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«Il veut les casser. Il veut négocier un à un avec des provinces susceptibles de flancher pour les forcer à abandonner le 28 milliards $ en santé et accepter ses conditions. C'est diviser pour régner», a lancé Alain Therrien.
Le Bloc québécois reproche au gouvernement fédéral de faire «du chantage sur le dos des malades» en refusant de tenir une rencontre entre le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues des provinces pour discuter d'une augmentation des transferts en santé.
«Il veut les casser. Il veut négocier un à un avec des provinces susceptibles de flancher pour les forcer à abandonner le 28 milliards $ en santé et accepter ses conditions. C'est diviser pour régner», a lancé lundi le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, lors de la période des questions.
M. Therrien venait d'affirmer qu'un article publié dans le Toronto Star la semaine dernière confirmait les «pires craintes» de sa formation politique relativement à ces fonds versés par Ottawa aux provinces pour financer leurs systèmes de santé.
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Selon lui, le gouvernement fait «du fédéralisme prédateur» et a pour objectif de placer le Québec devant le fait accompli en lui disant: «C'est ça l'entente. Tu signes ou tu sèches».
Or, de l'avis du ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, les ministres de la Santé des provinces et lui-même «sommes tous unis».
«Nous sommes tous ministres de la Santé, a rétorqué M. Duclos. Nous travaillons tous pour les mêmes citoyens. Nous travaillons tous avec les mêmes dollars. Nous allons tous investir pour appuyer nos travailleurs en santé qui ont fortement besoin, étant donné, entre autres, les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent. Et nous allons prendre soin de tout le monde, peu importe où ils sont au pays.»
Et Ottawa fait sa part, a-t-il ajouté, en ayant dépensé 72 milliards $ dans la lutte contre la pandémie, en plus des transferts en santé.
Les premiers ministres provinciaux et territoriaux font front commun depuis plusieurs années pour réclamer une hausse des transferts fédéraux en santé qui ferait passer la contribution d'Ottawa de 22 % à 35 % des coûts. Pour le Québec, cela représenterait une hausse de 6 milliards $.
Le gouvernement fédéral rejette ce calcul et estime d'ailleurs avoir déjà fait sa part lorsqu'il prend en compte la valeur de points d'impôt cédés aux provinces qui est évaluée par des fonctionnaires à 19,0 milliards $ en 2019-2020, 19,9 milliards $ en 2020-2021 et 20,9 milliards $ en 2021-2022.
Ottawa promet néanmoins d'investir davantage en santé, mais laisse plutôt entendre que d'éventuels nouveaux fonds seraient assortis de conditions, ce que refuse systématiquement le Québec, y voyant une intrusion fédérale dans un champ de compétence exclusif aux provinces.
Selon le Toronto Star, Ottawa réclame de «légères» conditions, notamment que des nouveaux fonds fédéraux ne servent pas à remplacer des investissements provinciaux en santé, et souhaite qu'une entente soit conclue d'ici la fin janvier pour que ça se retrouve dans le budget du printemps, quitte à ce que des provinces récalcitrantes soient laissées dehors «dans le froid».
Lors de la rencontre estivale du Conseil de la fédération cet été, le premier ministre du Québec, François Legault, avait qualifié de «très insultant» que M. Trudeau «refuse de rencontrer ses vis-à-vis» des provinces et de surcroît transmette des messages par l'entremise des médias. Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, avait estimé que M. Trudeau a adopté une attitude «plutôt malhonnête» et celui de la Colombie-Britannique, John Horgan, s'était demandé «où est passé l'amour» après une collaboration sans précédent durant la pandémie.