Début du contenu principal.
Le gouvernement fédéral permettra aux résidents temporaires turcs et syriens de prolonger leur séjour au Canada après le séisme meurtrier du mois dernier.
Le gouvernement fédéral permettra aux résidents temporaires turcs et syriens de prolonger leur séjour au Canada après le séisme meurtrier du mois dernier, tout en accordant la priorité à leurs demandes de visa, a déclaré samedi le ministre de l'Immigration, Sean Fraser.
Plus de 50 000 personnes ont été tuées et des millions d'autres ont perdu leur domicile après le séisme d'une magnitude de 7,8, suivi de nombreuses et puissantes répliques, qui a frappé la Turquie et la Syrie, le 6 février.
M. Fraser a annoncé qu'à compter du 29 mars, les ressortissants turcs et syriens pourront continuer à étudier, travailler ou rendre visite à leur famille en demandant gratuitement une prolongation de leur statut. Il a ajouté que le ministère accorderait une priorité aux demandes de résidence temporaire nouvelles et existantes et aux demandes de résidence permanente en provenance des régions touchées.
«Pour ceux qui demandent un visa de résidence temporaire, nous pourrons traiter leurs demandes de façon prioritaire, a-t-il déclaré. Des mesures spéciales seront mises en place, au sein de notre système, pour fournir des conseils à nos agents afin de faciliter l'approbation de leurs dossiers afin qu'ils puissent venir au Canada».
Puisque certains demandeurs de résidence permanente ont perdu leurs titres de voyage à cause des séismes, Ottawa lèvera aussi l'obligation de détenir un passeport ou un titre de voyage pour faire approuver un visa de résident permanent au Canada.
«Nous permettons aussi aux citoyens canadiens et aux résidents permanents de la Turquie et de la Syrie de revenir au Canada en annulant les frais des passeports temporaires, des passeports à durée de validité limitée ou des titres de voyage d'urgence, de même que ceux des certificats de citoyenneté canadienne et des titres de voyage des résidents permanents», pouvait-on lire dans un communiqué diffusé samedi.
Le ministre a indiqué que le gouvernement avait appris de ses efforts en accueillant les personnes fuyant l'Ukraine après l'invasion russe, l'année dernière. Le gouvernement avait offert une protection temporaire à un grand nombre de ressortissants ukrainiens beaucoup plus rapidement par le biais de programmes ordinaires de réinstallation des réfugiés, a-t-il précisé.
«Nous utilisons une nouvelle stratégie pour aider à faciliter l'arrivée des personnes qui se trouvent dans cette situation et qui ne pourraient normalement pas être autorisées à venir au Canada, a souligné M. Fraser. Le mécanisme spécifique que nous utilisons implique l'utilisation d'analyses avancées au sein du système IRCC pour identifier les personnes qui ont été touchées par le tremblement de terre et pour rendre une décision d'éligibilité positive pour tout un groupe de candidats à la fois».
À lire également:
Ces mesures seront en vigueur jusqu'au 25 septembre.
Selon le gouvernement, en date du 10 mars, environ 600 Syriens et 6400 Turcs avaient le statut de résidence temporaire. Celui-ci s'expire dans un délai de six mois.
Le mois dernier, le Canada avait annoncé une aide supplémentaire de 20 millions $ pour soutenir une série d'activités humanitaires essentielles. Il versera aussi une somme égale à 10 millions $ en dons faits à la Coalition humanitaire et à ses membres.
Il y avait près de 16 000 demandeurs de visa canadiens en provenance de Turquie et de Syrie au 8 février, dont environ 1700 demandeurs qui vivent dans la zone touchée par les tremblements de terre, selon le gouvernement.
Marwa Khobieh, directrice générale de la Syrian Canadian Foundation, a souligné que les nouvelles mesures gouvernementales pour aider les personnes touchées par le tremblement de terre sont un début, mais qu'il reste encore du travail à faire pour soutenir les survivants.
