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«Les prix élevés aveuglent le jugement des gens sur les perspectives économiques à long terme du gaz naturel», soutient une experte.
L'idée de dépendre du gaz naturel liquéfié pour se libérer du carbone ne plaît pas tellement à une experte de l'Institut international du développement durable.
La forte demande et la hausse des prix provoquées par la guerre en Ukraine ont donné de l'ardeur à ceux qui prétendent que le gaz naturel liquéfié peut remplacer l'énergie au charbon à l'échelle de la planète.
Les opposants soulignent que c'est une vision à court terme. C'est aussi une notion contre-productrice qui ignore l'économie et les réalités du terrain tant au Canada que dans les autres pays.
Nichole Dusyk dit que les sources d'énergie comme le vent et le soleil deviennent de plus en plus rentables. Elle ajoute que ces sources ont aussi l'avantage de ne pas être la dernière fantaisie des forces du marché.
Le Canada ne peut pas exporter proprement son gaz naturel, ce n'est pas un secret, souligne Mme Dusyk. Et même s'il y parvenait, il serait alors trop tard pour répondre à la demande actuelle.
«Les prix élevés aveuglent le jugement des gens sur les perspectives économiques à long terme du gaz naturel, soutient-elle. Mais le gaz naturel est sur la pente descendante.»
Le Japon, hôte d'un sommet du G7 sur le climat, a fait l'objet des critiques pour avoir proposé une stratégie fondée sur une exploitation massive du gaz naturel liquéfié, de l'ammoniaque et autres produits dérivés afin de réduire les émissions.
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Les ministres de l'Environnement des autres membres du G7 ont repoussé la suggestion du Japon d'inclure des éléments de langage favorables au gaz naturel liquéfié dans une ébauche du communiqué.
Le Centre de l’avenir des affaires de la Chambre de commerce du Canada a récemment publié un rapport recommandant l'accélération de la mise en place des capacités d’exportation et faire la promotion du gaz naturel liquéfié comme solution de rechange au charbon.
«Nous sommes à une époque étrange», sourcille Mme Dusyk en notant que la condamnation générale de la Russie — longtemps, l'un des plus principaux fournisseurs des pays européens — a créé un engouement à court terme pour le gaz naturel.
«L'Europe recherche intensément des solutions de rechange, mais ne considère pas le gaz naturel liquéfié comme une solution à long terme.»
Selon Mme Dusyk, il existe un «décalage fondamental» entre les capacités canadiennes et les besoins immédiats de l'Europe et des autres pays autrefois dépendants de la Russie.
Selon l'Institut, l'Union européenne ne sera plus dépendante de la Russie dès 2025. Le Canada n'aura pas alors résolu ses problèmes de capacité d'exportation.
Le Canada peut sans doute compter sur d'abondantes réserves de gaz naturel, mais n'a pas les infrastructures pour les exporter outre-mer. Le processus de liquéfaction consomme beaucoup d'électricité qui ne pourra pas être utilisée pour recharger les batteries des véhicules électriques, ajoute Mme Dusyk.
Selon la Chambre de commerce du Canada, les infrastructures nécessaires aux exportations de gaz naturel liquéfié pourraient éventuellement être converties pour permettre une transition vers l’hydrogène.
Toutefois, Mme Dusyk dit n'avoir pas encore lu une seule étude suggérant qu'une telle conversion serait réalisable.