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Un juge a prolongé une injonction jusqu'à la mi-juin pour protéger un campement de sans-abri du centre-ville, sous une autoroute de Montréal.
Les sans-abri qui vivent dans un campement sous une autoroute du centre-ville de Montréal pourront rester là où ils sont jusqu'à la mi-juin, a statué une juge lundi, ce qui aura toutefois comme impact de retarder une fois de plus le début des travaux majeurs prévus sur cette infrastructure vieillissante.
La juge de la Cour supérieure Suzanne Courchesne a entériné lundi un accord conclu par les avocats du ministère des Transports et les 15 à 20 personnes qui campent sous l'autoroute. Certains travaux limités, qui n'affectent pas le campement, pourront donc s'amorcer.
C'est la troisième fois que l'on évite aux campeurs d'être expulsés et déplacés par le ministère des Transports, qui tente depuis septembre de les expulser et de commencer les travaux de réparation de l'autoroute Ville-Marie.
Selon le directeur de la Clinique juridique itinérante, Me Donald Tremblay, cette nouvelle décision de la juge Courchesne représente une victoire pour les itinérants qui vivent dans le campement. Elle permettra aussi aux deux parties de prendre plus de temps pour trouver une solution plus humaine.
«Il faut les reloger - ce ne sont pas des chiens ou des chats errants, a-t-il rappelé en mêlée de presse. Ce sont des gens avec des problèmes de santé très graves qui ont besoin d'aide.
«En tant que société, il faut se demander comment on aide les personnes les plus vulnérables.»
Me Tremblay espère que les deux parties pourront s'entendre à l'amiable. Il compte d'ailleurs sur la bonne foi du gouvernement pour trouver une façon de loger les personnes qui vivent actuellement dans les tentes.
La petite communauté qui s'est formée sous l'autoroute a reçu un premier avis d'expulsion en novembre, mais le ministère des Transports a reporté ses plans afin de trouver un compromis avec les campeurs. Toutefois, puisqu'aucun compromis n'avait été trouvé, l'expulsion a été reportée à la fin du mois de mars.
Avant la décision rendue lundi, la Clinique juridique itinérante de Me Tremblay avait déjà obtenu deux autres injonctions du tribunal pour repousser l'expulsion des campeurs.
Le dossier doit revenir en cour à la fin du mois de mai. Les avocats pourraient alors demander un sursis jusqu'à la mi-juillet, à moins d'un accord avec le gouvernement.
Le directeur général du refuge de jour Résilience Montréal, David Chapman, espère que l'injonction de lundi va encourager le gouvernement à réfléchir à ce qui peut être fait pour aider ces itinérants.
«C'est une autre petite victoire pour les droits de la personne», a-t-il salué.
«Du point de vue de Résilience Montréal, nous sommes heureux de négocier avec le gouvernement du Québec pour trouver une façon de loger ces gens-là. Malheureusement, jusqu'à présent, il n'y a pas eu beaucoup d'efforts réels de leur part pour s'engager dans une telle négociation», a déploré M. Chapman.
Michel Chabot, qui vit dans une tente sous l'autoroute depuis 10 mois, a avoué qu'il aimerait qu'on lui propose de déménager dans un appartement dont le loyer serait subventionné.
«Ils ne peuvent pas nous mettre à la rue, nous sommes déjà dans la rue», a rappelé M. Chabot.
L'avocat Éric Préfontaine, qui a représenté les campeurs devant le tribunal, a affirmé qu'une intervention politique de la part d'un ministre serait certainement utile dans ce dossier.
«Je crois que le gouvernement ne semble pas vouloir créer un précédent en trouvant une solution spécifique pour ces 15 à 20 personnes», a toutefois noté Me Préfontaine.
«D'une part, il ne veut pas créer de précédent, mais d'autre part, il serait beaucoup moins coûteux de trouver une solution plutôt que d'ajouter des délais», a-t-il soutenu.