Environ 6,9 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Syrie avant le tremblement de terre et plus de 6,8 millions de Syriens ont été contraints de fuir leur pays depuis 2011, dont 3,6 millions rien qu'en Turquie, selon les Nations Unies.
«Tout le monde n'est pas conscient des défis auxquels la Syrie est confrontée en raison de la crise qui a précédé le tremblement de terre», a expliqué Mme Khobieh.
«Surtout (les gens) du nord-ouest de la Syrie, ils n'ont même pas de gouvernement qui les représenterait, comment vont-ils présenter une demande?»
Selon Mme Khobieh, il est important que le gouvernement continue de travailler avec les organisations communautaires pour trouver des solutions aux défis logistiques qui pourraient empêcher de nombreuses personnes de faire une demande pour venir au Canada.
Sima Acan, présidente de la Fédération des associations canado-turques, a déclaré que la réponse du gouvernement au tremblement de terre en Turquie et en Syrie a été lente et que les nouvelles mesures du gouvernement ne sont pas suffisantes pour soutenir les Canadiens qui souhaitent faire venir leurs proches.
«Rien n'a été discuté concernant (la suppression) des frais de traitement pour les nouveaux candidats de la région. Rien n'a été discuté concernant l'assouplissement des formalités administratives (exigences) pour les nouveaux candidats», a-t-elle affirmé.
«J'espère qu'ils amélioreront le système, mais pour l'instant, il ne semble pas aussi mature qu'il devrait l'être.»
Mme Acan a précisé que les nouveaux candidats doivent fournir leurs données biométriques afin que le gouvernement puisse traiter leurs demandes de visa, mais de nombreuses personnes en Turquie et en Syrie ne peuvent pas se rendre dans un bureau canadien des visas pour donner leurs empreintes digitales et leurs photos.
«Nous avons suggéré d'avoir un centre biométrique mobile au sud-est de la Turquie, afin que les habitants du nord de la Syrie puissent également se déplacer pour faire leur demande, a-t-elle déclaré. Ils ont des unités mobiles pour faire de la biométrie, et ils peuvent avoir la possibilité de déplacer ces unités là où cela convient aux gens.»
Le ministre Fraser a indiqué qu'il s'attend à ce que la biométrie soit le «plus grand défi logistique» pour ceux qui souhaitent postuler pour venir au Canada dans les régions touchées par le tremblement de terre.
«Les gens devront se rendre dans un endroit où nous pourrons proposer des rendez-vous biométriques, a-t-il déclaré. Nous pouvons être flexibles et déplacer certaines des unités biométriques mobiles dont nous disposons. C'est quelque chose que nous sommes prêts à envisager.»
Ozgure Sekar souhaite faire venir sa sœur et son frère le rejoindre au Canada après que le tremblement de terre a détruit leurs maisons dans le sud de la Turquie le mois dernier.
L'homme de Toronto s'est rendu dans les zones endommagées par le tremblement de terre pour soutenir les membres de sa famille et ses amis dans la ville d'Antakya en Turquie, avant de revenir au Canada plus tôt cette semaine.
Il a rapporté que sa sœur avait perdu plusieurs membres de sa famille, dont son fils de 12 ans. Son frère, qui vivait dans la maison familiale avec sa mère, sa femme et ses quatre enfants, a perdu sa maison et son emploi.
«Toute la ville est détruite. Des milliers de personnes sont mortes. C'est une très mauvaise situation», a affirmé M. Sekar en entrevue.
«Les gens restent dans des tentes. Personne ne reste dans une maison. Toutes les maisons sont détruites. Pas d'électricité. L'eau est peu disponible. Les gens sont en choc mental et pleurent.»
M. Sekar s'attend à ce que le gouvernement facilite la tâche des Canadiens ayant des proches touchés par le tremblement de terre pour qu'ils fassent une demande pour venir au Canada.
«Il n'y a aucune possibilité de rester là-bas. Les villes ont besoin de cinq à six ans pour être reconstruites, a-t-il déclaré. La meilleure opportunité est d'amener (ma sœur et mon frère) pendant quelques années ici. Restez avec moi. Mentalement, ils iront mieux.»