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Le gouvernement de l'Alberta a attiré l'attention mardi sur un nouveau rapport d'un comité consultatif fédéral, le qualifiant de preuve qu'Ottawa devrait abandonner ses objectifs «imprudents» en matière d'électricité propre pour 2035.
Le président du comité à l'origine du rapport a cependant dit que ses recommandations visaient à atténuer la rhétorique politique autour de l'énergie propre et à aider Ottawa et les provinces à trouver un terrain d'entente.
À la demande du gouvernement fédéral, le Conseil consultatif canadien de l'électricité – un groupe composé de dirigeants de l'industrie et de dirigeants autochtones – a publié lundi un rapport contenant des suggestions sur la manière dont Ottawa peut atteindre son objectif de décarbonation du réseau électrique du pays.
Le gouvernement fédéral, dans son projet de réglementation sur l'électricité propre publié plus tôt cette année, a fixé l'année 2035 comme cible pour amener les producteurs d'électricité du pays à zéro émission nette de gaz à effet de serre.
L'Alberta et la Saskatchewan, qui ont un accès limité à l'hydroélectricité propre et qui dépendent encore fortement du gaz naturel pour la production d'électricité, ont toutes deux déclaré que cette date était inatteignable.
Même si l'Alberta a connu une expansion rapide de l'énergie éolienne et solaire au cours des dernières années, la province a affirmé que la nature intermittente de la production renouvelable signifie que le gaz naturel est toujours nécessaire pour assurer un approvisionnement en électricité fiable et abordable.
Bien qu'il existe des options pour réduire les émissions liées à la production d'électricité au gaz naturel, comme le captage et le stockage du carbone, l'Alberta a fait savoir qu'il faudra du temps pour les déployer.
La province a plutôt dit qu’elle s’efforcerait d’atteindre un réseau zéro émission nette d’ici 2050.
Dans son rapport, le Conseil consultatif canadien de l'électricité a reconnu que la décarbonation de la production d'électricité constituera un défi «de taille» dans des juridictions comme l'Alberta et la Saskatchewan.
Le conseil recommande que ces provinces reçoivent un soutien financier fédéral ciblé et suggère que les crédits d'impôt à l'investissement pour les technologies de réduction des émissions devraient être «biaisés» vers les provinces qui ont le plus besoin d'aide pour leur décarbonation.
Le conseil a également recommandé que le gouvernement fédéral fasse preuve de «flexibilité» quant à ses attentes à l'égard de ces provinces.
«Ce que nous pensons réalisable, c'est d'atteindre l'objectif ultime de 2050 (...) Nous ne nous sommes pas tenus à un calendrier précis», a déclaré Philippe Dunsky, fondateur de Dunsky Energy and Climate Solutions et président du comité consultatif fédéral, en entrevue.
«Nous n'avons pas dit que cela devait être réalisé à 100 % d'ici 2035. Je pense qu'il y a une petite marge de manœuvre.»
Néanmoins, M. Dunsky a assuré que la transition énergétique «est en train de se produire, que nous le voulions ou non» et que toutes les parties impliquées doivent travailler ensemble de «manière réfléchie et pragmatique».
«D'un côté, je ne pense pas que nous devrions nous restreindre à une date. D'un autre côté, je ne pense pas que nous devrions utiliser cette marge de manœuvre pour nous défiler (de ce que nous devons faire).»
Le gouvernement de l'Alberta a répondu mardi à la publication du rapport consultatif en disant que celui-ci soutenait sa position selon laquelle une réglementation «à taille unique» sur l'électricité est irréaliste et mènera à un échec.
La première ministre Danielle Smith, qui a prononcé un discours mardi lors d'une conférence sur le secteur de l'énergie à Calgary, n'a pas abordé spécifiquement l'électricité, mais a déclaré que les tentatives du gouvernement fédéral de légiférer sur les objectifs climatiques – comme par son projet de plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier – ne sont pas utiles.
«En ce qui concerne la réduction des émissions, nous avons réussi», a-t-elle affirmé, ajoutant que les plus grandes entreprises de l'Alberta ont pris leurs propres engagements en faveur de la carboneutralité d'ici 2050 et explorent la technologie pour les aider à y parvenir, mais que cela prend du temps.
«Il n'est pas nécessaire que le gouvernement fédéral crée de l'incertitude en fixant des délais arbitraires et irréalisables.»
Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a déclaré mardi aux journalistes à Ottawa que la réponse de l'Alberta au rapport consultatif n'était «que politique».
Il a dit que le gouvernement fédéral avait écouté les préoccupations de l'Alberta et de la Saskatchewan concernant leur besoin de flexibilité et qu'il avait l'intention de publier une version révisée de ses règles sur l'électricité propre plus tard cette année.
«Ce que dit le rapport (du conseil consultatif), c'est que nous devons évoluer vers un réseau propre et que nous devons le faire d'une manière qui reflète les préoccupations concernant l'abordabilité et la fiabilité», a lancé M. Wilkinson.
«C'est un bon rapport (...) c'est exactement ce sur quoi nous travaillons depuis longtemps.»