Début du contenu principal.
La formation souverainiste avait donné aux libéraux jusqu'à mardi pour faire adopter deux projets de loi.
Le Bloc québécois se dit prêt à négocier avec les autres partis fédéraux aux Communes dans l'optique de faire tomber le gouvernement de Justin Trudeau.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a révélé mardi à Ottawa qu'il allait mandater son député Alain Therrien pour envoyer une lettre aux autres partis à ce sujet.
«À partir de maintenant, on vote à la première occasion pour renverser le gouvernement», a indiqué Yves-François Blanchet en entrevue avec Marie-Christine Bergeron au bulletin Noovo Info 17.
Voyez son entrevue dans la vidéo liée à l'article.
M. Blanchet trouve que le gouvernement libéral minoritaire de Trudeau n'a pas saisi l'occasion que représentait l'ultimatum lancé par le Bloc avec des conditions qui n'ont pas été respectées avant la fin de l'échéance.
La formation souverainiste avait donné aux libéraux jusqu'à mardi pour faire adopter deux projets de loi, l'un sur la protection de la gestion de l'offre et l'autre sur une hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 ans à 74 ans.
Or, ni l'un ni l'autre n'est devenu loi.
«On ne pouvait pas aller plus loin en termes de bonne foi, de transparence, de franchise, d’ouverture et je dirais même d’opportunité pour un gouvernement qui est en détresse, tant de l’intérieur que de l’extérieur», a dit M. Blanchet dans un point de presse très attendu.
Celui sur la gestion de l'offre, qui porte le numéro C-282, a franchi toutes les étapes à la Chambre des communes et est appuyé par le gouvernement. Il est cependant toujours à l'étude au Sénat.
L'autre, qui porte le numéro C-319, bonifierait la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de moins de 75 ans. Il n'est toutefois pas soutenu par les libéraux.
«Si le gouvernement avait été sérieux dans sa volonté de donner un projet de loi sur les retraites, sur la gestion de l'offre canadien et québécois, ces deux projets de loi aujourd'hui seraient mis en œuvre», a déclaré M. Blanchet.
À VOIR AUSSI | Démissionner ou non? Les scénarios qui s'offrent à Justin Trudeau
M. Blanchet demande à Pierre Poilievre de mettre fin à la paralysie parlementaire pour qu'ils puissent tenter de faire tomber le gouvernement. «Pour renverser le gouvernement, il faut que le Parlement fonctionne», a souligné M. Blanchet. En effet, aucune motion de censure susceptible de signer l'arrêt de mort du gouvernement ne peut être soumise aux voix étant donné la paralysie des travaux de la Chambre des communes.
À la demande des conservateurs, deux questions de privilège sont débattues depuis des semaines et empêchent les députés de se pencher sur toute autre question. Les conservateurs disent vouloir forcer le gouvernement à rendre publics des documents demandés en comité et qui n'ont pas été communiqués.
Or, le débat s'éternise et aucun vote sur ces deux questions de privilège n'a eu lieu pour clore la discussion-fleuve et passer à autre chose.
«Si les conservateurs veulent que le gouvernement tombe, ils vont devoir arrêter leurs enfantillages», a ajouté M. Blanchet en anglais, utilisant l'expression stop being childish.
Le bureau de M. Poilievre n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire de La Presse canadienne visant à lui offrir la possibilité de réagir aux critiques du Bloc.
Néanmoins, le député conservateur Jacques Gourde a déclaré que «les ficelles des prochaines élections s'attachent lentement, mais sûrement».
Le chef bloquiste est contre l'idée de recourir au bâillon pour mettre fin à la paralysie parlementaire.
«C’est complètement farfelu comme scénario. Les conservateurs, (s’ils) arrêtent leur (obstruction), peuvent (…) déposer une motion de défiance qui, sous réserve du libellé, sera appuyée par le Bloc québécois», a soutenu M. Blanchet.
Lundi, le chef conservateur Pierre Poilievre a affirmé être prêt à travailler avec le Bloc québécois pour faire tomber le gouvernement Trudeau, se disant être prêt à «travailler avec n’importe qui pour déclencher une élection».
Le chef bloquiste a rappelé mardi que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a appuyé les deux projets de loi bloquistes.
«Si le NPD (...) veut être cohérent, voyant que le gouvernement n’a rien livré de ce que les Québécois et Canadiens veulent, il devrait se faire imprimer des campagnes électorales», croit M. Blanchet.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh ne semble pas pressé de se retrouver en campagne électorale.
Il martèle depuis des semaines que sa priorité est qu'Ottawa conclue des ententes avec les provinces et territoires pour la couverture des contraceptifs ainsi que des médicaments pour traiter le diabète.
Le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, y est allé mardi d'une offensive frontale à l'égard des bloquistes, soutenant sur le réseau social X qu'ils manient «l'art de se peinturer dans le coin et ne rien obtenir pour les gens». Il a truffé son commentaire d'une infographie du roi Charles III et de M. Blanchet sur laquelle on peut lire «deux symboles à Ottawa qui ne servent à rien».
Quant à M. Poilievre, il ne cesse de multiplier les attaques contre le Bloc, même s'il se dit prêt à travailler avec «n'importe qui» pour que les Canadiens soient conviés aux urnes.
De leur côté, les libéraux refusent de montrer quelconque signe d'inquiétude face à la possibilité que leur gouvernement soit renversé. «Le Bloc a décidé de s'auto-imposer une date limite artificielle après laquelle ils arrêtaient de travailler pour les Québécois. Nous, on va continuer (...) tous les jours», a lancé leur lieutenant du Québec, Jean-Yves Duclos.
Les élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais le gouvernement libéral minoritaire pourrait tomber à tout moment.
Jusqu'à présent, les conservateurs ont échoué à faire adopter des motions de censure de leur cru. Bloquistes et néo-démocrates s'y sont opposés, votant avec les libéraux. Le Bloc se dit désormais prêt à faire tomber le gouvernement à la première occasion qui se présentera.
Si des élections sont déclenchées, tous les projets de loi encore à l'étude, y compris les deux propositions bloquistes, mourront au feuilleton. Malgré cela, M. Blanchet fait valoir que les projets de loi du Bloc «sont immortels». «Ce qui veut dire que le lendemain de l’élection, ils reviennent encore», a-t-il dit.
Avec des informations de Michel Saba