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«Il y a une occasion unique pour le Canada et la France d'agir ensemble, qui consiste à sortir de leur zone de confort et au-delà des jeux de politique intérieure pour avoir un grand destin», a précisé l’ambassadeur français., Michel Miraillet.
L'ambassadeur de France au Canada affirme que le gouvernement canadien doit choisir entre se lier entièrement aux États-Unis ou élargir ses liens pour s'associer davantage à l'Europe.
«La question de l’engagement américain à l’étranger offre plus que jamais l'opportunité à l'Europe, à la France et au Canada de jouer ensemble un rôle», a déclaré mardi l’ambassadeur Michel Miraillet dans un discours livré devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
L’ambassadeur a fait valoir que l'invasion de l'Ukraine par la Russie est le point culminant d'une décennie de travail de Moscou et de Pékin pour affaiblir les démocraties.
À son avis, la Russie et la Chine ont vendu à leurs citoyens un nationalisme patriotique, tout en renforçant leurs capacités militaires et leur implication dans les pays en développement, en prévision du déclin d'un monde occidental. «Vladimir Poutine et Xi Jinping partagent les mêmes haines, dont celle de l'Occident, qu'ils veulent affaiblir et repousser, et celle de la démocratie qui, selon eux, conduit à la décadence et à la désintégration des nations. Ils sont également devenus convaincus de l'inévitabilité de l'effacement des États-Unis de la scène internationale», selon l’ambassadeur français.
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Michel Miraillet a cité la présidence de George W. Bush, sans faire directement référence à la guerre en Irak, et a noté que l'administration Obama avait choisi de ne pas intervenir en Syrie ni de repousser la prise de contrôle par la Russie en 2014 de la région ukrainienne de Crimée.
«Le retrait de la scène mondiale, initié sous Obama et amplifié sous Trump, s'est avéré désastreux, car il a créé un vide rapidement comblé par les puissances rivales et ouvert un champ d'expansion pour la Russie», d’après Michel Miraillet. «S'il était à craindre que Joe Biden aille dans le même sens, surtout en Afghanistan, convenons qu'il a adopté une attitude ferme et courageuse dans le conflit ukrainien.»
À son avis, Vladimir Poutine espère que les Américains éliront un président isolationniste à l'automne 2024 et que les Européens choisiront le confort du pétrole russe plutôt que la difficulté des factures énergétiques plus élevées qu'ils paient en raison du respect des valeurs et de la démocratie.
L’ambassadeur Miraillet a par ailleurs évoqué la récente augmentation des dépenses militaires de la France, qui est un important producteur d'armes et qui fait pression pour davantage de fabrication militaire sur le continent. Selon lui, le Canada doit démontrer un engagement similaire envers la sécurité mondiale.
«Le Canada déploie un faible effort de défense; il oublie un peu ses engagements passés, le courage dont il a fait preuve dans tous les grands conflits, comme dans les opérations de maintien de la paix.»
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Dans ce contexte, M. Miraillet souhaite que le Canada approfondisse son partenariat avec des pays comme la France, de la même manière que l'Australie a formé des alliances avec la Corée du Sud et le Japon. Il rappelle que le monde d'aujourd'hui s'organise autour de nouveaux axes de pouvoir, avec le pacte sino-russe d'un côté, et que les démocraties ne devraient pas s'aligner uniquement sur les intérêts américains.
«Il y a une occasion unique pour le Canada et la France d'agir ensemble, qui consiste à sortir de leur zone de confort et au-delà des jeux de politique intérieure pour avoir un grand destin», a précisé l’ambassadeur français.
Il a soutenu que la France souhaite s'associer au Canada sur les minéraux essentiels pour les technologies vertes, sur la technologie nucléaire à petite échelle et sur des projets d'hydrogène qui peuvent aider à électrifier les transports en commun.
Il a noté que la France et le Canada sont souvent les seuls à défendre constamment les droits individuels dans les forums de l'ONU et du G20 «face à des pays du Sud, culturellement souvent hostiles et aussi de plus en plus imperméables aux intérêts de l'individu».
«Les démocraties sont supérieures à tous les autres systèmes, selon l’ambassadeur, à une condition: celle que tous les citoyens concernés puissent être persuadés de mieux les défendre. Le danger est que le refus du risque, le sentiment de confort et les habitudes de nos sociétés canadienne et française, nous aveuglent.'»