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Malgré sa récente perte de motivation, il part avec «la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli.»
«Je quitte aujourd'hui la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli.»
C'est en ces mots que le «superministre» de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, a débuté son tout dernier point de presse en tant que politicien. «Il est temps pour moi de passer à autre chose.»
M. Fitzgibbon a affirmé que la motivation était de moins en moins au rendez-vous. «Je n'étais pas prêt à m'engager à poursuivre mon mandat jusqu'à la prochaine élection et même passé décembre 2024.»
Le ténor de la Coalition avenir Québec (CAQ) dit accepter la décision du premier ministre François Legault qui lui a demandé de partir à ce «moment-ci». Il a ajouté ne pas vouloir être une distraction au sein du parti en laissant planer le doute au sujet de son avenir en politique.
Au bout du compte, il s'agit pour M. Fitzgibbon de la «bonne décision» pour le gouvernement et pour lui-même. Le poids lourd de la CAQ a ajouté qu'il quittait en étant optimiste, puisque, dit-il, François Legault reste aux commandes.
«Je pense que le Québec est chanceux d'avoir François Legault», a-t-il laissé tomber.
«Ce n'est pas facile la politique», a déclaré M. Legault, qui a accompagné M. Fitzgibbon en conférence de presse.
«Quand on s'implique en politique, il faut être impliqué à 100%. La motivation peut varier. Ce qui est important, c'est que Pierre a consacré six années de sa vie au service public. C'est une de mes grandes fiertés d'avoir réussi en 2018 à convaincre un homme de ce calibre-là de venir en politique.»
«Je pense que le Québec a été chanceux d'avoir Pierre comme ministre pendant six ans. Les résultats sont là. [...] On doit tous lui dire merci», a souligné M. Legault en vantant le bilan de M. Fitzgibbon.
Le premier ministre a notamment attribué à son ancien homme fort la réduction de l'écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada, dont l'Ontario.
M. Legault a tout de même reconnu qu'il n'était «pas toujours facile» de travailler avec M. Fitzgibbon et que les deux hommes avaient eu «de bonnes discussions». «On a toujours réussi à trouver ensemble des compromis pour être capable de rejoindre nos objectifs, nos façons de penser», a-t-il toutefois mentionné, qualifiant au passage son ancien ministre de «génie des transactions financières».
Selon le premier ministre, celui-ci était régulièrement en mesure de structurer des transactions «gagnant-gagnant» avec les entreprises avec lesquelles il faisait affaire.
Le premier ministre a écarté jusqu'à présent l'éventualité de nommer de nouveaux ministres au sein de son cabinet. Les anciennes responsabilités de M. Fitzgibbon devraient donc incomber à des membres actuels de celui-ci, M. Legault mentionnant vouloir procéder à un «ajustement ministériel» et non à un remaniement.
L'identité du ou des successeurs de M. Fitzgibbon devrait être dévoilée jeudi en après-midi, a assuré M. Legault.
La nouvelle de sa démission a créé la surprise, mardi, au sein du caucus caquiste; le ministre du Travail, Jean Boulet, a admis par exemple être sous le «choc», qualifiant le départ de M. Fitzgibbon de «perte extrêmement importante» pour la CAQ et pour tout le Québec.
À 69 ans, Pierre Fitzgibbon était considéré comme un poids lourd du gouvernement. Il cumulait les fonctions de ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, en plus d'être responsable du Développement économique régional et de la région de Montréal.
Il devait d'ailleurs amorcer l'étude de son important projet de loi 69 sur l'énergie la semaine prochaine.
Le départ de M. Fitzgibbon obligera toutefois M. Legault à remanier son cabinet et à déclencher une élection complémentaire dans Terrebonne, au moment où le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon mène dans les intentions de vote.
M. Fitzgibbon s'est défendu de briser le contrat moral avec ses électeurs de Terrebonne. «Honnêtement, six ans, je me sens très bien avec moi-même», a-t-il dit.
Il a par ailleurs ajouté qu'il conserverait toujours «une place spéciale dans son coeur» pour ses anciens électeurs.
Interrogé mercredi à savoir s'il aimerait prendre l'Économie, en plus des Finances, comme il l'a déjà fait par le passé, le ministre Eric Girard a été on ne peut plus clair: la tâche serait trop lourde.
«Le budget, la période de janvier à la fin-mars, est plutôt intense. C'est incompatible», a-t-il soutenu. «On a une excellente équipe; je pense que d'autres pourront assumer cette fonction avec brio.»
Pour sa part, Christian Dubé, un ancien vice-président de Cascades et de la Caisse de dépôt, a déclaré vouloir poursuivre le travail en Santé.
À l'instar d'Eric Girard, qui a promis de rester en poste afin de redresser les finances publiques, M. Dubé s'est engagé à terminer son mandat. «Je peux signer ça avec mon sang», a-t-il lancé.
De son propre aveu, Pierre Fitzgibbon n'a pas encore une idée précise de ce à quoi il consacrera son temps désormais. Il a toutefois été clair sur un point: il ne compte pas devenir lobbyiste.
M. Fitzgibbon ne souhaite pas non plus s'impliquer dans les médias.
Avec des informations de Caroline Plante, la Presse canadienne