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«Si une part de ce que les États-Unis dépensent pour la guerre était consacrée à la paix et au développement, on s’attaquerait aux causes sous-jacentes de la migration.»
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a suggéré mardi que son pays pourrait riposter en imposant aux États-Unis ses propres tarifs douaniers.
Le président américain désigné, Donald Trump, a menacé lundi d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits mexicains si le pays ne mettait pas fin au flux de drogues et de migrants à travers la frontière. Il a fait la même menace au Canada.
La présidente Sheinbaum a indiqué mardi qu’elle était prête à engager des discussions sur ces questions, mais elle a déclaré que le trafic de drogues était un problème américain.
Elle a aussi indiqué qu'une escalade de barrières tarifaires de chaque côté de la frontière mettrait en péril des entreprises conjointes, faisant référence aux constructeurs automobiles américains qui ont des usines dans les deux pays.
La présidente a ajouté que le Mexique avait fait beaucoup d'efforts pour endiguer le flux de migrants, en rappelant que «les caravanes de migrants» n’atteignaient plus la frontière américaine. Elle a également déclaré que le Mexique avait travaillé pour endiguer le flux de drogues, comme le fentanyl, un opioïde synthétique mortel, même s'il s'agit «d’un problème de santé publique et de consommation dans la société américaine».
Mme Sheinbaum a également critiqué les dépenses américaines en matière d’armement, affirmant que cet argent devrait plutôt être dépensé au niveau régional pour résoudre le problème de la migration.
«Si une part de ce que les États-Unis dépensent pour la guerre était consacrée à la paix et au développement, on s’attaquerait aux causes sous-jacentes de la migration», a-t-elle soutenu.
La réponse cinglante de Mme Sheinbaum suggère que M. Trump fait face à une présidence mexicaine très différente de celle qu’il a connue lors de son premier mandat.
À la fin de 2018, le président mexicain de l'époque, Andrés Manuel López Obrador, était un politicien charismatique et de la vieille école, qui avait su développer une relation amicale avec M. Trump. Les deux hommes ont finalement réussi à conclure un accord par lequel le Mexique aidait à éloigner les migrants de la frontière américaine — et il a accueilli les migrants expulsés d’autres pays. M. Trump a alors reculé sur ses menaces.
Mais la présidente Sheinbaum, qui a pris ses fonctions le 1er octobre, est une idéologue de gauche formée aux mouvements de protestation étudiants radicaux, et semble moins disposée à apaiser ou amadouer M. Trump.
Mais on ne sait pas vraiment à quel point la menace de M. Trump est sérieuse. L’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM) interdit d’imposer des droits de douane aux autres pays membres.
Et il n’est pas certain que l’économie puisse même tolérer des tarifs soudains sur les importations: les usines automobiles des deux côtés de la frontière dépendent les unes des autres pour les pièces et les composants, et certaines chaînes de production pourraient s’arrêter brusquement.
«C’est inacceptable et cela provoquerait de l’inflation et des pertes d’emplois au Mexique et aux États-Unis», a déclaré la présidente Sheinbaum.