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«La pression de correspondre aux standards irréalistes de la société est très forte.»
Plus de la moitié (55 %) des Québécois souhaitent perdre du poids peu importe leur poids actuel, selon un sondage Léger commandé par Équilibre. L'organisme québécois appelle à la vigilance face à la populaire résolution du Nouvel An de perte de poids.
L'organisme à but non lucratif Équilibre regroupe des professionnels de la santé et des citoyens. Il a pour but de promouvoir une image corporelle positive et encourage la diversité corporelle. Dans un communiqué publié lundi, il dénonce l'industrie des diètes qu'il juge malhonnête face à sa promesse de transformation rapide du physique d'une personne.
Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et porte-parole d’Équilibre, estime que l'industrie des diètes a adapté son message au cours des dernières années pour mettre de l’avant des messages de bien-être et des méthodes promues comme étant moins restrictives.
Elle souligne que la science démontre que la majorité des gens reprendront le poids perdu après l'arrêt d'un régime, «entretenant un cercle vicieux où les individus se blâment, à tort, d’avoir manqué de volonté».
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Le sondage Léger pour le compte d’Équilibre a été réalisé en octobre 2024 auprès de 1804 Québécois de 14 ans et plus. Près de la moitié des répondants (48 %) ont rapporté être obsédés par le contrôle de leur poids ou de leur apparence.
Les résultats indiquent aussi que 51 % des Québécois se sentent coupables de ne pas faire plus d’activité physique, 37 % se sentent coupables de ne pas mieux manger et 32 % affirment que leur apparence affecte leur estime personnelle.
Ces données ne surprennent pas Mme Dufour Bouchard qui souligne que le culte de la minceur est véhiculé dans la société depuis des décennies. Elle pointe du doigt entre autres les produits vendus par l'industrie amaigrissante qui mettent souvent l'étiquette «produit naturel» pour attirer la clientèle. «Même si c'est naturel, il peut y avoir des composés qui ont des interactions avec des médicaments qu'on prend, des composés qui peuvent être dangereux pour le foie ou le cœur», dit-elle, ajoutant qu'il est primordial de s'informer auprès d'un professionnel de la santé avant d'en consommer.
«Ces produits sont très forts sur le marketing pour dire que c'est très efficace, mais souvent, le petit caractère qu'on ne voit pas va dire que c'est efficace si c'est accompagné de changements au niveau de l'alimentation et de l'augmentation de l'activité physique. En général, il n'y a rien de miraculeux et si ça l'air trop beau pour être vrai, c'est que ça ne fonctionne pas», soutient Mme Dufour Bouchard.
Les personnes qui abandonnent un objectif de perte de poids vont avoir tendance à se blâmer, ce qui va nuire à l'estime de soi et peut générer de l'anxiété, de la dépression et de l'isolement.
«C'est difficile de doser sa motivation. [...] Souvent en janvier, on est très enthousiaste et on va faire des changements beaucoup trop ambitieux et peut-être aussi dans trop de sphères en même temps», indique Mme Dufour Bouchard.
«L'idée, ce n'est pas d'être contre la perte de poids, on ne veut pas non plus culpabiliser les gens qui veulent maigrir, mais l'idée c'est de se demander si on le fait de la bonne façon et peut-être de voir la perte de poids comme un effet secondaire potentiel, pas comme l'objectif central de notre démarche», explique la spécialiste. Elle suggère plutôt aux personnes insatisfaites de leur poids d'adopter des changements graduels dans leurs habitudes de vie.
Elle précise par ailleurs que changer son poids est plus qu'une simple question de volonté. La génétique, l'âge, le sommeil et les hormones ont aussi un rôle dans la morphologie. «Deux personnes qui feraient les mêmes changements au niveau de l'alimentation et de l'activité physique n'auraient pas les mêmes impacts sur leur poids», dit-elle.
Les gyms connaissent habituellement une hausse des inscriptions après les Fêtes, mais selon Mme Dufour Bouchard, on ne devrait pas se sentir obligé d'y aller si ce n'est pas une activité qu'on aime. Comme alternative, elle suggère d'utiliser le transport actif jusqu'au travail ou de se rendre à l'épicerie à pied.
«C'est sûr que ça demande un effort de changer les habitudes de vie, mais il ne faut pas que ça soit quelque chose qu'on déteste. Il faut que ça soit quand même attrayant. Et quand on a de plus petits objectifs aussi, le succès arrive plus vite, donc c'est plus motivant, ça nous tente plus de continuer. On se met à être dans un cercle plus vertueux positif plutôt que dans un cercle vicieux d'échec et d'abandon.»
D'autre part, Mme Dufour Bouchard prône l'acceptation de soi, qu'elle décrit comme le fait de reconnaître sa valeur indépendamment de son poids. «À partir du moment où on reconnaît davantage sa valeur, on est plus enclin à faire des changements graduels et bienveillants pour notre bien-être et à avoir des résultats qui vont être positifs pour notre santé mentale et physique», conclut-elle.