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La migration par la frontière canado-américaine, dans les deux sens, sera vraisemblablement à l'ordre du jour.
Le Canada et les États-Unis s'entendent pour adopter une approche globale et à long terme au sujet de leurs défis communs en immigration, a affirmé mardi le ministre fédéral de l'Immigration, Sean Fraser, au terme d'une rencontre avec son homologue américain, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, à Washington.
Tant le gouvernement libéral, à Ottawa, que l'administration Biden, à Washington, sont sous pression actuellement dans l'arène politique en raison du nombre croissant de personnes qui choisissent d'entrer dans leur pays respectif par des voies d'entrées non officielles.
Mais ce problème ne pourra pas être résolu avec des solutions à court terme, a plaidé M. Fraser lors d'une conférence de presse tenue à l'ambassade canadienne après sa rencontre.
«Il va falloir continuer de composer avec cette réalité qu'est la migration», a soutenu le ministre.
«Mais si l'on ajoute des mesures à la frontière canado-américaine et sur tout le parcours qu'empruntent les migrants, je crois que nous pourrons faire des progrès importants dans les prochaines années.»
Ces mesures, a-t-il dit, comprennent un accès plus facile aux programmes d'immigration, la bonification des ressources humanitaires pour les personnes qui fuient la violence et une communication accrue en amont avec les personnes dans d'autres pays susceptibles de devenir des migrants irréguliers.
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«Cette approche à long terme va nécessiter une collaboration entre plusieurs pays qui sont aux prises avec l'immigration irrégulière pour réellement s'assurer d'aller attaquer le problème à la source, que ce soit la pauvreté, la violence ou la persécution», a précisé M. Fraser.
«Ce sera un dossier chaud partout dans le monde pour les prochaines générations.»
Le premier ministre du Québec, François Legault, a appelé à de nombreuses reprises ces dernières semaines le gouvernement fédéral à réagir à l'arrivée massive de migrants qui entrent de façon irrégulière dans sa province depuis les États-Unis.
En réponse, le premier ministre Justin Trudeau a admis publiquement qu'il est temps pour le Canada et les États-Unis de renégocier l'accord de 2004 qui pousse des migrants à traverser de façon irrégulière la frontière entre les deux pays.
L'Entente sur les tiers pays sûrs _ le nom officiel de cet accord _ permet au Canada et aux États-Unis de refuser les demandeurs d'asile qui arrivent de l'autre pays et qui tentent de présenter une demande d'asile à un point d'entrée officiel, sous prétexte qu'ils se trouvent déjà dans un pays dit «sûr».
Ce traité, cependant, ne couvre pas les demandes des migrants qui arrivent au Canada en entrant par des passages non officiels, comme par le chemin Roxham au Québec.
Plus de 39 000 demandes ont été déposées en 2022 par des personnes interceptées par la GRC à des points d'entrée non officiels, la grande majorité d'entre elles au Québec.
M. Fraser a révélé que M. Mayorkas et lui avaient eu une «conversation très productive» sur l'Entente et que les deux parties s'étaient engagées à «poursuivre le travail».
Mais lorsque les journalistes lui ont demandé si son homologue avait montré un quelconque enthousiasme pour renégocier l'accord, M. Fraser s'est montré prudent.
«Disons que ce n'est pas la première fois que le Canada et les États-Unis s'engagent à travailler sur des questions liées à la migration irrégulière», a mentionné M. Fraser.
«C'est une priorité commune pour de bonnes raisons. Quand nous aurons des nouvelles à partager sur des dossiers en particulier, bien sûr, nous le ferons.»
M. Legault a exhorté M. Trudeau à soulever la question de l'Entente sur les tiers pays sûrs avec le président Biden, qui devrait effectuer sa première visite officielle en personne au Canada plus tard ce mois-ci.
«Le chemin Roxham devra être fermé un jour, qu'on le veuille ou non», a écrit M. Legault dans une lettre envoyée à M. Trudeau en février.
Mais fermer le chemin Roxham ne ferait que pousser les migrants à passer vers d'autres points d'entrée non officiels, a noté M. Fraser.
M. Mayorkas, quant à lui, a été pris pour cible par des rivaux républicains du Congrès qui veulent tenir les démocrates responsables de ce qu'ils appellent une «crise» de l'immigration illégale aux États-Unis.
Certains adversaires politiques de M. Biden ont d'ailleurs commencé à parler davantage de la frontière canado-américaine, même si les problèmes de migration irrégulière sont bien loin de ceux qui touchent la frontière américano-mexicaine.
Ces élus ont formé une nouvelle coalition, le «caucus sur la sécurité à la frontière nord», composée de 28 membres républicains du Congrès qui se disent préoccupés par l'afflux de drogues et de migrants sans papiers en provenance du Canada.
D'octobre à janvier, soit les quatre premiers mois de l'exercice 2023, le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a enregistré 55 736 «rencontres» à la frontière canado-américaine, ou près de celle-ci, avec des personnes jugées inadmissibles à entrer aux États-Unis.
Cela représente plus du double des quelque 24 000 «rencontres» qui avaient eu lieu au cours des mêmes quatre mois de l'année précédente, et déjà plus de la moitié des 109 535 signalées au cours de l'ensemble des 12 mois de l'exercice 2022.