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En sentant l’aiguille sur son bras, l’infirmière Sara Fung a pensé à sa grand-mère, qu’elle a perdue à cause de la COVID-19 près d’un an auparavant.
Sara Fung a été submergée par l’émotion lorsque les premiers vaccins contre la COVID-19 ont commencé à arriver au Canada en décembre dernier, puis à nouveau en mars lorsqu’elle a reçu sa première dose.
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En sentant l’aiguille sur son bras, l’infirmière de la région de Hamilton a pensé à sa grand-mère, qu’elle a perdue à cause de la COVID-19 près d’un an auparavant.
Les restrictions pandémiques ont empêché Mme Fung de pleurer correctement la mort de sa grand-mère lorsqu’elle est décédée dans un foyer de soins de longue durée de Toronto, en avril 2020. Bien que la matriarche ait eu 100 ans, Mme Fung dit qu’elle était en bonne santé et bien vivante, susceptible de vivre encore quelques années.
« Je me souviens m’être sentie si chanceuse (lorsque j’ai reçu le vaccin). Vraiment, c’était un hommage à ma grand-mère », a dit Mme Fung, s’arrêtant pour retenir ses larmes lors d’une entrevue virtuelle. « Je me disais: “si ça avait été disponible pour elle, je n’ai aucun doute qu’elle serait encore en vie aujourd’hui.” »
Mardi marque le premier anniversaire de l’administration des premiers vaccins contre la COVID-19 au Canada, une étape importante qui a offert de l’espoir pour la nouvelle année après une année 2020 difficile.
Mme Fung ne faisait pas partie des groupes à haut risque priorisés au début du déploiement, mais elle et d’autres travailleurs de la santé canadiens ont réfléchi à l’année écoulée à l’approche de l’anniversaire de leur propre vaccin.
Mme Fung, qui est coresponsable de la prévention et du contrôle des infections dans son hôpital, a déclaré que 2021 avait été une année pour en apprendre davantage sur le virus, qui continue de faire réfléchir à mesure que de nouveaux variants émergent.
« Cette année vient vraiment de souligner (…) que nous ne pouvons jamais vraiment baisser la garde parce que nous ne savons pas ce qui va arriver », a-t-elle rappelé.
Une autre infirmière de la région de Hamilton a raconté que recevoir sa première dose en mars 2021 avait été une expérience « douce-amère ».
Amie Archibald-Varley, qui coanime le balado « Gritty Nurse » avec Mme Fung, avait participé au dépistage de la COVID-19 chez les patients au début de la pandémie et était soulagée d’obtenir la protection du vaccin. Mais comme Mme Fung, elle a été inondée de souvenirs difficiles alors qu’elle s’est assise pour son injection.
Mme Archibald-Varley faisait partie du programme de partenaires de soins essentiels de son hôpital, au sein duquel elle a aidé à mettre en place des communications virtuelles afin que les proches des personnes mourant de la COVID-19 puissent leur dire au revoir.
« Voir comment les familles interagissaient, c’était difficile », a-t-elle confié. « Plusieurs de leurs histoires m’ont touchée. »
On en savait beaucoup moins sur la COVID-19 à ce stade de la pandémie, ce qui posait des défis importants pour certains travailleurs de la santé. Mme Archibald-Varley se souvient d’avoir enlevé son uniforme dans le garage après ses quarts de travail et d’avoir dit à ses enfants de garder leurs distances par crainte qu’elle ne les infecte.
De telles mesures ont été largement abandonnées à mesure que les scientifiques en apprenaient davantage tout au long de 2020, mais de nombreux travailleurs de la santé ont continué à pratiquer la distanciation en public et à limiter leurs contacts sociaux, même après avoir été vaccinés.
Mmes Fung et Archibald-Varley ont toutes deux déclaré que la vie quotidienne n’avait pas beaucoup changé après leurs premières doses, les restrictions de santé publique restaient en place, car la plupart des Canadiens attendaient leur tour pour recevoir leur vaccin, mais l’arrivée de doses en grande quantité au printemps et en été, jumelée à une diminution des cas après une troisième vague difficile, a donné aux deux infirmières l’espoir que la pandémie se terminerait bientôt.
Mme Archibald-Varley a récemment reçu une poussée de joie supplémentaire lorsque ses enfants, des jumeaux de 10 ans et une fille de six ans, ont reçu leur première dose.
« C’était plus gratifiant que lorsque je me suis fait vacciner moi-même », a-t-elle souligné.
Alors que les vaccins ont provoqué de l’optimisme, la menace du variant Omicron a terni l’espoir pour certains. Les scientifiques se précipitent pour savoir avec quelle facilité Omicron se propage, s’il provoque une maladie grave et dans quelle mesure il pourrait échapper à la couverture vaccinale.
Lynora Saxinger, experte en maladies infectieuses à l’Université de l’Alberta, ressent un certain optimisme pour 2022, s’attendant à ce que les vaccins offrent toujours une protection.
« Le fait que ce variant soit apparu et se trouve maintenant dans tant de pays, cela nous dit que ce virus a de nombreux tours dans son sac », a-t-elle noté.
« Mais d’un autre côté, nous avons beaucoup plus d’outils de notre côté: de nouveaux traitements, la capacité de reformuler les vaccins relativement rapidement. »
Mme Saxinger a déclaré qu’elle était inspirée de voir de nombreuses personnes faire la queue pour se faire vacciner tout au long de 2021, dépassant largement ceux qui se méfient de l’injection.
Elle a reçu sa première dose en janvier et sa deuxième six semaines plus tard, soulageant le fort sentiment d’anxiété qu’elle avait ressenti tout au long de 2020.
« Beaucoup de personnes dans les soins de santé portaient ce fardeau, cette crainte de tomber malade », a déclaré Mme Saxinger, ajoutant qu’elle ne voulait pas laisser ses collègues à court de personnel ou ramener le virus à la maison.
« Après la deuxième dose, je me sentais plus à l’aise. C’était moins stressant. »
Le Dr Naheed Dosani, responsable de l’équité en santé chez Kensington Health à Toronto, a décrit un soulagement similaire après s’être fait vacciner le soir du Nouvel An.
Il a également ressenti une vague de gratitude pour le développement rapide des nouveaux vaccins à ARNm.
« Je pensais au pouvoir de l’innovation humaine, de la science, de la persévérance et du dévouement qui ont permis à ce vaccin d’être créé en si peu de temps, avec une immense collaboration humaine à travers les pays, à travers les continents », a-t-il souligné.
« D’un côté, c’est un fluide dans une seringue, mais il incarne tellement de choses qui montrent pourquoi les humains sont incroyables. »
Le Dr Dosani a déclaré que recevoir sa première dose le dernier jour de 2020 était particulièrement symbolique.
Mais le spécialiste des soins palliatifs a également pensé aux populations touchées de manière disproportionnée par la COVID-19 lorsqu’il a reçu son vaccin, et il espère qu’un héritage de l’expérience pandémique du Canada sera un engagement à lutter contre les inégalités en matière de soins de santé.
« Je célébrais (le fait de me faire vacciner), mais je réfléchissais aussi à ceux qui ont souffert et à ceux qui sont morts à cause du virus », a raconté le Dr Dosani. « Cela continue de me motiver à travailler pour soutenir les patients aux prises avec la COVID-19 (…), mais aussi à plaider en faveur d’une meilleure politique à travers le Canada.