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«À partir de maintenant, mes avocats s'occuperont de l'affaire pour que je puisse m'occuper de la ville.»
Le maire de New York, Eric Adams, a été inculpé jeudi d'accusations fédérales selon lesquelles il aurait obtenu de la part de ressortissants étrangers des pots-de-vin et des contributions illégales à sa campagne électorale en échange de faveurs, notamment en aidant des fonctionnaires turcs à obtenir des autorisations en matière de sécurité incendie pour un nouveau bâtiment diplomatique dans la ville.
M. Adams, un ancien capitaine de la police de New York, est accusé de conspiration, de fraude électronique et de corruption dans un acte d'accusation à cinq volets qui décrit une série de délits s'étalant sur une décennie.
Malgré l'affaire de corruption, M. Adams a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de démissionner de son poste à la tête de la plus grande ville du pays, expliquant aux journalistes qu'il espérait que les New-Yorkais attendraient d'entendre la défense de son équipe juridique avant de porter un quelconque jugement.
Alors que M. Adams et d'autres de ses proches s'adressaient aux médias, des manifestants les ont chahutés, certains scandant «abus de pouvoir» alors que la police les encerclait et l'un d'entre eux criant «C'est un maire corrompu. Il mérite d'être menotté».
Le bureau du procureur des États-Unis à Manhattan affirme dans l'acte d'accusation que M. Adams «a non seulement accepté, mais cherché à obtenir des contributions illégales» pour sa campagne électorale.
Un haut fonctionnaire de la diplomatie turque a «facilité de nombreux dons de pacotille» à M. Adams et s'est arrangé pour que M. Adams et ses compagnons bénéficient de voyages gratuits ou à prix réduit sur la compagnie aérienne nationale turque vers des destinations telles que la France, la Chine, le Sri Lanka, l'Inde, la Hongrie et la Turquie, selon les allégations de l'acte d'accusation.
L'acte d'accusation précise que le fonctionnaire recherchait l'aide de M. Adams en ce qui concerne la réglementation du consulat turc à Manhattan.
M. Adams a «augmenté ses gains» provenant des contributions illégales à la campagne en jouant avec le programme de fonds de contrepartie de la ville, qui fournit une contrepartie généreuse pour les dons de faible montant. Selon l'acte d'accusation, sa campagne a reçu plus de 10 millions $ US en fonds publics de contrepartie grâce aux fausses certifications.
M. Adams est accusé d'avoir créé et d'avoir demandé à d'autres personnes de créer de fausses traces écrites afin de suggérer à tort qu'il avait payé pour des avantages de voyage qui étaient en fait gratuits, selon les procureurs. Il aurait également effacé des messages avec d'autres personnes impliquées dans sa mauvaise conduite, assurant à un moment donné à une co-conspiratrice qu'il effaçait « toujours » ses messages textuels, selon l'acte d'accusation.
Les accusations ont été rendues publiques quelques heures après que des agents du FBI soient entrés dans la résidence officielle du maire et eurent saisi son téléphone tôt jeudi.
M. Adams a passé 22 ans dans la police de New York avant de se lancer dans la politique, d'abord comme sénateur de l'État, puis comme président de l'arrondissement de Brooklyn. Il a été élu deuxième maire noir de la ville en 2021.
Le gouverneur Kathy Hochul a le pouvoir de démettre M. Adams de ses fonctions. Son porte-parole, Avi Small, a publié une déclaration mercredi en fin de journée : «La gouverneure Hochul est au courant de ces informations préoccupantes et suit l'évolution de la situation. Il serait prématuré de faire d'autres commentaires tant que l'affaire n'a pas été confirmée par les forces de l'ordre».
L'acte d'accusation vient couronner quelques semaines extraordinaires à New York, pendant lesquelles les enquêteurs fédéraux se sont concentrés sur les membres du cercle rapproché de M. Adams et pendant lesquelles perquisitions, citations à comparaître et démissions de hauts responsables se sont multipliées.
On pense que les procureurs fédéraux mènent des enquêtes multiples et distinctes concernant M. Adams et ses principaux collaborateurs, des parents de ces collaborateurs, la collecte de fonds pour la campagne électorale et un éventuel trafic d'influence au sein des services de police et de pompiers.
Rien qu'au cours des deux dernières semaines, le commissaire de police de la ville et le directeur du système scolaire ont annoncé leur démission.
Il y a près d'un an, des agents du FBI ont saisi les appareils électroniques de M. Adams dans le cadre d'une enquête axée, du moins en partie, sur les contributions à la campagne électorale et les interactions du maire avec le gouvernement turc. Les accusations étant scellées, on ne savait pas si elles portaient sur ces mêmes questions.
Début septembre, les enquêteurs fédéraux ont saisi les appareils du commissaire de police, du directeur du système scolaire, de deux adjoints au maire et d'autres personnes de confiance à l'intérieur et à l'extérieur de l'hôtel de ville.
Tous ont nié avoir commis des actes répréhensibles.