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Une coroner demande au gouvernement du Québec de réduire le temps nécessaire pour amener à l'hôpital des patients de régions éloignées, après le décès d'un bébé de sept mois de la communauté atikamekw de Manawan.
Un bébé de sept mois de la communauté atikamekw de Manawan mort d'une méningite en avril aurait peut-être survécu s'il n'avait pas fallu autant de temps pour l'emmener à l'hôpital, conclut une coroner.
La petite Niteïyah Chilton est décédée en avril dernier d'une méningite bactérienne à l'hôpital Sainte-Justine. Il s'était écoulé plus de cinq heures et demie entre l'appel initial au 9-1-1 et son arrivée en ambulance à l'hôpital de Joliette, d'abord. Et au total plus de huit heures et demie avant son arrivée à l'urgence de Sainte-Justine, à Montréal.
La coroner Géhane Kamel écrit dans son rapport que ce long délai d'accès aux soins a fort probablement eu un impact sur les chances de survie de l'enfant.
«Dans ce contexte, et compte tenu de l'évaluation médicale initiale, il m'apparaît fort probable que des délais de cette importance ont eu un impact sur la survie de l'enfant et méritent qu'on réfléchisse à des moyens pour les réduire et ainsi éviter que cela ne se reproduise», écrit la coroner dans son rapport daté du 21 octobre.
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Une infirmière du dispensaire de Manawan, communauté située à environ 250 kilomètres au nord de Montréal, avait appelé le 9-1-1 le soir du 2 avril, le bébé souffrant de convulsions et de problèmes respiratoires. La petite avait commencé à montrer des symptômes le 31 mars, mais l'infirmière avait d'abord dit à ses parents de lui donner des Tylenol, selon le rapport.
Le soir du 2 avril, le service ambulancier local était déjà débordé, ce qui a obligé la famille à attendre plus d'une heure 45 avant qu'une ambulance n'arrive finalement d'une autre localité.
L'enfant est arrivée à l'hôpital régional de Joliette à 2 h 30 le 3 avril. Peu de temps après, les médecins ont décidé de la transférer à l'hôpital Sainte-Justine, ce qui a entraîné une attente supplémentaire de 30 minutes pour une autre ambulance. L'enfant n'est arrivée à Montréal qu'à 5 h 30, plus de huit heures et demie après le premier appel au 9-1-1 la veille. À ce moment-là, son pronostic était sombre. Le décès a été prononcé le lendemain matin, 4 avril.
La coroner Kamel conclut dans son rapport que l'enfant est morte d'une méningite bactérienne «consécutivement à des soins d'urgence reçus trop tardivement».
Dans son rapport, la coroner souligne les pénuries de personnel et les horaires difficiles dans le secteur ambulancier, particulièrement en régions éloignées, qui «contribuent malheureusement à la pauvreté des services offerts à la population de Manawan».
Compte tenu du manque de ressources dans les communautés éloignées, elle exhorte le gouvernement à réfléchir à des solutions qui sortent du cadre établi.
Cela pourrait inclure, écrit-elle, une équipe de professionnels de la santé qui prodiguent des soins préhospitaliers dans les communautés autochtones. Elle soutient également qu'il faudrait trouver un moyen plus rapide d'amener les patients gravement malades à l'hôpital.
Bien que le transport par avion soit disponible dans certaines communautés, les hélicoptères seraient plus polyvalents pour les patients des régions éloignées, estime-t-elle.
Mme Kamel souligne que le ministère de la Santé et des Services sociaux a déjà élaboré un «vaste projet de transformation des services préhospitaliers d'urgence», incluant la possibilité d'un transport par hélicoptère, suite à un autre rapport du coroner l'an dernier. Elle a donc exhorté le gouvernement à accélérer la mise en place de ce processus autant que possible, afin d'éviter davantage de décès.
Dans un communiqué, une porte-parole du ministère de la Santé offre ses condoléances à la famille et aux proches de l'enfant. Noémie Vanheuverzwijn souligne ensuite que de nombreux changements sont en cours, notamment un investissement de 800 000 $ annoncé cet été pour améliorer les services préhospitaliers dans la zone desservant Manawan.
«Il y a maintenant la possibilité à Manawan d'avoir deux ambulances en tout temps. Il faut que l'entreprise en fasse le déploiement suite à l'annonce», indique Mme Vanheuverzwijn.
Au niveau provincial, le ministère confirme qu'une nouvelle politique gouvernementale sur les services préhospitaliers d'urgence a été adoptée en juin et qu'un plan d'action découlant de cette politique est en préparation.
«La politique gouvernementale adoptée en juin 2022 prévoit un service héliporté au Québec», précise la porte-parole. Le plan d'action prévoit aussi une révision de la couverture préhospitalière dans les «territoires non organisés», ainsi que la place et le rôle des «premiers répondants élargis», ajoute Mme Vanheuverzwijn.