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En 1986, tout n'était pas beau. Ce n'était pas l'année de l'amour, ce n'était pas l'année de l'Expo.
En 1986, tout n'était pas beau. Ce n'était pas l'année de l'amour, ce n'était pas l'année de l'Expo.
Au moins, l'équipe canadienne de soccer masculin était parvenue à se qualifier pour la Coupe du monde de soccer. C'était déjà ça de gagné.
Avec sa qualification pour le Mondial 2022 au Qatar, la sélection nationale rejoue une cassette historique avec pour trame d'arrière-plan des similitudes assez saisissantes avec les événements de 36 ans.
Bien des choses ont changé, certes, mais l'histoire se répète, comme on dit. Jouons le jeu des comparaisons.
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Si les relations entre la Russie et les États-Unis sont tendues aujourd’hui en raison de la guerre en Ukraine, elles n’étaient guère mieux il y a 36 ans, alors que la Guerre froide battait son plein. En 1986, on est en plein dans «la crise des euromissiles».
Contexte: après que l’Union soviétique ait commencé à déployer en 1977 des missiles SS-20, qui sont plus performants et ont une meilleure portée que les anciens modèles, l’OTAN réplique deux ans plus tard en prenant la décision de doter à son tour l’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre, les Pays-Bas et la Belgique d’armes nucléaires. L’organisation réclame en même temps le retrait de l’armement soviétique.
Si les Américains et les Soviétiques commencent à négocier en 1981, les pourparlers achoppent en 1983, alors que l’OTAN commence à déployer ses missiles, les négociations n’avançant pas assez vite à son goût. Parallèlement, de nombreuses manifestations sont organisées, dont certaines rassemblant des centaines de milliers de personnes.
À la fin de 1986, le président américain Ronald Reagan et le Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, se rencontrent à Reykjavik, en Islande, afin de négocier le désarmement des armes nucléaires. Si la rencontre n’est pas concluante, les deux leaders s’entendent le 8 décembre 1987: ils ratifient le traité d’interdiction des Forces nucléaires intermédiaires, qui concerne les armes américaines et soviétiques.
Mikhaïl Gorbatchev (à droite) rencontre Ronald Reagan en Islande, en 1986. Crédit: Ron Edmonds | The Associated Press
On a évité le pire à l’époque. En sera-t-il de même en 2022?
En 1986 survient une catastrophe nucléaire dont l’ampleur ne sera égalée qu’en 2011, avec l’accident de Fukushima, au Japon. Un réacteur de la centrale nucléaire soviétique de Tchernobyl, ville située dans l’Ukraine d’aujourd’hui, explose dans la nuit du 25 au 26 avril. Les émanations qui s’en dégagent, d’une radioactivité équivalente à celle d’au moins 200 bombes d’Hiroshima, forcent l’évacuation de 135 000 habitants de la région.
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L’accident n’est rendu public que plusieurs jours plus tard, le 4 mai, tandis que Mikhaïl Gorbatchev se penche finalement la situation.
Les émanations contamineront les terres cultivables et les pâturages sur une superficie d’environ 200 000 km2, essentiellement en Ukraine, en Biélorussie et en Russie. Un interdit de consommation de légumes verts et de lait frais sera imposé en Europe centrale, notamment en Pologne, en Allemagne et en Suède.
Photo: Banque d'images
«Plus de 20 000 cas de cancer de la thyroïde ont été signalés chez les résidents de la Biélorussie, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine qui avaient été exposés au rayonnement au moment de l'accident, alors qu'ils étaient enfants ou adolescents», relève la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
Selon l’Encyclopédie Larousse, «une série de dysfonctionnements techniques et d'erreurs humaines [ont déclenché] la catastrophe».
Le salaire minimum passera à 14,25 $ de l’heure le 1er mai 2022. En 1986, il atteignait la somme honorable de 4,35 $ de l’heure.
Il n’y a pas matière à rire ou à se réjouir cependant, puisque les Québécois ne sont pas plus riches à l’époque. L’accès à la propriété est un enjeu qui en préoccupe plusieurs, puisque les salaires ne suivent pas la hausse du marché de l’immobilier. Selon la Banque du Canada, le prix de revente réel moyen des maisons au Québec en 1986 était d’environ 150 000 $. Au début de 2022, le prix pour une maison unifamiliale était de 541 000 $ alors que celui des copropriétés atteignait 381 000 $.
Une famille québécoise a d’ailleurs connu son heure de gloire en 1986: les Lavigueur remportent 7 650 267 $, un lot remis par Loto-Québec qui est sans précédent à l’époque. La suite de l’histoire est connue, la famille se déchire et certains de ses membres trouvent la mort. Comme quoi l’argent ne fait pas toujours le bonheur…
L’écrivain d’origine roumaine Elie Wiesel remporte le prix Nobel de la paix pour son implication à titre de président de la Commission présidentielle sur l’Holocauste. Ce survivant de la Shoah a connu les camps de concentration d’Auschwitz et de Buchenwald.
Après la Seconde Guerre mondiale, Wiesel habite en France avant de s’établir aux États-Unis. Il participe notamment à la fondation du Mémorial américain de l’Holocauste en plus de publier plusieurs ouvrages sur la Shoah.
Si Wiesel était encore des nôtres (il s’est éteint en 2016), en aurait-il long à dire à Vladimir Poutine au sujet de son plan de «dénazification» de l’Ukraine?
En somme, 1986 était riche en événements d’importance. Et nous n’avons même pas abordé l’arrière-plan sportif québécois de l’année: le Canadien de Montréal, plus fringant à l’époque qu’en 2022, gagnent leur avant-dernière coupe Stanley, porté par le brio d’un jeune gardien nommé Patrick Roy.
Bien qu’une telle histoire relèverait du conte de fées, on souhaite la même conclusion à l’équipe canadienne de soccer masculin. Disons qu’un — utopique? — triomphe unifolié au Mondial pourrait changer la hiérarchie de popularité du sport au pays ou, à tout le moins, le rapport de force entre le hockey et le soccer. Mais contre des puissances comme la France, l’Angleterre, l’Allemagne ou le Brésil, la route est loin d’être toute tracée…
Crédit photo: Ryan Remiorz | La Presse canadienne