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Deux pétitions ont été déposées à l'Assemblée nationale pour demander des consultations du BAPE.
Les opposants au projet de voie ferrée de contournement de Lac-Mégantic entreprennent une nouvelle manche de leur combat.
Deux pétitions ont été déposées à l'Assemblée nationale jeudi pour demander des consultations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) concernant le tracé proposé par Transports Canada.
Ils soutiennent que ce tracé de 12,5 km qui contourne le centre-ville de Lac-Mégantic menace la nappe phréatique et les milieux humides de la région.
Les deux pétitions de 436 et 1579 noms respectivement ont été déposées par la députée Christine Labrie, de Québec solidaire (QS).
Le libellé de la pétition, lu par Mme Labrie, rappelle que deux des trois municipalités touchées par le futur chantier, Nantes et Frontenac, «ont formellement retiré leur appui».
Les signataires demandent un BAPE «afin de considérer les nouvelles données obtenues et de s'assurer de l'acceptabilité sociale avant la réalisation de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic», a-t-elle lu en Chambre.
Mardi, le député caquiste de Mégantic, François Jacques, avait soulevé des doutes sur la validité de la pétition, tout en affirmant qu'elle contenait des faussetés: on soutient que le projet coûtera 1 milliard $, mais Ottawa n'a pas confirmé ce chiffre.
Plus de 11 ans après la catastrophe de 2013 qui a rasé le centre-ville de Lac-Mégantic et fait 47 morts, Transports Canada en est encore à compléter son dossier afin d'obtenir l'autorisation de l'Office des transports du Canada (OTC). La construction pourrait s'étendre sur cinq ans, selon un calendrier officiel.
La voie de contournement proposée par Ottawa vise à ce que jamais plus un tel désastre ne se reproduise et aussi à ce que les citoyens ne vivent plus le traumatisme du passage des trains qui se répète plusieurs fois par semaine encore aujourd'hui.
Des audiences du BAPE ont déjà été tenues en 2017 et en 2019, mais les opposants soutiennent que c'était avant qu'on connaisse toutes les implications du tracé.
Le projet de voie de contournement requiert de creuser une tranchée importante qui va affecter la nappe phréatique.
Le Programme régional des milieux humides et hydriques de la MRC du Granit répertorie 110 hectares de milieux humides qui seraient détruits, sur les 138 hectares requis pour la voie projetée, a évoqué le maire de Frontenac, Gaby Gendron, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a déjà fermé la porte précédemment à la tenue d'un nouveau BAPE en laissant entendre qu'il fallait tourner la page et aller de l'avant.
L'an dernier en octobre, le ministre fédéral des Transports de l'époque, Pablo Rodriguez, avait aussi soutenu qu'il comprenait le mécontentement et la douleur, mais qu'il fallait aller de l'avant.
Transports Canada mène le projet de voie de contournement, tandis que Services publics et Approvisionnement Canada s'occupe des expropriations sur la nouvelle emprise.
Le projet réduit le nombre de résidences situées à proximité de la voie ferrée, de 258 à 18 dans une emprise de 100 mètres.
«Le nombre de propriétaires qui ont déjà accepté l’offre d’indemnisation leur ayant été transmise continue d’évoluer et, en date du 18 octobre 2024, 32 offres sur 42 avaient été acceptées et signées», a confirmé un porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada.
Rappelons que le projet de voie de contournement a été annoncé officiellement en mai 2018, avec une entente de financement conjointe Ottawa-Québec, respectivement à hauteur de 60 % et 40 %.
Dans le budget de 2022, Ottawa a débloqué 237,2 millions $ sur cinq ans pour la construction du projet et le démantèlement de la voie actuelle.
Le 6 juillet 2013, un train de 72 wagons de pétrole brut de la Montreal Maine and Atlantic était stationné à Nantes, sans conducteur. La locomotive a pris feu et subi une avarie de ses freins. Le train s'est mis à dévaler la pente, la deuxième plus longue au Canada, vers Lac-Mégantic.
Pas moins de 6 millions de litres de pétrole ont été déversés. Outre les 47 morts, 44 résidences et commerces ont été détruits, 2000 personnes ont été évacuées.