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Le Festival de Cannes a déroulé mardi son célèbre tapis rouge, qui sera foulé dans la soirée, pour l'ouverture officielle, par l'acteur Johnny Depp lancé dans une tentative de retour très contestée.
Le Festival de Cannes a déroulé mardi son célèbre tapis rouge, qui sera foulé dans la soirée, pour l'ouverture officielle, par l'acteur Johnny Depp lancé dans une tentative de retour très contestée.
Sous une affiche où trône Catherine Deneuve, ce tapis a été mis en place sur les 24 marches du Palais des Festivals, à quelques heures de la cérémonie d'ouverture qui sera présentée par sa fille, Chiara Mastroianni.
De quoi accueillir le retour d'une star déchue , écartée des plateaux de Hollywood et qui revient par la grande porte: Johnny Depp, 59 ans. La réalisatrice Maïwenn lui a confié le rôle principal, celui de Louis XV, dans Jeanne du Barry, le film d'ouverture, dont elle tient le rôle principal, celui de favorite du roi.
Le retour sur la Croisette de l'ancien Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes, qui s'était présenté comme une «victime de la cancel culture» et d'une intransigeance post-#MeToo de l'industrie du cinéma à l'égard des auteurs de violences, présumées ou reconnues, est symbolique.
Interrogé sur le choix du film en ouverture de Cannes, le délégué général du Festival Thierry Frémaux a souligné s'intéresser à Depp «comme acteur», auquel rien n'interdisait de tourner, et dont la prestation dans le film est «extraordinaire»: «Je n'ai qu'une seule conduite dans la vie, la liberté de penser, de parler, d'agir dans le cadre de la loi», a-t-il ajouté.
Il assure n'avoir pas suivi la saga judiciaire ultra-médiatisée qui a opposé Depp à son ex-épouse, l'actrice Amber Heard, avec accusations réciproques de violences conjugales et de diffamation.
Johnny Depp a finalement remporté le procès pour diffamation qui s'est tenu aux États-Unis, mais Amber Heard a dû subir un torrent d'attaques misogynes. Et c'est finalement elle qui a depuis disparu de la scène publique, après avoir «perdu foi dans le système judiciaire américain».
Interrogée par l'AFP sur sa décision d'embaucher Johnny Depp, Maïwenn a expliqué avoir tourné «l'été dernier, (alors qu'il) sortait de son deuxième procès. J'avais plein d'inquiétudes, je me disais: qu'est-ce que son image va devenir?»
Plus largement, la réalisatrice (Le bal des actrices, Mon roi...) «savait très bien à quoi (elle) s'exposait en montrant un acteur américain dans ce rôle».
«Je me suis dit (...): il vaut mieux un acteur qui se donne corps et âme plutôt qu'un qui y va du bout des doigts», a-t-elle poursuivi.
Maïwenn elle a des déboires avec la justice, après avoir récemment agressé le patron de Mediapart Edwy Plenel dans un restaurant.
Au-delà, la projection de «Jeanne du Barry» marque le coup d'envoi officiel de la 76e édition du plus grand festival de cinéma au monde, qui pourrait être percuté par l'actualité sociale: la CGT a promis de «faire son cinéma» et d'utiliser la caisse de résonance médiatique du festival pour exprimer son opposition à la réforme des retraites.
Mardi, ce sont 500 cinéastes d'art et essai renommés, dont Nicole Garcia, Jacques Audiard ou Olivier Nakache et Eric Toledano, qui ont profité du festival pour diffuser une tribune défendant leurs droits en tant qu'artistes, face aux ingérences de l'industrie.
Après les festivités, la course à la Palme d'or sera lancée mercredi avec la projection de Monster, du Japonais Hirokazu Kore-Eda, qui brigue un deuxième sacre après Une affaire de famille (2018). Le jury, présidé par Ruben Östlund, se sera auparavant retrouvé pour donner sa première conférence de presse.
Autour du réalisateur suédois, qui a remporté l'an dernier sa deuxième Palme avec Sans Filtre: un jury rajeuni avec plusieurs trentenaires comme l'acteur américain Paul Dano (The Fabelmans, There Will Be Blood), sa compatriote Brie Larson (Captain Marvel) ou la réalisatrice française Julia Ducournau (Palme d'or 2021 pour Titane). Au total, 21 films sont en compétition dont sept de réalisatrices, un record.