Début du contenu principal.
Aucune violence n'était signalée en début de journée, mais on s'attend à ce que d'autres manifestations aient lieu dans les jours à venir.
Les Kényans se sont réveillés avec l'odeur âcre des gaz lacrymogènes encore présente dans la capitale mercredi, un jour après que des manifestants aient pris d'assaut le parlement et incendié une partie du bâtiment à cause d'un plan fiscal controversé.
Aucune violence n'était signalée en début de journée, mais on s'attend à ce que d'autres manifestations aient lieu dans les jours à venir. La police et les soldats patrouillaient dans les rues tandis que les employés municipaux commençaient à nettoyer les débris. Le Parlement, l'hôtel de ville et la Cour suprême ont été bouclés à l'aide de rubans adhésifs portant la mention «scène de crime, n'entrez pas».
L'armée a été déployée dans la nuit pour soutenir la police, tandis que le président William Ruto qualifiait les événements de trahison et promettait de réprimer les troubles «à n'importe quel prix».
Le Kenya est secoué depuis plus d'une semaine par des manifestations massives en opposition à un projet de loi de finances qui augmenterait les impôts, alors que les frustrations liées au coût de la vie couvent. De nombreux jeunes qui avaient contribué à l'élection de M. Ruto en applaudissant ses promesses d'amélioration de la situation économique sont descendus dans la rue pour s'opposer à la lenteur des réformes.
Des milliers de manifestants ont pris d'assaut le parlement kényan mardi, brûlant des parties du bâtiment tandis que les législateurs s'enfuyaient. La police a répondu par des coups de feu et des journalistes ont dénombré trois corps aux portes du parlement.
La Commission kényane des droits de la personne, une organisation non gouvernementale, a annoncé qu'au moins 22 personnes étaient mortes. La présidente de la commission, Roseline Odede, a déclaré aux journalistes que 300 personnes avaient été blessées lors des manifestations et que 50 personnes avaient été arrêtées.
Herman Manyora, professeur à l'université de Nairobi, a prévenu que les manifestations organisées par les jeunes pourraient s'intensifier si le président n'adoptait pas une approche plus conciliante.
«Nous nous attendions à ce qu'il prenne conscience de la gravité du problème et qu'il fasse preuve d'empathie à l'égard des jeunes, a déclaré M. Manyora. Au lieu de cela, les gens ont vu un président en colère qui lit une loi anti-émeute à la nation.»
Les autorités ont déclaré que la police avait tiré plus de 700 balles à blanc pour disperser les manifestants dans la banlieue de Githurai, à l'est de la capitale Nairobi. Des vidéos de tirs perçant l'air nocturne ont été diffusées en ligne.
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'est dit profondément attristé par les informations faisant état de morts et de blessés.
«J'exhorte les autorités kényanes à faire preuve de retenue et j'appelle à ce que toutes les manifestations se déroulent pacifiquement», a-t-il écrit sur le réseau social X.
À Nairobi, plaque tournante régionale pour les expatriés et siège d'un complexe des Nations unies, les inégalités entre les Kényans se sont aggravées, tout comme les frustrations de longue date liées à la corruption de l'État.
L'opposition au projet de loi de finances a uni une grande partie du pays, certains rejetant explicitement les divisions tribales qui ont déchiré le Kenya par le passé. Certains, qui avaient soutenu M. Ruto avec passion, se sont sentis trahis.
Un journal kényan, Daily Nation, a appelé au dialogue. «Raisonnons ensemble», pouvait-on lire en première page.
Citizen TV, une chaîne de télévision locale, a organisé un débat intitulé «Une nation au bord du gouffre», au cours duquel les intervenants ont appelé le gouvernement à dialoguer avec le public.