruba Ghazal. «Une autre rentrée désorganisée et stressante pour les parents et le personnel.»
«Le ministre ne fait rien pour stopper l'hémorragie», a-t-elle ajouté par communiqué, en rappelant le plan déposé par QS il y a un an. «Je suis prête à offrir mon aide, encore faut-il que la CAQ démontre que l’éducation est vraiment sa priorité.»
En réaction à la sortie du ministre de l'Éducation, la députée libérale Marwah Rizqy a indiqué qu'elle voudrait savoir combien d'enseignants recrutés sont légalement qualifiés.
«On ne sait toujours pas, les enseignants qui sont engagés, sont-ils qualifiés ou non? Ou est-ce qu'on est encore dans la formule d'un adulte par classe?» a demandé la députée libérale lors d'un échange avec La Presse Canadienne.
Plus tôt en conférence de presse, le ministre Drainville avait fait référence à cet enjeu: «Ce que l’on souhaite à terme, c’est d’avoir des enseignants qualifiés, car à l’intérieur du portrait actuel, on a des enseignants non qualifiés, qui n’ont pas de brevet si je peux résumer».