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Aucune raison n'a été donnée dans les avis du département, si ce n'est que la décision a été prise en vertu des dispositions d'une politique de 2022.
Une association de rédacteurs en chef et des groupes de défense des droits de la personne ont condamné la décision du gouvernement intérimaire du Bangladesh d’annuler les accréditations de presse de 167 journalistes. Ils estiment qu'il s'agit là d'une menace à la liberté de la presse dans le pays.
Entre le 29 octobre et le 7 novembre, le département de l’Information de la presse a révoqué les accréditations en trois phases, suscitant de nombreuses critiques de la part des défenseurs de la presse et des journalistes.
Cette décision a accru les inquiétudes concernant la liberté de la presse et le harcèlement des journalistes après l’éviction de l’ancienne première ministre Sheikh Hasina lors d’une révolte menée par des étudiants contre son gouvernement.
Le Conseil des rédacteurs en chef a déclaré que l’annulation des accréditations par le gouvernement intérimaire dirigé par le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus risque de «favoriser un climat de contrôle, y compris de censure, sur les médias».
Aucune raison n'a été donnée dans les avis du département, si ce n'est que la décision a été prise en vertu des dispositions d'une politique de 2022.
Le département n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires de l'Associated Press.
Dans un communiqué, le Conseil des rédacteurs en chef a déclaré mardi que si les responsables ont le droit d'examiner toute utilisation abusive des cartes d'accréditation, ils ne devraient pas agir sans fournir d'allégations précises et de preuves d'actes répréhensibles.
Il a ajouté que la décision allait également à l'encontre de l'esprit de la révolution qui a renversé le règne de 15 ans de l'ex-première ministre Hasina. Des centaines de personnes ont été tuées lors du soulèvement qui a commencé comme une manifestation contre les emplois gouvernementaux et s'est transformé en une révolte à grande échelle contre l'administration de plus en plus autocratique de Mme Hasina. L'ex-première ministre s'est enfuie en Inde.
L'association des rédacteurs a soutenu que la décision du gouvernement intérimaire répétait les «pratiques antidémocratiques» du précédent gouvernement dirigé par Mme Hasina, et a exhorté M. Yunus à défendre les droits de la presse.
Le gouvernement Hasina a été accusé d’utiliser des mesures sévères et des lois draconiennes pour museler la dissidence, limiter la liberté de la presse et restreindre la société civile. En 2024, sa dernière année au pouvoir, le Bangladesh a plongé à la 165e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse, le plus bas classement jamais enregistré par le pays.
Les journalistes peuvent continuer à faire des reportages et à écrire sans accréditation, mais ils ne seront pas autorisés à entrer dans aucun ministère du gouvernement, ce qui limite leur capacité à couvrir des événements officiels ou des conférences de presse. Un journaliste de l’AP fait partie des 167 personnes dont l’accréditation a été annulée.
«Nous condamnons dans les termes les plus forts cette mesure des autorités bangladaises visant à réprimer les journalistes indépendants. Nous exhortons le gouvernement intérimaire à rétablir immédiatement les accréditations de nos journalistes», a affirmé Julie Pace, rédactrice en chef de l’AP.
L’organisme Reporters sans frontières a souligné dans un communiqué que la décision de retirer l’accréditation «encourage l’autocensure» et était «incompréhensible», car elle intervient une semaine après la création d’un comité pour surveiller les cas de harcèlement contre les journalistes par le ministère de l’Information.
Le gouvernement intérimaire, qui a pris ses fonctions en août, s’est engagé par le passé à restaurer la démocratie et à défendre la liberté de la presse. Dans une entrevue accordée au plus grand journal du pays, Prothom Alo, M. Yunus a plaidé pour la liberté de la presse. «Écrivez comme vous le souhaitez. Critiquez. Si vous n’écrivez pas, comment saurons-nous ce qui se passe ou ce qui ne se passe pas?», a-t-il soutenu le mois dernier.
Mais le harcèlement et les attaques contre les journalistes persistent.
Au moins 25 journalistes, dont certains perçus comme pro-Hasina, ont été inculpés de violences présumées en lien avec les manifestations, selon Reporters sans frontières.
En août, Human Rights Watch a dénoncé l’arrestation de deux journalistes et s’est dit préoccupé par le fait que le système judiciaire «reproduisait son comportement abusif et partisan».