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Deux décennies après le début de leur mission visant à rendre le monde plus «funk», Chromeo affirme qu'il reste encore beaucoup de jus dans leur réservoir.
Deux décennies après le début de leur mission visant à rendre le monde plus «funk», Chromeo affirme qu'il reste encore beaucoup de jus dans leur réservoir.
Avec la sortie du sixième album studio du duo montréalais la semaine dernière, David Macklovitch et Patrick Gemayel ont beaucoup de choses en tête, notamment sur le manque persistant d'appréciation du funk dans l'industrie musicale en général.
«Aucun de nos héros n'a reçu la reconnaissance qui lui revient», confie Patrick Gemayel, le claviériste et opérateur de pédale «talk box» de Chromeo.
«Pourquoi n'y a-t-il pas de catégorie funk dans la plupart des remises de prix musicales ?» ajoute David Macklovitch, le chanteur et guitariste principal qui se produit sous le nom de «Dave 1».
«Où est l'œuvre de toute une vie de Bootsy Collins ou de George Clinton? Ces personnes méritent d'être honorées.»
Voici seulement la pointe des frustrations de Chromeo quant à la façon dont l'histoire du genre est négligée par une communauté musicale plus large qui a beaucoup parlé de redresser le navire de la représentation historique.
Ils se réfèrent au Temple de la renommée du rock and roll, qui comprend quelques intronisations funk telles que James Brown et Parliament Funkadelic, mais pas Rick James.
«Quand va-t-il avoir son nom sur un piédestal comme Brian Eno?», demande Patrick Gemayel, faisant référence au pionnier de la musique ambiante intronisé membre du groupe de rock Roxy Music en 2019.
Même le vaste catalogue de documentaires musicaux de Netflix n'en contient pas un consacré à l'histoire du funk ou à l'un de ses artistes les plus éminents, ajoute-t-il.
Parler de ces omissions stimule les musiciens dès le début d'une conversation sur ce qui maintient Chromeo en marche aujourd'hui.
Assis dans un studio industriel reconverti à Toronto, décoré de meubles recyclés et d'étagères de livres usagés, ils reconnaissent que le groupe aurait facilement pu s'essouffler en tant qu'acte novateur de l'ère des blogues internet dans laquelle il a émergé.
Au lieu de cela, il a dépassé ses critiques et a décroché son plus gros succès dans les palmarès de 2014 avec la chanson pop-synthé Jealous (I Ain't With It), qui a grimpé au 12e rang du Billboard Canada Hot 100.
Une décennie plus tard, Chromeo semble plus déterminé que jamais à honorer le sous-ensemble de l’histoire de la musique qui leur a donné leur son.
«Même si le funk est de retour aujourd'hui dans la musique pop, ce n'est en réalité qu'un éclat», explique Patrick Gemayel, surnommé «P-Thugg».
«Il y a de beaucoup d'autres facettes que les gens n'ont pas encore vues.»
Adult Contemporary marque le plus récent chapitre de l'odyssée funk de Chromeo et son premier véritable album en six ans. Comme les disques précédents, les chansons sont imprégnées de clins d'œil ludiques à leurs ancêtres funk, sauf que cette fois, les musiciens y ajoutent une pincée de maturité, étant deux hommes dans la quarantaine.
[I Don't Need A] New Girl ouvre l'album sur un ton particulièrement sérieux, une déclaration rythmée indiquant que l'œil errant d'un homme est enfin maîtrisé. Lonesome Nights dérive doucement à travers une histoire d'amoureux éloignés sur un lit de sons électroniques.
Il y a encore de la place pour les observations loufoques de Chromeo sur les relations. Le groupe trouve son rythme de croisière sur Personal Effects, une ode aux jeux d'esprit d'une rupture lorsque l'une des personnes laisse ses affaires derrière elle comme un rappel à son ex.
Ils décrivent Adult Contemporary comme un retour à leurs racines après que leur album largement collaboratif de 2018, Head Over Heels, s'est davantage appuyé sur la contribution d'autres musiciens et écrivains. Le nouvel album ne compte que la chanteuse britannique La Roux, surtout connue pour son succès synthé-pop de 2009, Bulletproof, qui se joint au groupe dans la chanson Replacements.
«Nous voulions tout faire nous-mêmes comme nous l'avions fait pour notre premier album, explique David Macklovitch, mais en conservant toutes les techniques et toutes les astuces que nous avons apprises.»
Chromeo entreprend une tournée de concerts aux États-Unis et en Europe au cours de l'été avant de se produire au Canada à l'automne.
Cela arrive à un moment où leur unité en tant que partenariat musical arabo-juif canadien se juxtapose à la guerre entre Israël et le Hamas, ce qui soulève la question de leur position dans le conflit.
«Nous avons toujours défendu la solidarité interculturelle, admet David Macklovitch. Il s'agit de construire des ponts, de trouver des points communs et de traiter les autres cultures avec respect.»
Patrick Gemayel ajoute : «Nous nous inspirons de la musique noire des années 80; je suis un Arabe canadien; Dave est un juif canadien. C'est la même chose, un échange de culture.»
«S'il n'y a rien de tout cela, il n'y a pas de Chromeo. Il n'y a pas de paix dans le monde. Il n'y a rien», ajoute-t-il.
«C'est toujours la même discussion en fin de compte.»
Même si leur partenariat reste solide, ils poursuivent leur quête continue d'appréciation du funk. Il reste encore beaucoup à dire et à explorer avant que Chromeo ne termine son histoire, raconte Patrick Gemayel.
«Je ne sais même pas comment l'histoire se termine», conclut son partenaire musical.