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Il faut s'armer (d'encore plus) de patience qu'avant lorsqu'on visite l'urgence.
Tandis que le gouvernement du Québec tente de trouver des solutions pour calmer la crise au sein de son système de santé, les citoyens qui se rendent à l’urgence attendent de plus en plus longtemps, nous révèle un classement du temps d'attente dans les urgences de la province.
Le dernier rapport de l’Institut économique de Montréal (IEDM) calcule la durée médiane des séjours aux urgences dans l’ensemble du Québec en 2022 à 5 heures et 11 minutes. Il s’agit d’une augmentation d’environ 15% en comparaison avec les données de 2018 (4 heures et 31 minutes).
«Le fait qu’une visite aux urgences prenne désormais plus de cinq heures montre bien que notre système ne fonctionne plus», a commenté Emmanuelle B. Faubert, économiste et auteure de l’étude.
Au sommet du classement de l'attente dans les urgences de l'IEDM (ou tout en bas, selon le point de vue), on retrouve l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay avec une durée médiane de séjour de 10 heures et 27 minutes.
Voyez le classement du temps d'attentes dans les urgences par régions à la fin de cet article.
Selon le CISSS de la Montérégie-Ouest, l’augmentation de la population dans les villes desservies par le centre hospitalier au cours des dernières années est la cause principale de cette situation.
«C’est sûr que cet accroissement-là a un impact sur la fluidité de l’urgence. [...] La capacité n’est plus au rendez-vous», a expliqué la porte-parole pour le CISSS, Jade St-Jean, dans un entretien avec Noovo Info.
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«C’est un hôpital qui date de 1990, donc ça fait quand même près de 40 ans [33 ans, NDLR] et il n’y a jamais eu d’investissement majeur ou d’agrandissement majeur», a rapporté Mme St-Jean.
Le CISSS de la Montérégie-Ouest a engagé nouveau directeur des activités hospitalières afin d’améliorer la fluidité des services. De plus, une nouvelle maison des aînés qui devrait ouvrir ses portes en 2022 permettrait de libérer plusieurs lits de l’hôpital, et ainsi libérer des places à l’urgence par la suite, a ajouté la porte-parole.
Au moment d’écrire ces lignes, le taux d’occupation à l’urgence de l’Hôpital Anna-Laberge atteignait les 175%, selon Index Santé.
Une infirmière du centre hospitalier avait tenté de sonner l’alarme, l’été dernier, alors qu’aucune civière n’était disponible pour accueillir de nouveaux patients aux urgences et que les ambulances devaient attendre leur tour dans le garage de l’établissement.
La situation dans les urgences est plus grave pour les patients sur civière. Toujours en 2022, c’est près du quart de ces personnes qui ont attendu à l’urgence pendant plus de 24 heures, soit une augmentation de 50% depuis 2018. De plus, la proportion des patients sur civière ayant passé plus de 48 heures aux urgences a augmenté de 200%.
Mme Faubert écrit que «le problème, toutefois, ne vient pas seulement d’une inefficacité dans les salles d’urgence. C’est une conséquence de l’inefficacité généralisée dans le système hospitalier». Elle explique que ces patients restent si longtemps sur une civière en attente d’être transférés vers un autre département qu'ils ne requièrent éventuellement plus de soins d’urgence.
Cependant, un récent et malheureux exemple démontre que ce n’est pas toujours le cas. Gilberte Gosselin, 86 ans, est décédée après avoir passé 48 heures à l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a qualifié de «troublants» et d’«inacceptables» les détails entourant le décès de cette patiente.
Au moment d'écrire ces lignes, le ministère de la Santé et des Services sociaux n'a toujours pas répondu à notre demande d'entrevue sur la publication du classement de l'IEDM.
Source: IEDM