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Le face-à-face de mardi éclipsera le débat de juin en tant que moment décisif de l'élection.
Kamala Harris transmettra son message directement à Donald Trump lors d'un débat qui, selon les experts, s'annonce comme un moment crucial en vue des élections américaines de novembre.
«C'est peut-être la seule fois où les électeurs américains verront Kamala Harris et Donald Trump interagir directement sur scène», a souligné Allison Prasch, professeure associée à l'Université du Wisconsin.
«Je pense qu'il s'agit probablement des 90 minutes les plus importantes de toute cette saison électorale», a-t-elle ajouté.
Les deux candidats se rencontreront sur scène à Philadelphie lors du deuxième débat présidentiel de la campagne. Ce débat vient couronner un été tumultueux pour les deux partis, qui a vu la tentative d'assassinat de l'ancien président, la reconfiguration complète de l'équipe démocrate et les difficultés rencontrées par les républicains pour répondre à leur nouvelle adversaire.
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Le premier débat présidentiel, en juin, a été un moment charnière pour les démocrates. M. Trump s'est facilement imposé face à un président Joe Biden incohérent.
Cette contre-performance a accéléré une cascade d'inquiétudes quant à l'acuité mentale du président sortant et à sa capacité à remporter l'élection, ce qui a conduit M. Biden à se retirer de la course.
Le face-à-face de mardi éclipsera le débat de juin en tant que moment décisif de l'élection.
«C'est le moment visuel et discursif où deux choix se côtoient», a déclaré Mme Prasch, experte de la rhétorique présidentielle américaine.
Les enjeux sont extrêmement importants dans cette course serrée. Mme Harris a vu les sondages pencher légèrement en sa faveur dans certains États importants, car elle bénéficie d'une vague d'enthousiasme depuis qu'elle a pris la tête du Parti démocrate. Mais les écarts en Pennsylvanie, où se déroule le débat, restent minces.
Matthew Lebo, spécialiste de la politique américaine à l'Université Western de London, en Ontario, estime que cet État constitue le plus grand champ de bataille de la course.
Alors que Philadelphie est généralement un bastion démocrate, la Pennsylvanie s'est transformée en un État qui devrait être crucial pour remporter la présidence. M. Trump a gagné cet État en 2016 avant qu'il ne revienne à M. Biden en 2020 - chaque fois de façon serrée.
L'affrontement de mardi mettra les compétences de Mme Harris à l'épreuve à moins de 60 jours de l'élection. Elle devra aller à la rencontre des électeurs et présenter ses politiques, tout en tenant à distance les attaques de M. Trump.
L’actuelle vice-présidente devrait s'appuyer sur son expérience de procureure et sur les sentiments d'espoir et de joie que sa campagne a suscités depuis le retrait de M. Biden.
Selon Mme Prasch, un débat réussi pour Mme Harris impliquerait également une communication claire sur ses politiques en matière d'économie, de la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que sur les problèmes qui touchent les «citoyens ordinaires» quotidiennement.
Les Canadiens seront probablement à l'écoute des projets concernant le commerce international. Quel que soit le vainqueur de l'élection, il sera au pouvoir lors de la révision du pacte commercial entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, en 2026.
Beaucoup d’observateurs s'attendent à ce que Mme Harris suive la voie de son prédécesseur en ce qui concerne les relations entre le Canada et les États-Unis. Toutefois, Mme Harris a été l'une des 10 membres du Sénat à voter contre l'accord trilatéral sous la présidence de M. Trump, jugeant qu'il ne protégeait pas suffisamment les travailleurs américains et l'environnement.
De son côté, M. Trump a lancé des idées qui perturberaient le commerce mondial et a déjà fait part de son intention d'imposer des droits de douane de 10 % sur les importations.
M. Lebo ne s'attend cependant pas à obtenir mardi beaucoup d'informations sur les questions que se posent les Canadiens.
À son avis, le plus grand défi de M. Trump sera de rester fidèle à son message et d'éviter les commentaires qui pourraient être perçus comme misogynes ou racistes.
Dans les derniers instants du troisième débat présidentiel en 2016, M. Trump avait qualifié Hillary Clinton de «femme méchante». Face à Mme Harris, une adversaire difficile pour M. Trump jusqu'à présent, M. Lebo croit que les commentaires du président pourraient dévier vers un terrain similaire.
«Il s'écartera de son scénario, a-t-il avancé. Lorsqu'il sera sur scène avec Mme Harris et qu'elle aura de très bonnes réponses, elle ne lui accordera pas le respect qu'il pense mériter et je ne sais pas s'il sera capable de se contenir.»
Avant le débat, M. Trump a critiqué le format et les modérateurs d'ABC News, affirmant qu'il ne serait pas traité équitablement. Il a déclaré sur les médias sociaux qu'il ne serait pas autorisé à se tenir debout sur des boîtes ou sur un monte-charge pendant le débat.
«Ce serait une forme de tricherie, et les démocrates trichent suffisamment», a-t-il lancé samedi.
Selon M. Lebo, cette rhétorique peut être efficace auprès de la base des partisans de M. Trump, mais il estime que le milliardaire «a besoin de plus que sa base».