Un Canadien à Gaza se fait dire par Affaires mondiales d'être prêt à l'évacuation

Mahmoud Nasser a dit que son épouse, qui possède un passeport brésilien, a reçu jeudi un appel d'Affaires mondiales au cours duquel un responsable a confirmé que M. Nasser, son épouse, son père et son frère canadiens, ainsi que sa belle-sœur palestinienne, étaient tous enregistrés auprès d'Ottawa pour évacuer.

M. Nasser, qui s'est mis à l'abri dans un camp de réfugiés situé à 20 minutes de route du poste-frontière de Rafah, a déclaré que le responsable leur avait dit d'être prêts à partir et qu'un autobus attendrait les Canadiens et leurs familles du côté égyptien de la frontière, une fois qu'ils auront été autorisés à traverser.

«Ils se renseignaient sur nos documents et s'assuraient que tout le monde était prêt», a raconté l'homme de 30 ans, lors d'un appel via l'application WhatsApp, depuis le sud de Gaza.

«Nous avons chacun un sac avec juste deux vêtements de rechange, j'ai mon ordinateur portable, mes documents, mais tout le reste, toutes mes affaires, je les laisse derrière moi.»

M. Nasser a précisé qu'Affaires mondiales n'a pas fourni de date ni d'heure pour une éventuelle évacuation, mais que l'organisation fédérale a dit à sa famille de surveiller une liste publiée en ligne par l'Autorité générale des passages frontaliers de Gaza, qui indique les étrangers autorisés à partir, depuis mercredi.

Un accord apparemment conclu mercredi a permis à des centaines de détenteurs de passeports étrangers et à des dizaines de Palestiniens blessés de quitter Gaza par le poste-frontière de Rafah pour la première fois depuis le début de la guerreentre Israël et le Hamas, le 7 octobre.

Les listes de personnes autorisées à sortir qui ont été publiées mercredi et jeudi n'incluaient pas le Canada parmi plusieurs autres pays.

Affaires mondiales Canada a déclaré mercredi soir qu'il était au courant d'informations selon lesquelles un citoyen canadien aurait pu quitter le territoire palestinien au poste-frontière de Rafah avec l'aide d'un tiers, mais n'a fourni aucune autre information.

M. Nasser est né à Gaza, a immigré au Canada en 2008, et est revenu à Gaza en 2021, depuis Mississauga, en Ontario, avec son jeune frère et sa femme pour se rapprocher de son père vieillissant.

Bien que la possibilité d'une évacuation soit une bonne nouvelle, M. Nasser s'inquiète de ne pas pouvoir faire traverser sa femme, qui est enceinte, et sa belle-sœur, une fois que les Canadiens seront autorisés à quitter Gaza.

«C'est une sorte de dilemme pour nous tous, a-t-il déclaré. Nous ne saurions pas quoi faire dans cette situation.»

 À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau n'a pas expliqué, jeudi, pourquoi les Canadiens restent exclus des listes de passage à la frontière, qualifiant la situation d'«extrêmement compliquée».

«Nous faisons pression sur nos amis en Israël, nos amis en Égypte, en travaillant avec les Américains et d'autres pour nous assurer que les familles canadiennes figurent sur la liste. Nous n'allons pas nous arrêter tant que nous ne les aurons pas évacuées», a affirmé M. Trudeau.

«Nous sommes engagés de toutes les manières possibles.»

La délégation palestinienne à Ottawa a déclaré qu'elle ne pouvait partager aucune information sur la façon dont les listes sont élaborées, et a renvoyé les questions à ce sujet à Affaires mondiales Canada.

«Israël travaille depuis (mercredi) pour faciliter le départ de milliers de ressortissants étrangers de la bande de Gaza et, dans ce contexte, il travaille également en étroite collaboration avec les autorités canadiennes», a soutenu l'ambassade d'Israël à Ottawa, par voie de communiqué.

Les ambassades égyptienne et qatarie n'ont pas répondu immédiatement aux questions concernant les listes.

Sur X, anciennement Twitter, l'ambassade du Canada en Égypte a indiqué jeudi qu'une équipe d'agents consulaires était prête à aider les Canadiens, les résidents permanents et les membres de leur famille «dès qu'ils auront traversé la frontière de Rafah».

«Nous sommes en contact avec le gouvernement égyptien pour aider les Canadiens à quitter.»

«Nous avons une équipe d'agents consulaires sur le terrain à proximité, qui sont prêts à se rendre à la frontière le plus rapidement possible une fois que nous aurons reçu l'autorisation finale des autorités locales de le faire», a pour sa part dit Affaires mondiales Canada dans un communiqué transmis aux médias, jeudi après-midi.

«Pour l'instant, le gouvernement égyptien n'autorise les ambassades étrangères à se rendre du côté égyptien du poste-frontière de Rafah qu'une fois l'évacuation de leurs résidents de la bande de Gaza a été confirmée», a indiqué le ministère.

Affaires mondiales a ajouté qu'elle demande aux Canadiens «d'être prêts à partir dès que nous serons informés qu'ils peuvent franchir la frontière».

Gaza, qui abrite 2,3 millions d'habitants, est en proie à une grave crise humanitaire au milieu du siège imposé par Israël depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre. Depuis 2007, Gaza est contrôlée par le Hamas, que le Canada considère comme une organisation terroriste. Plus de la moitié de la population du territoire a fui son foyer et les réserves de nourriture, de médicaments, d'eau et de carburant s'épuisent sur le territoire.