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«La population vaccinée ne peut plus souffrir en silence les contraintes des mesures sanitaires pendant que les personnes non vaccinées occupent un lit sur deux en courte durée et la majorité des lits aux soins intensifs.»
Le Collège des médecins du Québec enjoint le gouvernement à «accélérer la cadence pour mettre en place les mesures permettant de limiter le nombre de contacts avec les personnes non vaccinées».
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Le président du Collège, le Dr Mauril Gaudreault, a affirmé son soutien à la future obligation de troisième dose pour détenir un passeport vaccinal, écrivant, dans une lettre publiée vendredi, que son arrivée «doit se faire plus rapidement et couvrir un vaste ensemble de commerces et de lieux publics».
Déjà, jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait annoncé qu'une preuve vaccinale sera nécessaire pour faire des achats à la SAQ et à la SQDC dès le 18 janvier. Il avait alors prévenu qu'il prévoyait «ajouter des services ou des commerces non essentiels, par exemple les soins personnels» sur cette liste.
Rejoint par courriel, le cabinet du ministre a tenu à rappeler que le gouvernement provincial a «annoncé plusieurs mesures très importantes afin de limiter les contacts: fermeture des restaurants et des bars, report de la rentrée scolaire en présentiel au 17 janvier, aucun rassemblement à l'intérieur sauf quelques exceptions, couvre-feu».
Son homologue fédéral, Jean-Yves Duclos, était allé encore plus loin vendredi, désignant une potentielle vaccination obligatoire comme «la seule façon de sortir» de la crise sanitaire. Ce sont cependant les provinces qui peuvent prendre une telle décision.
«La population vaccinée ne peut plus souffrir en silence les contraintes des mesures sanitaires pendant que les personnes non vaccinées occupent un lit sur deux en courte durée et la majorité des lits aux soins intensifs», a plaidé le docteur Gaudreault. Pour lui, il s'agit d'une question d'équité envers ceux qui sont allés chercher leurs injections.
Pendant ce temps, «la surcharge des hospitalisations et le délestage privent des milliers et des milliers de patients d'une intervention chirurgicale sans cesse repoussée, détériorant davantage dans certains cas leur état de santé», a-t-il affirmé, rappelant que «l'INESSS projette plus de 3 000 hospitalisations dans les semaines à venir, dont 400 aux soins intensifs, et que le réseau a perdu 20 000 de ses travailleurs».
Le docteur aimerait voir la campagne de vaccination de la troisième dose s'accélérer, un souhait qui pourrait être exaucé, alors qu'environ 200 membres des Forces armées canadiennes sont en train de se faire déployer en soutien aux vaccinateurs.
Il a tout de même appelé les médecins à se mobiliser pour eux aussi prêter main forte dans les centres de vaccination, comme ils l'avaient fait au printemps.
Le Dr Gaudreault a aussi tourné ses critiques vers le gouvernement provincial, qui selon lui manque de clarté dans ses communications à la population. «Les messages portant sur le dépistage, les tests rapides ou l'isolement sèment actuellement la confusion», a-t-il fait valoir, soulignant «le besoin d'une communication plus transparente et cohérente».
Il a reproché aux responsables de ne pas annoncer toutes les nouvelles mesures lors des conférences de presse, dénonçant le fait que certaines informations ne sont rendues publiques que le lendemain, par l'entremise des journaux.
La semaine dernière, quand le gouvernement avait décidé que les enfants et le personnel de garderie n'auraient plus à s'isoler de leur groupe s'ils ont été en contact avec une personne infectée, la directive avait été envoyée directement aux services de garde, sans avoir été annoncée dans le point de presse de la même journée. Cette mesure a finalement été annulée mardi dernier.
Le cabinet du ministre Dubé a répliqué que «le gouvernement tient plusieurs points de presse chaque semaine, en plus de breffages techniques pour les journalistes. Nous sommes transparents envers les Québécois», a-t-il conclu.
Le durcissement actuel des mesures est «inquiétant, parce que ça porte toujours de plus en plus atteinte aux droits et libertés», a déclaré la coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés, Catherine Descoteaux, en entrevue téléphonique.
«Dans une certaine mesure, c'est correct que le gouvernement porte atteinte aux droits et libertés lorsque c'est nécessaire, a-t-elle nuancé, mais c'est à lui de démontrer la nécessité de ces atteintes-là.»
Bien qu'elle n'écarte pas entièrement la possibilité d'élargir la portée du passeport vaccinal, elle souhaite que ce genre de décisions soient prises seulement après délibérations à l'Assemblée nationale, alors que les députés ont toutes les informations en main. «Il faut quand même qu'il y ait un certain regard qui puisse être donné de la part de l'opposition, a-t-elle fait valoir, c'est comme ça qu'une démocratie fonctionne.»
«Quand nous étions en mars 2020, c'était plus compréhensible» pour le gouvernement d'agir de la sorte, d'après elle, comme il n'avait pas le temps de délibérer. Mais après deux ans de pandémie, «on commence à voir venir les coups» à l'avance, a-t-elle dit, rappelant que l'INESSS avait prévu la hausse fulgurante des cas dès la mi-décembre.