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«C'est une mesure qui rendait le travail plus intéressant financièrement et fiscalement. Est-ce que ça va en décourager certains?»
L'exclusion des travailleurs québécois âgés de 60 à 64 ans au crédit d’impôt pour prolongation de carrière, annoncée jeudi dans la mise à jour économique du ministre des Finances, inquiète le milieu des affaires.
Selon le Conseil du patronat du Québec (CPQ), en faisant passer l'admissibilité à 65 ans et plus, il y aura «certainement un impact pour attirer ou retenir des travailleurs expérimentés sur le marché du travail».
«On a certaines préoccupations sur l'impact que ça risque d'avoir parce qu'on sait que nous sommes toujours en pénurie de main-d'oeuvre et on le sera encore dans les prochaines années. (...) C'est une mesure qui rendait le travail plus intéressant financièrement et fiscalement. Est-ce que ça va en décourager certains?», a commenté la vice-présidente à la recherche et économiste en chef du CPQ, Norma Kozhaya, en entrevue.
Ce crédit d'impôt pouvait représenter pour ces travailleurs une économie d'impôt de 1540 $ par année.
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D'après l'énoncé du ministre Eric Girard, l'instauration de ce crédit a permis au Québec d'effectuer «un rattrapage dans la participation au marché du travail de ces personnes», faisant pratiquement disparaître l'écart historique avec l'Ontario.
Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) rappelle que le secteur manufacturier subit encore les impacts de la pénurie de main-d'œuvre, comptant 13 000 postes vacants actuellement.
«Avec 27 % des travailleurs âgés de plus de 55 ans, soit une proportion plus importante que la moyenne, le secteur manufacturier fera face à un mur dans les prochaines années. En ce sens, la révision du crédit d'impôt des travailleurs expérimentés n'aidera vraisemblablement pas à diminuer la pression sur le marché du travail», a réagi MEQ dans un communiqué.
Le président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) se demande aussi si la révision de cette mesure fiscale viendra renverser l'objectif recherché initialement.
«D'après moi, l'impact sur les aînés ne sera pas majeur, mais il va être majeur au niveau de l'objectif qu'on visait d'augmenter le nombre de personnes disponibles pour continuer à travailler», a affirmé Pierre Lynch, en entrevue.
Selon un sondage mené auprès des membres de l'AQDR, un bon nombre des travailleurs de 60 à 64 ans qui restent sur le marché de l'emploi le font parce qu'ils ne peuvent compter sur un régime de retraite, devant plutôt se tourner vers les prestations gouvernementales, a-t-il souligné.
M. Lynch souhaiterait d'ailleurs voir davantage de mesures pour aider les aînés les plus vulnérables.
Le milieu économique salue toutefois les sommes supplémentaires pour soutenir le secteur forestier.
Le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) se réjouit notamment de la création d'un programme de prêts de 100 millions $ afin d'appuyer les entreprises qui sont affectées, entre autres, par le conflit du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis.
Dans un communiqué, le CIFQ souligne «la détermination gouvernementale à trouver une réponse rapide et agile qui permettra d'offrir des liquidités aux entreprises en attente du remboursement des taxes payées en trop au cours des premières années du conflit».
Au total, le gouvernement Legault promet d'investir 252 millions $ additionnels sur cinq ans, ce qui devrait permettre, selon lui, des initiatives d'une valeur de 540 millions $ au cours des sept prochaines années.
MEQ estime qu'il s'agit d'un «pas dans la bonne direction pour ce secteur primordial pour plusieurs régions du Québec».
Cependant, la CSN juge que le programme de prêts «arrive tard pour un secteur qui subit des fermetures d'entreprise dans les derniers mois». Mais l'organisation syndicale qualifie de «positive» la mesure d'investissements pour le reboisement «pour faire face aux catastrophes environnementales grandissantes».
Plusieurs organisations ont commenté la mise à jour économique. Voici quelques-unes de leurs réactions.