Début du contenu principal.
Le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale formule 32 recommandations.
Un comité qui étudie les décès liés à la violence conjugale au Québec a constaté que de nombreuses victimes ne se tournent pas vers les services d’aide dont elles auraient besoin, même si les signes de violence sont évidents.
Le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale, qui est associé au Bureau du coroner du Québec, a examiné 16 cas mortels de violence conjugale survenus entre 2018 et 2022, qui ont entraîné 24 décès.
Le rapport publié jeudi révèle que des facteurs de risque clairement identifiables sont récurrents dans ces décès, notamment des antécédents de violence conjugale, une séparation récente ou imminente, ou même une «perte d'emprise» de l’agresseur sur la victime.
Le comité formule 32 recommandations, notamment une plus grande sensibilisation à ces facteurs de risque, entre autres «le rôle du contrôle coercitif dans la dynamique de la violence conjugale».
À VOIR AUSSI | Violence faite aux femmes: des «barrages» routiers pour vous sensibiliser
Les autres recommandations du comité de 25 membres portent sur le contrôle des armes à feu, la promotion de ressources pour les personnes qui doivent s’éloigner d’un partenaire violent et l’extension du soutien aux femmes immigrantes qui rencontrent des obstacles pour obtenir de l’aide.
Le rapport révèle que, dans de nombreux cas examinés, ce sont les services policiers et les services de santé qui ont été le plus en contact avec les personnes directement impliquées. «Seulement trois victimes semblent avoir été en lien avec des ressources d’aide spécialisées en violence conjugale (maisons d’aide et d’hébergement), ce qui est préoccupant», note le rapport.
Par ailleurs, «dans l’ensemble des situations examinées, aucune ressource d’aide pour conjoint violent ne nous semble avoir eu l’occasion d’intervenir».
Le rapport souligne que le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre la violence conjugale au cours des dernières années, notamment une meilleure formation des policiers et des procureurs, et une plus grande sensibilisation au contrôle coercitif, qui est «étroitement associé à la plupart des manifestations de la violence conjugale».
Les auteurs définissent le contrôle coercitif comme les différentes stratégies par lesquelles l’agresseur prive ses victimes de leur liberté et exerce son emprise sur elles. Il peut s'agir de violence ou de menace de violence, mais aussi de priver une personne de ressources, d'imposer diverses «micro-régulations» sur la façon dont elle agit ou se comporte, et de stratégies de manipulation ou d'humiliation.
Le rapport a révélé que des cas de violences conjugales avaient été signalés dans les 16 événements mortels étudiés, mais que tous n'avaient pas été signalés aux autorités. Parmi les autres facteurs de risque récurrents, on trouve la perte d'emprise sur la victime (13 cas), une séparation (12 cas), une escalade de la violence (11 cas), une consommation problématique de drogue et d'alcool (10 cas) et la peur de l'agresseur (10 cas).
«La multiplicité de ces facteurs, leur diversité, et les liens entre les facteurs eux-mêmes rappellent que la violence conjugale se manifeste par des signes extérieurs bien identifiables», soulignent les auteurs du rapport.
Dix des décès impliquaient des armes à feu, et le comité recommande notamment une meilleure sensibilisation aux mesures permettant de retirer les armes à des agresseurs potentiels, notamment une ligne téléphonique confidentielle. Aucun effort n'a été fait pour retirer les armes aux auteurs des meurtres répertoriés dans le rapport.
Le rapport ne fournit que des détails de base sur les cas mortels étudiés, mais précise que tous les auteurs des violences conjugales étaient des hommes. Les 24 décès comprenaient 14 homicides et 10 suicides, dont sept fois où l'agresseur a tué son partenaire ou son ex-partenaire avant de s'enlever la vie.
Dans deux cas, les victimes de violence familiale se sont suicidées, dont une peu après la sortie de prison de son agresseur. L'un des auteurs s'est suicidé peu après s'être rendu au domicile de son ex-partenaire et l'avoir agressée, selon le rapport.
Les auteurs du rapport ont toutefois souligné que les cas de meurtre suivi d'un suicide sont «surreprésentés» dans leur étude parce que les rapports du coroner sont souvent publiés plus rapidement lorsque le tueur est mort et ne peut donc pas être traduit devant les tribunaux.