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La mesure est temporaire et s’étend sur deux ans.
Le gouvernement Trudeau a décidé de plafonner le nombre d’étudiants étrangers pour deux ans, a-t-il été annoncé lundi par le ministère de l’Immigration.
«Certaines provinces ont perdu le contrôle», a déclaré le ministre Marc Miller en conférence de presse.
La mesure touchera moins le Québec, qui accueille moins d’étudiants étrangers que l’Ontario ou la Colombie-Britannique.
En 2024, 364 000 visas seront émis au Canada, soit une baisse de 35% par rapport aux près de 560 000 délivrés en 2023. En Ontario toutefois, cette réduction s’élèvera à 50%, voire plus.
Le chiffre pour 2025 sera fixé après une évaluation de la situation plus tard cette année, a indiqué le ministre Miller.
Le ministre Miller a fait cette annonce tandis que le cabinet de Justin Trudeau est réuni pour une retraite de trois jours à Montréal afin de préparer la prochaine session parlementaire.
EN COURS
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) January 22, 2024
Étudiants étrangers : le ministre de l’Immigration annonce un plafond temporaire de 2 ans du nombre d’étudiants étrangers
«Certaines provinces ont perdu le contrôle!», admet @MarcMillerVM #immigration #polqc pic.twitter.com/GXKQZsO4fU
Cela survient également cinq mois après la dernière retraite du cabinet à Charlottetown, au cours de laquelle M. Miller et le ministre du Logement, Sean Fraser, avaient commencé à lancer l'idée de plafonner les visas d'étudiants internationaux.
Le ministre Miller a promis à plusieurs reprises ces derniers mois de trouver des solutions à l'afflux d'étudiants internationaux qui, selon lui, contribue à une pénurie de logements à travers le pays.
Le plafond s'appliquera uniquement aux étudiants de premier cycle de niveau postsecondaire, et non à ceux qui demandent un visa pour des programmes de maîtrise ou de doctorat, ou encore aux élèves du primaire et du secondaire.
Le ministre Miller espère que ces plafonds donneront aux gouvernements fédéral et provinciaux le temps de freiner un système qui, selon lui, profite des droits de scolarité élevés imposés aux étudiants étrangers tout en offrant, dans certains cas, un enseignement médiocre.
«C'est un peu le bordel», a déclaré le ministre Miller à propos du système de visa étudiant actuel. «Il est temps de le maîtriser.»
La ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, a estimé qu'«encore une fois, le gouvernement fédéral rate la cible» et que l'annonce du ministre Miller n'aura «qu'un effet limité» sur la situation au Québec.
«L'urgence pour Ottawa, c'est d'agir rapidement sur le dossier des demandeurs d'asile», a-t-elle écrit sur le réseau social X. Selon elle, Ottawa «doit mieux répartir l'accueil de ces personnes à travers l'ensemble des provinces et rembourser le Québec pour les dépenses encourues au cours des dernières années».
Il doit mieux répartir l’accueil de ces personnes à travers l’ensemble des provinces et rembourser le QC pour les dépenses encourues au cours des dernières années. L’annonce de ce matin du ministre @MarcMillerVM n’aura qu’un effet limité sur la situation au QC. 2/2 #polqc #polcan
— Christine Fréchette (@CFrechette) January 22, 2024
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a affirmé lundi qu'il fallait «limiter le nombre d'étudiants étrangers parce qu'on n'a pas la capacité d'accueil» et parce que «le système est en chaos total» de l'aveu même des libéraux, selon lui.
«Le ministre actuel dit que le système est hors de contrôle», a indiqué M. Poilievre lundi matin lors d'un point de presse à West Vancouver. «Ça n'a jamais été le cas avant Justin Trudeau: c'est lui qui a décidé de massivement augmenter les chiffres.»
«Avant Justin Trudeau, il y a eu un consensus de gros bon sens parmi tous les politiciens municipaux, provinciaux, fédéraux, libéraux, conservateurs. On était tous d'accord que le système était le meilleur au monde avant lui. Mais maintenant, selon les mots de son ministre de l'Immigration, il y a le chaos total dans le système.»
Au Bloc québécois, le porte-parole en matière d'immigration, Alexis Brunelle-Duceppe, a déploré le fait que les libéraux, «encore une fois, agissent sans avoir consulté le Québec et les provinces, comme une motion unanime du Parlement les y enjoint pourtant».
«La seule certitude que nous ayons est que le changement annoncé concernant les permis de travail ouverts pour les conjoints d'étudiants internationaux va frapper de plein fouet nos institutions post-secondaires dans les régions», soutient le député de Lac-Saint-Jean dans une déclaration écrite.
Plus de 900 000 étudiants étrangers avaient un visa pour étudier au Canada l'année dernière, bien que les visas soient délivrés pour trois ans à la fois, de sorte qu'ils n'ont pas tous été nouvellement admis au Canada en 2023. Le nombre total d'étudiants étrangers est trois fois plus élevé qu'il y a dix ans.
Le gouvernement fédéral délivre les visas, mais ce sont les provinces qui autorisent les établissements d'enseignement à admettre les étudiants étrangers. Chaque province a ses propres critères pour décider quels établissements peuvent être désignés.
M. Miller a déjà eu des mots très durs à l'égard de ce qu'il appelle des «établissements sans scrupules» qui seraient créés dans le seul but de profiter des droits de scolarité élevés payés par les étudiants étrangers sans offrir en retour une éducation solide.
Dans certains cas, ces «établissements d'enseignement» constitueraient un moyen d'entrer au Canada pour ces étudiants, qui peuvent ensuite transformer leur visa étudiant en résidence permanente.
«Ce n'est pas l'intention de ce programme (de visas étudiants) d'avoir de faux diplômes en commerce ou en administration qui sont offerts en haut d'un salon de massage, qui n'est même pas fréquenté physiquement, et (qui attirent des étudiants qui) viennent ensuite dans la province et conduisent un Uber», a déclaré M. Miller. «Si vous avez besoin d'un canal dédié aux chauffeurs Uber au Canada, je peux le mettre sur pied, mais ce n'est pas l'intention du programme de visas pour étudiants étrangers», a-t-il ajouté.
M. Miller avait prévenu les provinces à l'automne qu'il s'attendait à ce qu'elles prennent des mesures pour empêcher les dirigeants d'établissements qui ne respectent pas l'éthique de profiter du programme de visa, sinon il imposerait des plafonds qui pourraient ne pas leur plaire.
Il a déclaré lundi que certaines provinces avaient commencé à prendre des mesures, mais que dans la plupart des cas, cela n'avait pas été assez rapide. Il a déclaré que le gouvernement fédéral travaillerait avec les provinces.
Le gel des frais de scolarité et les réductions provinciales du financement des universités et des collèges ont poussé de nombreux établissements d'enseignement à dépendre fortement des droits de scolarité des étudiants étrangers, plus élevés, et à en recruter davantage pour maintenir leur équilibre budgétaire. En 2022, 70 % de tous les droits de scolarité payés aux établissements de l'Ontario provenaient d'étudiants étrangers.
Le ministre Miller a aussi déclaré lundi qu'Ottawa interdirait aux étudiants des établissements qui suivent un modèle privé-public d'accéder à des permis de travail de troisième cycle à compter du 1er septembre.
Et dans quelques semaines, les permis de travail ouverts ne seront disponibles que pour les conjoints des étudiants inscrits à des programmes de maîtrise et de doctorat, ainsi qu'à des programmes professionnels comme la médecine et le droit.